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Actualités - CHRONOLOGIES

Affaire Aoun - « Que ceux qui m’accusent se fassent connaître », déclare le général à « L’Orient-Le Jour » - Gouvernement et justice, chacun parle - en son propre nom, estime Jisr

L’affaire Michel Aoun a continué de susciter des réactions dans les milieux officiels ces dernières 48h, notamment celle du ministre de la Justice Samir el-Jisr, qui a déclaré samedi que les propos positifs tenus mardi par le chef du gouvernement Rafic Hariri concernant le retour de l’ancien Premier ministre en exil à Paris ne constituent «qu’un point de vue politique en conformité avec la déclaration ministérielle». M. Jisr a estimé que «seule la justice peut parler en son propre nom». Le ministre de la Justice a par ailleurs affirmé «qu’on ne peut ôter le dossier du général Aoun des mains de la justice, qui constitue un pouvoir indépendant constitutionnellement», en précisant que ni le procureur général Adnane Addoum ni le Premier ministre ne pouvaient s’exprimer au nom de la justice. Il a en outre souligné que «l’affaire du retour du général ne concerne que l’intéressé, mais que le dossier est entre les mains de la justice. Celle-ci prendra son cours selon les procédures». M. Jisr a enfin indiqué avoir donné ses directives pour que tous les dossiers en suspens, notamment celui de l’ancien commandant en chef de l’armée, soient examinés. De son côté, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Abdelhamid Beydoun, a commenté l’intervention des «sources mystérieuses» qui avaient assuré vendredi que «le général Aoun sera poursuivi au cas où il retourne». M. Beydoun a estimé que «de telles interventions portent atteinte à la réputation du Liban, appelant à la transparence et à la sincérité». «Aucun communiqué ne doit être publié par des «sources». Lorsque l’État libanais a quelque chose à déclarer, il revient au ministre concerné de le faire. Il y a un Premier ministre pour parler au nom du gouvernement», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Le retour de ces sources ébranle la confiance en l’État et son comportement». Affirmant que l’État libanais «ne pouvait empêcher le général de rentrer au Liban ou de faire de la politique sur le territoire libanais, droit qui lui est garanti par la Constitution», M. Beydoun a par ailleurs estimé dans un entretien publié dimanche par le journal al-Anouar que, selon lui, «le général Aoun ne désire pas retourner volontairement et préfère faire des déclarations politiques de l’étranger». Le vice-président de la Chambre Élie Ferzli a pour sa part considéré que l’affaire Aoun «était sujette à la surenchère politique». «Les propos tenus par le président Hariri étaient naturels», a-t-il affirmé, en indiquant que «la réponse anonyme des sources judiciaires n’a aucune crédibilité tant qu’elle n’a pas été revendiquée». Le ministre de l’Éducation nationale Abdelrahim Mrad a, quant à lui, estimé que «seule la justice est habilitée à traiter le dossier Aoun», le président Hariri n’ayant fait que donner son point de vue et celui du gouvernement au sujet du retour du général Aoun. Le député de Baalbeck-Hermel Assem Kanso a estimé que «l’invitation faite par le Premier ministre au général était un acte politique qui s’inscrit dans le cadre du retour de tout le monde au Liban et de la possibilité à chacun d’exercer ses droits politiques». Il a estimé que l’ancien Premier ministre «pouvait rentrer et ne pas adopter la politique de l’État». «Qu’il vienne jouer aux parasites au Liban au lieu de le faire de l’extérieur», a-t-il conclu. Une radio locale a en outre diffusé hier des informations sur l’enquête menée au ministère des Finances et relative aux poursuites engagées contre le général Aoun pour détournement de fonds publics, alors que M. Hariri avait laissé entendre qu’il n’y avait rien de substantiel dans le dossier du général. Aoun : « J’accuse » Contacté par L’Orient-Le Jour, l’ancien commandant en chef de l’armée a rejeté les informations diffusées sur son dossier, estimant «qu’elles constituent un tissu de mensonges». «C’est l’œuvre des fantômes et de leur immixtion dans les affaires publiques», a-t-il affirmé, en regrettant «l’absence de responsabilité et d’éthique dans cette affaire». Au niveau de la procédure, le général Aoun s’est étonné du fait que «les informations aient filtré alors que l’enquête est actuellement en cours». Répondant aux déclarations du ministre de la Justice, l’ancien chef du gouvernement de militaires a accepté le principe selon lequel «la justice est au-dessus de tout», en demandant «pourquoi, dans ce cas, l’action des autorités libanaises engagée contre lui ne suit pas cette logique». «Qu’ils m’expliquent pourquoi cela fait dix ans que je suis l’objet d’une campagne de diffamation. Pourquoi ne réagissent-ils pas ?», a-t-il demandé. «Je sais, depuis dix ans, qu’il n’y a rien dans ce dossier que je les défie incessamment d’ouvrir. Que ceux qui m’accusent se dévoilent, et qu’on en finisse de manière légale avec ce dossier. Pourquoi ne m’ont-ils pas jugé par contumace ?», a-t-il indiqué, en faisant allusion aux «sources anonymes». «Le problème, c’est qu’ils ont une peur bleue de la réaction de l’opinion publique et des conséquences de ce procès, le jour où ils vont avoir à déclarer qu’il n’y a rien contre moi sur le plan judiciaire», a-t-il souligné. «Cela ressemble un peu à l’affaire Dreyfuss», a-t-il poursuivi, en reprenant le titre du célèbre article d’Émile Zola dans le journal L’Aurore : «J’accuse». Concernant les propos tenus par le ministre Beydoun selon lesquels il ne veut pas rentrer au Liban, le général Aoun a estimé qu’il s’agit «d’un procès d’intention». «Si cela est vrai, pourquoi ne me facilitent-ils pas le retour ?», s’est-il interrogé. Concernant son retour, il a affirmé qu’il ne rentrera pas tant que les autorités ne sont pas capables de lui assurer «qu’il ne subira pas humiliations et agressions». «J’ai été accusé, déféré en justice et jugé, avant qu’il y ait des motifs pour me condamner», a-t-il poursuivi. «Tout est en effervescence au Moyen-Orient, et j’aurais plusieurs occasions de rentrer prochainement», a-t-il conclu.
L’affaire Michel Aoun a continué de susciter des réactions dans les milieux officiels ces dernières 48h, notamment celle du ministre de la Justice Samir el-Jisr, qui a déclaré samedi que les propos positifs tenus mardi par le chef du gouvernement Rafic Hariri concernant le retour de l’ancien Premier ministre en exil à Paris ne constituent «qu’un point de vue politique en...