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Actualités - REPORTAGES

MUNICIPALES - Le scrutin de dimanche sera politisé Guerre de rumeurs et d'accusations à Jounieh

La bataille électorale, engagée sur le thème du développement de la ville, s’avère pour le moment on ne peut plus politisée. L’alliance entre deux grandes familles de la région, les Khazen et les Frem, a été détruite et remplacée par une animosité et un conflit sans bornes. Rumeurs et accusations réciproques, menaces et vandalisme, selon certains, entretiennent la tension à quatre jours du scrutin. D’autant que les alliances et l’issue des élections pour le pourvoi à cinq sièges au sein du conseil municipal pourraient jouer un rôle primordial dans les législatives dans un an. Les élections partielles ont été rendues nécessaires par nombre de facteurs : le premier est le décès du président de la municipalité, Haïkal el-Khazen, et celui d’un autre membre du conseil municipal, Victor Abou Chabké, à quelques jour d’intervalle. Certes, la loi prévoit dans ce genre de cas que le conseil municipal se réunisse et élise un autre président. Mais le député Rochaid el-Khazen, frère du défunt, et sa famille ont demandé, selon leurs adversaires, à trois membres municipaux de démissionner «par solidarité avec les défunts», et afin que le tiers des sièges vacants justifie de nouvelles élections. Cela a fortement déplu aux Frem (dont l’ancien ministre Georges Frem) qui ont considéré que les Khazen essayaient de faire réélire l’un des leurs à la tête de la municipalité. Des sources qui leur sont proches affirment qu’ils refusent l’idée que «les Khazen considèrent la présidence de la municipalité comme leur revenant par hérédité». Ils ont donc appuyé une liste de cinq membres qui s’est présentée contre la liste des Khazen. Du côté de ces derniers, on a considéré que les personnes qui se sont présentées contre les démissionnaires avaient brisé un engagement envers le défunt et avaient profité de la situation exceptionnelle pour briguer des sièges. Depuis quelques jours, Farid el-Khazen, fils de Haïkal, a annoncé la composition de sa liste de cinq membres également. Sur sa liste figure également le fils du second membre du conseil décédé, ainsi que les trois membres qui ont démissionné (l’un d’entre eux s’est fait remplacer par son frère). En attendant dimanche, que se passe-t-il sur le terrain et quels sont les avis des uns et des autres ? Bataille de familles ou de principes ? «Pour nous, la bataille est entre le développement que nous recherchons et l’hégémonie politique que nous refusons», explique Fouad Bouéri, candidat sur la liste du développement, proche des Frem. «Haïkal el-Khazen était un homme admirable, mais rien ne justifie qu’il soit remplacé par quelqu’un de sa famille. C’est après la démission des trois membres municipaux sur la demande des Khazen que le conflit a commencé entre les familles». Fawzi Baroud, candidat sur la liste des Khazen, donne une autre version des faits. «À la mort de Haïkal el-Khazen, la situation commençait à devenir chaotique car tous les membres du conseil municipal se voyaient déjà présidents», dit-il. «Cela a beaucoup embarrassé les Khazen parce qu’ils ne voulaient pas créer de problèmes. Nous avons alors démissionné dans l’idée que les fils viendraient à la place des pères pour garder l’unité du conseil municipal». Pourquoi considérer que l’élection des fils est seule garante de la préservation de l’unité du conseil ? «Quel inconvénient que ces personnes soient élues et qu’on continue sur notre lancée ?», souligne M. Baroud. «De plus, c’était la seule façon d’empêcher un chaos total». Il poursuit : «Les Khazen étaient favorables à une entente. C’est ce que le député Rochaid el-Khazen avait déclaré dimanche. Il avait annoncé qu’aucun membre de sa famille ne se présenterait à condition que les trois membres démissionnaires reprennent leurs sièges. Les Frem leur ont cependant tourné le dos et annoncé leur liste