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Actualités - INTERVIEWS

INTERVIEW - Le président de la Caisse des déplacés répond aux questions de " L'Orient-Le Jour" Massaad : " Je suis venu travailler ; il ne m'appartient pas de fouiller le passé "

Alors que la Caisse des déplacés se préparait à entamer ce matin la reprise du paiement des indemnités dans la région d’Aley, le président de cet organisme, M. Chadi Massaad, a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour concernant les objections soulevées par le «plan du retour» à la préparation duquel il a sérieusement contribué avec le ministère des Déplacés depuis sa nomination le 23 janvier dernier. «Je suis venu travailler et il ne m’appartient pas de fouiller le passé», a dit M. Massaad qui a par ailleurs laissé entendre que le problème des déplacés de la banlieue-sud de Beyrouth pourrait trouver un épilogue heureux avant la fin de l’été en raison du climat «positif» qui règne dans cette région du pays où les forces actives «appellent toutes au retour des chrétiens». M. Massaad, qui a par ailleurs affirmé sans détour qu’il n’était pas question – du moins pas pour le moment – de souscrire au paiement d’indemnités aux descendants des déplacés, a annoncé que son département tente d’assurer pour ceux-ci des prêts à long terme et à taux d’intérêt réduits. Ces intérêts pourraient même être couverts par la caisse, a-t-il affirmé. Question: «Le plan du ministère des Déplacés relatif au retour de ces derniers a soulevé des objections de la part de nombreuses parties. Considérez-vous ces objections comme légitimes ? Réponse: Regardons d’abord les aspects positifs Ce plan est le premier dans l’histoire du Liban qui apporte un règlement global et englobe toutes les localités et tous les villages illégalement occupés. Il prévoit de plus un budget de 200 milliards de LL pour la reconstruction du Chouf et d’Aley et le paiement d’indemnités d’évacuation à Beyrouth, dans la montagne, dans la banlieue sud et dans d’autres régions. Il est toutefois vrai que certaines forces politiques, partisanes et sociales y ont vu des lacunes et c’est pour cela que nous œuvrons de concert avec le ministre des Déplacés, M. Anouar el-Khalil, et dans la lignée des orientations du chef de l’État, le général Émile Lahoud, pour combler ces lacunes. Les lacunes Q.: Quelles sont les lacunes qui ont déjà été comblées et quelles sont celles qui restent à combler ? R.: Les lacunes signalées par la majorité étaient relatives à la question des ascendants et des descendants. Le plan a accordé la priorité au retour des ascendants, puis, à partir de 2001, au retour des descendants. Et il était clairement stipulé que si nous ne pouvions assurer d’ici 2001 des fonds pour les descendants, ceux-ci n’obtiendraient alors rien du tout. Cela a soulevé les craintes de certains qui ont estimé que cela contribuerait à la modification de l’équilibre démographique de la montagne. Une autre lacune signalée concerne la question des habitations déjà reconstruites ou déjà restaurées. S’attendant à recevoir des indemnités et parce qu’ils ne voulaient pas attendre, certains ont en effet déjà reconstruit leurs habitations en contractant des prêts auprès des banques ou en vendant des biens. Ils ont donc été étonnés de ne pas se trouver au nombre des priorités. À ceux-là, je dois dire que nous ne discutons pas leurs droits. Nous estimons seulement qu’ils ne constituent pas une priorité pour le moment. Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne tentons pas de leur assurer des fonds mais ces fonds doivent venir en supplément des 1 100 milliards de LL prévus pour le retour des déplacés. Et si nous ne parvenons pas à leur trouver des fonds supplémentaires, la question restera en suspens. Les autres lacunes concernent les villages où la réconciliation n’a pas encore été scellée, les déplacés de la bande frontalière qui ont quitté leurs localités d’origine pour ne pas être contraints de se rallier à la milice de facto, et le principe du paiement des indemnités par habitation occupée et non pas à chacune des familles résidant dans une même habitation occupée. Quant à l’affaire de la banlieue sud, elle a nécessité beaucoup de réunions avec le ministre Anouar el-Khalil et elle a été réétudiée sur base des propositions des forces politiques. Nous ne contraindrons donc pas les familles occupant des habitations à Hadeth et Sin el-Fil à les évacuer avant de leur avoir assuré au préalable la possibilité de rentrer chez eux. Les déplacés de la bande frontalière Q.: À quel traitement particulier les déplacés de la bande frontalière ont-ils eu droit? R.: Les indemnités d’évacuation ont été fixés à 5 000$. Mais les déplacés de la bande frontalière obtiennent 2 000 à 3 000$ de plus à condition que leur situation soit dûment reconnue. Q.: Nous avons entendu parler d’indemnités de 20 000$ R.: Par le passé. Je tiens toutefois à préciser que le nombre des déplacés de la bande frontalière dont le statut est dûment reconnu comme tel ne dépasse pas les 400 familles. Q.: Quelles sont donc les lacunes qui restent encore à régler? R.: L’affaire des descendants. Encore une fois nous ne disons pas qu’ils n’ont droit à rien mais nous estimons qu’ils ne sont pas une priorité. Hier, nous avons réglé l’affaire des descendants qui avaient déjà obtenu un ou deux versements sur les indemnités promises et nous avons décidé qu’ils obtiendraient le reste. Pour les autres, il faudra attendre. Il reste que nous entreprenons des contacts avec la Banque de l’habitat pour leur assurer des prêts à long