LIVRES - Charles Chehwan ou l’écriture multiple

De la traduction à la poésie en passant par le roman et les nouvelles, la littérature arabe pour Charles Chehwan semble sans frontières. D’une plume alerte et d’une inspiration vagabonde, mais tirée du cœur de la réalité, l’œuvre de Charles Chehwan – menant aussi carrière de journaliste chevronné – s’inscrit dans la lignée des témoignages, des réflexions mais aussi de la rêverie et de l’imaginaire… Témoignage, même si la fiction l’emporte, avec Hareb chawareh (Guerre de rues) – 120 pages, un recueil de nouvelles réalistes mais s’échappant aussi vers les dérives de l’imaginaire. En fait comment savoir qui est le plus étrange, la réalité ou la fiction ? Passage à vif avec la poésie où deux petites plaquettes Chab yagtassel bimoufradeh (Jeune homme se lavant seul – Édition Abhath Arabiya – 85 pages) et Ahadouhom Yastaaed lil Kafz (L’un d’eux se prépare à sauter – Manchourat al-Chabab – 59 pages) au verbe libre et frémissant retracent les «humeurs» d’un citoyen pris entre désirs (et rêves) de bonheur et amer paysage quotient aux tracas multiples… Mais le lyrisme de la poésie transcende tout et le mot, à défaut de guérir ou reformer, soulage comme une vérité libératrice qui éclate au grand jour. Traducteur, Charles Chehwan l’est aussi avec L’homo faber en arabe 286 pages (Arab Diffusion Company) de Max Frisch, cet écrivain suisse d’origine allemande. Roman somptueux et fleuve dénonçant la «robotisation», les contraintes de l’univers de la technologie, le désespoir, la solitude et magnifiant l’amour et les sentiments humains à valeur universelle. Retrouver la voix et l’esprit de l’auteur de Biedemm et Les incendiaires à travers les nuances de la langue arabe, voilà les atouts majeurs de la traduction au ton juste et approprié de