Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

CRÉATION - Les sacs à main de Sarah Beydoun - Harmonies en perles et canevas

Les sacs à main de Sarah Beydoun sont des créations uniques en perles, tissu et canevas que le public libanais a pu découvrir durant la période des fêtes, à l’occasion d’expositions dans différents points de Beyrouth. Le design de cette collection jeune et fraîche est signé Sarah Beydoun, mais ce sont des femmes nécessiteuses qui exécutent le travail, de leurs doigts délicats et avec infiniment de patience. Une quarantaine d’ouvrières improvisées qui vivent de cet artisanat très «in», au finissage parfait. Rencontre avec une jeune artiste qui a eu, semble-t-il, une idée de génie. Après des études de sociologie à l’AUB, Sarah Beydoun a fait une maîtrise en relations publiques – sociologie de l’entreprise – à l’USJ. Pour son mémoire, elle a le choix entre un problème social ou la communication dans entreprise. Elle choisit le thème de la prostitution, et travaille comme volontaire, pendant six mois, à l’association Dar el-Amal. «J’ai été un moment à l’accueil ; j’ai appris à un groupe de femmes à lire et écrire, et même à danser ; bref, j’ai donné tout ce que je pouvais dans le but de recueillir le plus de renseignements possibles», explique-t-elle. Et de préciser que «les bénéficiaires de Dar el-Amal n’ont jamais soupçonné la vraie raison de sa présence au Centre de l’association ; seule l’administration était au courant de mon projet». Son mémoire terminé, elle travaille pendant trois mois avec Dar el-Aytam pour l’organisation d’événements culturels. Elle donne ensuite un coup de main à son frère qui a un commerce de vêtements. Mais pendant tout ce temps, elle reste en contact avec Dar el-Amal. Jusqu’au jour où elle décide d’embarquer un groupe de femmes de Dar el-Amal dans la fabrication de bracelets en perles, à mettre en vente. Mais le projet ne réussit pas vraiment. «J’ai alors pensé aux sacs à main. J’ai travaillé le premier échantillon moi-même, en canevas et perles “piquées” à la main, pour voir si l’idée était réalisable», raconte-t-elle. Le résultat ayant été «superbe», Sarah Beydoun décide de se lancer dans ce créneau en faisant travailler les pensionnaires de Dar el-Amal qui auraient la garantie d’être payées pour leur travail. Pour la bonne cause Depuis donc déjà un bon bout de temps, Sarah Beydoun supervise le travail d’une quarantaine de femmes. Des jeunes délinquantes, d’anciennes prisonnières, des mères au foyer dans le besoin. L’entreprise a pris une telle envergure qu’elle s’est associée avec une amie, Sarah Nhouli. C’est dans un atelier-boutique du quartier Kaskas (avenue de l’Indépendance) situé au sous-sol de l’immeuble Beydoun qu’elles préparent les fils, les sachets de perles et les modèles à distribuer. Tout est acheté au Liban. «Nous expliquons à chaque femme comment travailler et lui livrons en une seule fois tout le matériel nécessaire. Nous choisissons nous-mêmes les perles, taille et couleur». Il existe plusieurs genres de sacs. Ceux entièrement en perles ; ceux en perles et canevas, et enfin ceux en feutre et perles. «Mais le dessin est toujours fait sur du canevas, souligne l’artiste. Il arrive aussi qu’on introduise d’autres éléments, comme les boutons». Les prix varient entre 50 et 150 $. Enfin, à part les sacs, on trouve également des coussins et des porte-monnaie, toujours en perles et canevas. Chaque pièce d’une face demande quatre jours de travail, huit pour une double face. «Ça fatigue les yeux et demande beaucoup de patience, mais ça paye, affirme Sarah Beydoun. Pour beaucoup de femmes qui ne travaillent pas, c’est une aubaine de pouvoir gagner de l’argent en s’occupant et sans sortir de chez elles». Une fois le travail livré et l’ouvrière payée, il reste à emporter les canevas chez un spécialiste qui les tend et les transforme en sacs. «Chaque design est unique, précise Sarah Beydoun. Au début, mes dessins étaient très primitifs, mais ils se sont développés avec le temps». Fleurs, formes géométriques ou dessins libres, l’artiste s’inspire de tout ce qu’elle voit, ou invente. Elle se souvient de ses débuts. «J’ai commencé à très petite échelle, avec 10 sacs que j’ai vendus à Souk el-Barghout en l’espace d’un week-end. Ensuite, j’ai eu des commandes, et j’ai commencé ma collaboration avec des artisanats locaux. Aujourd’hui encore, ils m’achètent des sacs et je crée pour eux des dessins spéciaux». Récemment, une de ses amies lui a offert d’accueillir, dans sa boutique à la rue deVerdun, une exposition de ses sacs. «J’ai présenté une centaine de sacs tous différents les uns des autres dont 80 % ont été vendus. J’ai aussi reçu des commandes, dit-elle. Je suis vraiment heureuse de ce succès, non seulement parce que j’en vis, mais aussi pour tout le côté humanitaire de l’affaire. Je suis reconnaissante à tous ceux qui m’encouragent. Et je crois que la plupart des personnes qui achètent mes sacs prennent aussi en considération le fait que “c’est pour la bonne cause”. Ils savent que si je m’arrêtais, 40 femmes perdraient leur boulot». Actuellement, Sarah Beydoun se prépare à lancer une nouvelle ligne de sacs pour l’été. Du nouveau, encore et toujours, pour une action plus étendue.
Les sacs à main de Sarah Beydoun sont des créations uniques en perles, tissu et canevas que le public libanais a pu découvrir durant la période des fêtes, à l’occasion d’expositions dans différents points de Beyrouth. Le design de cette collection jeune et fraîche est signé Sarah Beydoun, mais ce sont des femmes nécessiteuses qui exécutent le travail, de leurs doigts...