terme et à des taux d’intérêt réduits. Nous étudions même la possibilité de prendre les intérêts à la charge de la Caisse des déplacés. Q.: Des objections ont été soulevées suite au paiement d’indemnités dans des villages qui n’ont pas connu d’exode. R.: Nous ne sommes concernés que par le retour des déplacés. Mais nous essayons aussi d’aider ceux dont les habitations ont été détruites dans des guerres internes ou du fait des bombardements israéliens. Q.: Certains ont évoqué une lutte de prérogatives entre le ministère des Déplacés et la Caisse des déplacés ? R.: La Caisse des déplacés contrôle et indemnise. Elle n’a pas seulement un rôle de trésorier. Il faut d’ailleurs remonter aux premières études établies par le ministre d’État pour les affaires des déplacés, M. Élie Hobeika. Un rapport avait alors été établi faisant État de 90 000 familles déplacées soit l’équivalent de 450 000 individus. C’est alors qu’a été décidée la création du ministère des Déplacés puis, en raison de différends entre le président Rafic Hariri et le ministre Walid Joumblatt, la Caisse des déplacés a été placée sous la supervision directe de la présidence du Conseil des ministres. Le ministère a donc été chargé d’établir les stratégies et la caisse de contrôler et de verser les indemnités. Les choses ont traîné Q.: Les fonds consacrés jusqu’à présent au retour des déplacés n’auraient-ils pas dû suffire à clore le dossier ? R.: L’affaire a pris de l’ampleur depuis 1993. Le dossier aurait alors pu être clôturé en 1993 moyennant 300 ou 400 millions de $. Mais les choses ont traîné et jusqu’à présent, les fonds investis ont déjà atteint environ 800 millions de $. Q.: À Hamra, le PSNS a obtenu des indemnités importantes. R.: 600 000 $ sur décision du Conseil des ministres. Mais la décision était politique car le PSNS n’aurait rien dû obtenir même s’il a argué du fait que 38 familles habitaient le bâtiment. Le nombre des familles ne justifiait pas le montant payé. Q.: Dans des régions non incluses dans le plan du retour, l’État a proposé des indemnités de 200$ par mètre carré alors que les concernés réclamaient 350$. Qui va payer ces indemnités ? R.: Le problème est celui de la construction à Jnah de l’hôpital gouvernemental financé par le Koweit. C’est Élissar qui a été chargée au départ de régler ce problème. Mais Élissar qui ne détenait pas de fonds suffisants avait demandé à la caisse de s’en charger, ce qui a été fait. Toutefois aujourd’hui, et alors que l’hopital est en cours de construction, d’autres bâtiments illégalement construits sur des terrains de l’État doivent être détruits. Et l’État se trouve confronté à une situation illégale et illogique qui consiste à payer des indemnités à des personnes qui devraient théoriquement etre jugées pour spoliation de biens étatiques. Élissar a donc repris en charge le problème avec notre aide mais les personnes qui doivent etre évacuées réclament 600$ d’indemnités au mètre carré. Et la caisse est bien déterminée à ne pas payer un sou pour cette affaire même si l’État du Koweït menace de suspendre le projet si le problème n’est pas réglé d’ici août. Q.: Mais la caisse avait payé des indemnités ? R.: À la place d’Élissar qui ne nous a rien rendu jusqu’à présent malgré la demande claire que j’ai faite moi même il y a quatre mois et à laquelle le Conseil des ministres m’a répondu qu’Élissar ne dispose pas d’un budget pour cela. Q.: Il a été dit que le dossier des déplacés dans la banlieue sud était sujet à des tiraillements politiques. Comment vous y êtes-vous pris ? R.: La vérité est en fait différente. Tous dans la banlieue sud appellent au retour de chrétiens et même le Hezbollah s’est étonné que la banlieue sud ne figure pas dans notre plan et a appelé au retour des déplacés. Cela est encourageant. Le climat dans la banlieue sud est très positif et j’estime que si les choses demeurent telles quelles, le retour dans la banlieue sud pourrait intervenir à la fin de l’été. Q.: D’où viennent les fonds de la caisse et que dire aux gens qui affirment craindre ne pas obtenir les deuxième et troisième versements qui leur ont été promis ? R.: Dès qu’un accord est signé, les fonds sont gelés de sorte que les deuxième et troisième versements puissent être garantis sans problèmes. Cela n’était pas le cas par le passé. Aujourd’hui, nous disposons de 394 milliards de LL qui doivent suffire à l’exécution du plan. Une partie de ces fonds sera répartie comme suit : 195 milliards pour la montagne et Beyrouth, 50 milliards pour les évacuations dans toutes les régions, 75 milliards pour l’infrastructure, 15 milliards pour la reconstruction des lieux de culte, 5 milliards pour les infractions aux biens-fonds, 5 milliards pour le déblaiement et 20 milliards pour le projet résidentiel du Liban-Nord. Q.: Quid du rapport que vous avez présenté ? R.: Il était de mon devoir en arrivant à la tête de la Caisse des déplacés de m’enquérir et d’informer le chef de l’État et le conseil des ministres sur la façon dont la caisse avait dépensé 1 223 milliards de LL. Le rapport est aujourd’hui entre les mains de qui de droit et ne me concerne plus. Je suis venu pour travailler et non pour fouiller le passé.
Alors que la Caisse des déplacés se préparait à entamer ce matin la reprise du paiement des indemnités dans la région d’Aley, le président de cet organisme, M. Chadi Massaad, a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour concernant les objections soulevées par le «plan du retour» à la préparation duquel il a sérieusement contribué avec le ministère des Déplacés depuis sa...