le lendemain. Farid el-Khazen a alors été contraint de se présenter sur la demande de sa base populaire». Photos déchirées et tracts distribués la nuit Entre-temps, des pratiques moins licites que le dialogue ont été observées sur le terrain. «Dans la nuit de dimanche à lundi, des portraits placés par la liste du développement proche des Frem dans les rues de la ville ont été prestement retirés», raconte M. Bouéri. «De plus, un membre de notre liste, le Dr Melhem Adaïmi, a reçu des menaces par téléphone», ajoute-t-il. Des tracts ont été distribués la nuit demandant aux membres de la liste du développement de Jounieh de retirer leurs candidatures et évoquant les Frem en termes durs sans les nommer. M. Baroud indique que «ces agissements n’ont certainement pas été entrepris sous les directives des membres de la famille Khazen». «Mais vous savez que les sympathisants peuvent être imprévisibles», fait-il remarquer. Il précise cependant ne rien savoir sur les menaces, improbables selon lui. Cependant, à la crispation qui prévalait a succédé une atmosphère de détente hier après que des mesures de sécurité très rigoureuses ont été prises par les forces de l’ordre auprès desquelles les membres de la liste du développement de Jounieh avaient porté plainte. Mais la polémique se poursuit. Du côté de la liste du développement, on s’insurge contre ce qu’on appelle «l’hégémonie politique dans la région» et la «politisation d’élections qui devraient porter sur le développement de la ville». «Le député Rochaid el-Khazen a demandé que les élections ne soient pas politisées, mais il devrait être le premier à appliquer ce qu’il dit», déclare M. Bouéri. M. el-Khazen avait en effet demandé que la politique soit gardée distincte des élections municipales au cours d’une conférence de presse tenue la semaine passée. Par ailleurs, les Frem ont été accusés d’avoir des velléités d’imposer, à travers le conseil municipal, un grand projet foncier à Jounieh, impliquant des expropriations et «semblable à Solidere». Sur ces rumeurs, M. Baroud indique qu’il ne peut donner beaucoup de détails ou les confirmer mais qu’il a entendu «qu’il y aura un centre moderne et possiblement des expropriations». Interrogé par L’Orient-Le Jour, Neemat Frem, fils de Georges Frem, a répondu à ses détracteurs. «J’aimerais savoir sur quoi ils se basent pour faire circuler des rumeurs pareilles», dit-il. «Si nous voulions créer un projet semblable à Solidere à Jounieh, nous avions d’autres opportunités. De plus, la municipalité n’a qu’un rôle réduit dans l’établissement d’un pareil projet». Bref, la bataille s’annonce serrée. Quelles conséquences pour la ville de Jounieh ? «Je préfère qu’une des deux listes soit élue en entier parce que sinon, les conflits seront transposés au sein du conseil municipal», dit M. Baroud. Quant à M. Bouéri, il constate que, «d’ici la fin de la semaine, toute la République libanaise sera intervenue dans les municipales de Jounieh». Pour sa part, M. William Meskaoui, à qui l’ancien ministre Farès Boueiz avait demandé de présenter sa candidature dans une liste de coalition, mais qui l’a retirée quand la bataille est devenue inévitable, souligne : «Cette municipalité est déjà en mauvaise posture et elle est très endettée. J’ai bien peur que cette bataille ne soit pas menée pour le bien de Jounieh mais à son détriment». De toute façon, seule la conclusion du scrutin de dimanche montrera ce que les habitants de Jounieh, s’ils participent massivement, pensent de toutes les théories qui leur sont soumises. Entre-temps, les machines électorales se mettent en marche…
La bataille électorale, engagée sur le thème du développement de la ville, s’avère pour le moment on ne peut plus politisée. L’alliance entre deux grandes familles de la région, les Khazen et les Frem, a été détruite et remplacée par une animosité et un conflit sans bornes. Rumeurs et accusations réciproques, menaces et vandalisme, selon certains, entretiennent la tension à...