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Actualités - CHRONOLOGIES

Opposition - Le général en exil critique « ceux qui cherchent à torpiller » l’initiative de Hariri - Dossier Aoun : les « sources mystérieuses » récidivent

Certains pôles d’influence au sein du pouvoir ont entrepris hier de maintenir une position ambiguë au sujet du sort de l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, une «source judiciaire» ayant indiqué à l’AFP que l’ancien commandant en chef de l’armée devra comparaître devant le juge d’instruction chargé de son dossier s’il retourne au Liban. Cette source a ajouté que ce serait au juge d’instruction de décider soit de son arrestation, soit de la fin des poursuites. Le général Aoun a estimé que la cible de cette information était non pas lui, mais le Premier ministre Rafic Hariri, qui a assuré que le général en exil peut rentrer au Liban quand il veut. Des «sources judiciaires» ayant requis l’anonymat avaient déjà rappelé jeudi soir sur la NBN que des poursuites judiciaires sont toujours engagées contre le général Aoun pour «usurpation de pouvoir et détournement de fonds publics», mais dans le même temps, le procureur général Adnane Addoum a déclaré hier matin qu’il n’avait fait aucune déclaration au cours des dernières vingt-quatre heures concernant le cas du général. Contacté par L’Orient-Le Jour, le général Aoun a estimé que rien n’avait changé pour lui concernant l’opportunité de son retour, et que les propos tenus par les sources mystérieuses «ne lui sont pas destinés», affirmant qu’il s’agit plutôt d’une réponse directe adressée au Premier ministre Rafic Hariri, suite à ses récentes déclarations. Celui-ci avait affirmé, mardi dernier, que l’ancien Premier ministre ne sera pas inquiété s’il rentre au Liban. «Je ne suis pas contre l’ouverture du dossier qu’ils évoquent. Le Premier ministre a engagé la procédure. L ’important, c’est qu’elle se termine. Que ce dossier soit clos une fois pour toutes, ou soit ouvert en vue de sa clôture», a souligné Aoun, réclamant plus de clarté sur toute cette affaire. Interrogé par la chaîne de télévision MBC, le Premier ministre Rafic Hariri a pour sa part réaffirmé que, pour le gouvernement, le général Aoun pouvait rentrer au Liban à n’importe quel moment. «Le seul dossier qui reste ouvert a trait aux fonds publics, et les poursuites ne seront pas pénales», a-t-il précisé. «D’aucuns, parmi ceux qui réclament aujourd’hui son retour, ont été ses ennemis et le demeurent. Ils réclament son retour sans vraiment le désirer», a-t-il affirmé. Évoquant le cas du chef des Forces libanaises dissoutes Samir Geagea comme étant «un peu compliqué», M. Hariri a estimé que seul le président de la République est en mesure de le gracier. «Même si le chef de l’État accorde la grâce à Samir Geagea, je crois que les autorités judiciaires continueront à le poursuivre pour d’autres chefs d’accusation. En d’autres termes, il restera aux arrêts jusqu’à ce que le procès s’achève, et les avocats de M. Geagea le savent», a-t-il indiqué. Aoun aux étudiants Le général Aoun a en outre affirmé hier, au cours d’une conférence par téléphone devant les étudiants de l’Université de Louayzé, «qu’au sein de l’État libanais, il y a des personnes qui cherchent à torpiller le processus d’entente nationale entrepris par le Premier ministre libanais, parce qu’il ne leur convient pas. Ces personnes ont entamé leur action hier». S’exprimant pour la première fois depuis 10 ans dans une université privée à l’adresse d’un millier d’étudiants, l’ancien chef du gouvernement de militaires a assuré que «les sources judiciaires qui se sont manifestées sont en fait des sources relatives aux services de renseignements, puisque ce sont les juges qui ont exprimé au président Hariri l’opinion selon laquelle le dossier est vide». Revenant ensuite à la charge, il a réaffirmé que «des personnes situées à des postes politiques importants et lésées par cette initiative sont à l’origine de ces déclarations». Selon le général, M. Hariri cherche à «légaliser l’État à travers la réalisation d’une entente nationale». Estimant que «son retour n’est en aucun cas un défi adressé à quiconque», il a affirmé «qu’il n’acceptera pas moins que l’égalité dans les relations libano-syriennes». «La Syrie doit être en Syrie et le Liban au Liban : c’est à ce moment-là que les relations seront fraternelles et parfaites», a-t-il estimé. Il a toutefois précisé qu’il refusait «d’effectuer son retour sous d’autres conditions que celles énoncées par la Constitution et les lois libanaises». «Je désire exercer mes droits constitutionnels, et ne me résoudrais pas à moins que cela. Le système, quant à lui, est toujours apte au changement selon les circonstances qui accompagnent l’évolution de la société. Je ne m’y soumettrais pas. Dans les régimes démocratiques, tout homme à le droit d’agir démocratiquement pour modifier le système», a-t-il affirmé. Rejetant «le pouvoir de facto fondé sur la force», l’ancien Premier ministre a par ailleurs appelé le peuple libanais «à développer ses moyens d’expression, notamment par l’organisation de manifestations». «Le peuple doit passer à l’action, et particulièrement les étudiants parce qu’ils constituent l’élite qui va produire les leaderships politiques de demain», a-t-il encore dit. Les réactions des juristes Contacté par L’Orient-Le Jour, le secrétaire général du Conseil juridique britannique pour le Moyen-Orient Ibrahim Kanaan a estimé que la déclaration anonyme menaçant de poursuivre le général Aoun au cas où il venait à rentrer au Liban «est en contradiction avec tous les principes institutionnels qui ont été énoncés depuis le début de ce mandat». «On ne peut répondre à un Premier ministre de cette manière, spécialement lorsqu’il s’agit d’une affaire aussi capitale pour la réconciliation nationale», a-t-il affirmé, appelant à l’ouverture immédiate d’une investigation sur l’origine de la déclaration qui a contredit les propos de M. Hariri. «S’il n’y a pas ouverture d’une enquête, cela veut dire que tous les propos tenus par M. Hariri depuis le début de son mandat sont à remettre en question. Existerait-il deux Liban, celui des services et celui du gouvernement ?», a-t-il demandé. «M. Hariri a affirmé que les trois plaintes déposées contre le général Aoun sont nulles, il doit donc maintenant répondre à cette source anonyme et la démasquer», a-t-il ajouté. De son côté, l’avocat de M. Geagea, Edmond Naïm, a affirmé à la chaîne de télévision MTV que les plaintes soulevées contre le général Aoun «sont nulles et non avenues et tombent sous le coup de l’amnistie générale». «Cela fait dix ans que le général Aoun est en exil : les autorités politiques auraient pu décréter depuis longtemps que les charges retenues contre lui ne tombent pas sous le coup de l’amnistie», a-t-il poursuivi. Rappelant que le général Aoun avait été nommé par le président Amine Gemayel comme chef du gouvernement de transition en septembre 1989, M. Naïm a signalé qu’il «devait par conséquent être jugé, si besoin est par la Haute Cour en charge du jugement des présidents». Il a enfin estimé que les accusations à l’encontre de l’ancien Premier ministre «n’étaient que des menaces qui n’auront pas l’impact recherché sur son moral».
Certains pôles d’influence au sein du pouvoir ont entrepris hier de maintenir une position ambiguë au sujet du sort de l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, une «source judiciaire» ayant indiqué à l’AFP que l’ancien commandant en chef de l’armée devra comparaître devant le juge d’instruction chargé de son dossier s’il retourne au Liban. Cette...