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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRUPTION - Retour de bâton dans certains dossiers Interrogations suspicieuses sur le dossier des biens maritimes

C’est l’effet boomerang ou boomergang si l’on préfère. Des pôles influents raniment en coulisses, à coups d’interrogations suspicieuses, certaines affaires déjà soulevées sous l’ancien régime et qui ont eu l’air ensuite de dormir un peu, du moins dans certains de leurs aspects les plus saillants. C’est le cas notamment pour les biens domaniaux maritimes. Diverses infractions, dont certaines de taille, avaient été dénoncées antérieurement par des députés qui s’en étaient pris à des symboles particulièrement fortunés du système d’alors. Ces piliers avaient réagi en parvenant à escamoter le sujet, après de vagues explications publiques. Aujourd’hui, des politiciens reviennent à la charge à des fins «hautement désintéressées» à les en croire. Ils ne cherchent pas, affirment-ils, à ébranler qui que ce soit, mais se soucient de l’intérêt public. Car, soulignent-ils, «si l’on redonne à l’État ses droits, en le dédommageant comme il convient pour les spoliations subies en contournant la loi, on ferait rentrer dans ses caisses des sommes tout à fait substantielles. Ces millions de dollars seraient les bienvenus à un moment où l’État se débat dans les pires difficultés financières. Et ils permettraient peut-être de ne pas voler le contribuable une deuxième fois en le pressurant d’impôts et de taxes aussi extravagants qu’exorbitants». Ces vertueux défenseurs du bien public rappellent que, voici un an, des députés, notamment M. Wadih Akl, avaient soulevé le problème à la Chambre en proposant diverses solutions. Entre autres, pour contenter tout le monde, l’officialisation du transfert de propriété au profit des spoliateurs, une revente qui se ferait au prix fort à titre de compensation pour l’État. L’on régulariserait de même, à prix d’or, les poldérisations sauvages qui feraient l’objet de concessions, de baux pour des décennies entières octroyés à leurs initiateurs. La morale en prendrait peut-être un coup, mais le Trésor y trouverait son compte, au titre qu’on ne peut pas démolir ou déblayer. Pour justifier une telle formule, plutôt complaisante, ses défenseurs font valoir qu’on ne peut pas trop reprocher aux entrepreneurs de ne pas s’être beaucoup souciés de légalité vu qu’ils avaient lancé leurs projets pendant les années de guerre où l’État et la loi n’avaient plus qu’une présence symbolique. Et d’ajouter qu’une fois la concession terminée, l’État bénéficierait de nouvelles propriétés nettement bonifiées et ce serait tout bénéfice pour lui. Il pourrait alors reconduire la concession ou l’accorder à quelqu’un d’autre, à des conditions encore plus avantageuses. Toujours est-il que l’État possède là un filon assez gras. En effet, selon la Cour des comptes et selon le ministère des Transports qui est étrangement le département de tutelle des biens-fonds dits maritimes, la plupart des exploitants sont en situation irrégulière ou même carrément illégale. Leurs projets sont autant bâtis sur les infractions que sur le sable. Ils débordent souvent aussi sur des biens privés et avalent la mer, à coups de polders, comme des enzymes gloutonnes. La majeure partie de ces conquêtes à l’emporte-pièce, répétons-le, remonte au temps de guerre. Une fois la paix revenue, la république a tenté d’y mettre bon ordre. Aussi l’ancien ministre des Transports, M. Omar Meskaoui, avait-il été prié d’établir une étude circonstanciée du problème. Il s’en était acquitté mais ses conclusions n’avaient pas été suivies d’effet. Son successeur, M. Nagib Mikati, est maintenant chargé de la même mission. L’objectif déclaré du pouvoir : redonner au Trésor ses droits sans léser des exploitants qui peuvent sinon parler de droits acquis, du moins faire jouer des circonstances atténuantes, ainsi que les frais qu’ils ont engagés. Cependant, l’opposition se montre plutôt sceptique quant aux intentions du gouvernement dans ce domaine. « Il est notoire, dit un député, que certains piliers du système, qui sont eux-mêmes impliqués, ne souhaitent pas que les enquêtes sur les infractions aillent trop loin. Ils ne veulent pas qu’eux-mêmes ou leurs amis risquent d’être traînés en justice, comme cela est arrivé pour d’anciens responsables accusés de gaspillage et de non-application des lois en vigueur». Cet opposant exige que «l’on ouvre tous les dossiers, en toute égalité et en toute équité, non qu’on soulève certaines affaires et non d’autres, pour ne jeter en prison que les adversaires du présent gouvernement». Que répond le pouvoir ? «Des erreurs, dit un ministre, ont été commises par le passé quand les spots ont été braqués sur des affaires déterminées et que l’on a procédé à des arrestations de personnes tandis que d’autres n’étaient pas inquiétées. Aujourd’hui, il faut corriger la trajectoire, dans ce sens qu’il est nécessaire de traiter globalement l’ensemble des dossiers. Le gouvernement doit se soucier de transparence et de probité. Le dossier des biens maritimes sera ouvert en entier, comme les autres, mais en temps opportun, c’est-à-dire dans le cadre d’un plan d’ensemble». Un modéré estime de son côté que «le gouvernement ne peut pas reprendre l’épuration administrative, comme il s’engage à le faire, sans donner le coup d’envoi à des enquêtes sur toutes les affaires concernant les biens domaniaux maritimes. Mais il peut gagner du temps : il y a tellement de noms qui courent que rien ne l’oblige à commencer par les influents… ».
C’est l’effet boomerang ou boomergang si l’on préfère. Des pôles influents raniment en coulisses, à coups d’interrogations suspicieuses, certaines affaires déjà soulevées sous l’ancien régime et qui ont eu l’air ensuite de dormir un peu, du moins dans certains de leurs aspects les plus saillants. C’est le cas notamment pour les biens domaniaux maritimes. Diverses...