Historique d'"Aïda"

Vingt-cinquième opéra en quatre actes de Verdi, Aïda fut commandé par Ismaïl Pacha, Khédive d’Égypte, pour le théâtre italien du Caire, ouvert en novembre 1869. L’opéra y fut donné le 24 décembre 1871 et non pas le jour de l’inauguration comme cela a souvent été affirmé à tort. L’accueil fut également enthousiaste pour la création à la Scala de Milan le 8 février 1872. L’auteur qui dirigeait l’orchestre fut rappelé 32 fois et reçut une baguette d’ivoire avec une étoile de diamant portant le nom d’Aïda et le sien incrustés en rubis et autres pierres précieuses. Quand le Khédive demanda à Verdi de composer un opéra spécialement pour le nouveau théâtre du Caire, il s’enquit de ses conditions. Le compositeur demanda 20 000$ et les obtint. Le sujet qu’il devait traiter, Aïda, avait été suggéré au Khédive par Mariette bey, un grand égyptologue français. On remit au compositeur une première version de l’intrigue à partir de laquelle Camille du Locle, ancien directeur de l’Opéra-Comique, écrivit un livret en français. Ce livret fut traduit en vers italiens par Antonio Ghislanzoni, auteur de plus de 60 livrets d’opéra dont Aïda est le plus célèbre. Ainsi la partition fut prête un an avant la première, mais la mise en scène fut retardée par la force de diverses circonstances socio-politiques. Faut-il imputer une partie du charme, de la passion et de la tension dramatique d’Aïda au fait que Verdi ait eu ainsi l’occasion de revoir soigneusement son œuvre? Probablement. On sait qu’il apporta quelques changements à la partition terminée, éliminant, par exemple, un chœur dans le style de Palestrina qui ne lui semblait pas convenir au culte d’Isis. Le résultat fut des plus convaincants car il permit à la musique exotique de la scène du temple de mieux exercer toute sa fascination, mettant davantage en valeur une certaine atmosphère et la couleur locale.