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Actualités - CHRONOLOGIE

PARLEMENT - Début de l'examen du projet de budget La commission des Finances envisage de réviser certains chiffres

La première réunion consacrée en commission à l’examen du projet de budget 1999 a apporté la preuve que la trêve politique décrétée pour l’occasion est effectivement respectée : opposants ou loyalistes, les députés qui ont assisté à la réunion d’hier étaient d’accord pour qualifier de «positives» les discussions au sein de la commission parlementaire des Finances et du Budget et de «corrects» les chiffres des dépenses et des recettes prévues, en dépit de quelques réserves exprimées. Parallèlement, la présence de membres des blocs parlementaires de MM. Rafic Hariri et Walid Joumblatt aux discussions n’est pas passée inaperçue. Les deux blocs avaient laissé entendre, il y a quelques semaines, qu’ils pourraient boycotter les réunions. Depuis, ils ont, semble-t-il, changé d’avis. La première réunion de la commission des Finances a aussi mis en évidence la présence d’une volonté parlementaire quasi générale de seconder le gouvernement dans le processus de redressement économique et financier qu’il met en place. Nul ne s’attend de la part du Cabinet Hoss à des miracles mais beaucoup espèrent une inversion du processus lancé sous les gouvernements Hariri et qui s’est traduit pratiquement par une effroyable croissance de la dette publique et une aggravation du déficit budgétaire. Les questions de nombreux parlementaires étaient d’ailleurs articulées autour de ce point. Elles ont aussi porté sur l’impact du budget au niveau du développement. Présidée par M. Khalil Hraoui, la réunion a duré près de trois heures et a porté sur une présentation de la politique économique et financière du gouvernement et des principes sur lesquels celui-ci s’est fondé pour élaborer le projet de budget. C’est le ministre des Finances par intérim, M. Nasser Saïdi, qui a exposé les grandes lignes de cette politique. Celle-ci sera développée davantage dans le plan de redressement et dans l’exposé des motifs du projet de budget. Les deux textes seront présentés dans deux semaines à la commission parlementaire des Finances et du Budget, selon M. Hraoui. M. Saïdi n’a pas fixé en revanche de délais. Le plan de redressement économique et financier sera «transmis au Parlement dans les délais les plus brefs», a-t-il dit. Devant les députés, le ministre a évoqué les impératifs retenus pour l’élaboration du projet de loi de finances : stimuler l’économie nationale et favoriser le développement en dynamisant les secteurs productifs , freiner et réduire progressivement le déficit budgétaire et l’accroissement de la dette publique, assainir les finances publiques et établir dans le même temps une justice sociale fondée sur l’imposition des classes les plus nanties de la population. Des craintes Aussi clairs soient-ils, les principes définis par le gouvernement comme base de sa politique actuelle et future n’en ont pas moins suscité un long débat. Celui-ci était justifié par deux constatations : les députés ont noté que les budgets des ministères dits de services, notamment l’Agriculture et l’Industrie, ont été réduits de moitié par rapport à l’année dernière et que les fonds consacrés aux projets de développement sont, à la limite, dérisoires. Ils ont aussi exprimé des craintes quant au bien-fondé des prévisions budgétaires pour l’exercice courant. Concernant ce dernier point, les parlementaires n’ont pas manqué de relever que le budget ne sera voté qu’au milieu de l’année et se sont demandés si le gouvernement aura le temps d’assurer en six mois les rentrées qu’il prévoit dans le projet de loi. Le budget de 1999 sera probablement voté durant la première quinzaine de juin puisqu’on s’attend à ce que la commission achève fin mai l’examen du texte. M. Saïdi a balayé ces craintes en démontrant aux parlementaires, chiffres à l’appui, que les dépenses d’investissement ont été portés de 7 % à 10 % dans le deuxième chapitre du budget et que ce sont les frais de fonctionnement qui ont été en revanche réduits. Dans une conférence de presse tenue ultérieurement, le ministre a précisé que de nombreux prêts servent à financer des projets de développement, dont certains sont à caractère social. M. Saïdi s’est félicité du caractère «positif» des débats, rappelant que le déficit budgétaire sera ramené cette année à 40, 3 %. Il se chiffrera à 3 770 milliards de livres. Le gouvernement prévoit 8 360 milliards de livres de dépenses et 4 990 milliards de livres de recettes. Réalisme M. Saïdi, qui doit incessamment rendre public le texte du bilan qu’il a présenté en commission, a notamment expliqué que le projet a été élaboré en tenant compte des rentrées du Trésor en 1998. «Nous étions réalistes et nous n’avons pas travaillé sur base d’hypothèses», a-t-il dit. Si M. Saïdi a particulièrement mis l’accent sur l’importance du budget préparé, «c’est parce qu’en dépit de la majoration des salaires des fonctionnaires du secteur public (500 milliards de livres de dépenses supplémentaires) et l’accroissement du service de la dette publique (700 milliards de livres), nous sommes parvenus à (prévoir) une réduction du déficit budgétaire tout en relevant les frais d’investissements». «C’est aussi, a-t-il ajouté, parce que nous avons pu jeter les bases d’une politique juste et d’une justice sociale qui n’existaient pas dans le passé grâce aux nouvelles impositions». M. Saïdi s’est abstenu de répondre à une question relative à l’inclusion des surtaxes sur l’essence et le tabac dans le projet de budget, affirmant qu’il ne veut pas anticiper les réunions de la commission. Il était toutefois évident que de nombreux parlementaires – du moins parmi ceux qui ont assisté à la réunion – sont enclins à une révision des chiffres du projet de budget, concernant aussi bien les budgets alloués aux ministères dits de service que certaines surtaxes. Cette tendance a d’ailleurs été confirmée un peu plus tard par M. Khalil Hraoui. Celui-ci a noté que la commission examinera avec le gouvernement les possibilités de révision de certains chiffres. «Je suis sûr que nous parviendrons à les réviser en coordination avec le Cabinet», a-t-il dit. M. Hraoui, qui a mis l’accent sur «l’effort fourni» au niveau de la réduction des dépenses, a estimé que la compression budgétaire «aurait pu être meilleure si elle avait été précédée d’une modification de la structure de l’État». Il faisait ainsi allusion à la fusion de ministères et de départements étatiques aux fonctions similaires. Pour M. Hraoui, les orientations économiques et financières du gouvernement doivent être clairement définies dans le plan de redressement. «Nous souhaitons que les recettes de l’État s’amélioreront après le vote du budget bien qu’il faille tenir compte du retard qu’il y a et qui est dû au délai pris» avant la transmission du projet de budget à la Chambre, a indiqué M. Hraoui, soulignant que les députés ont apprécié de manière générale la réduction des charges financières affectant les couches les moins nanties de la population. La commission poursuivra aujourd’hui l’examen du texte de loi et s’attaquera essentiellement aux budgets de la présidence de la République, du Conseil des ministres et des départements qui en dépendent.
La première réunion consacrée en commission à l’examen du projet de budget 1999 a apporté la preuve que la trêve politique décrétée pour l’occasion est effectivement respectée : opposants ou loyalistes, les députés qui ont assisté à la réunion d’hier étaient d’accord pour qualifier de «positives» les discussions au sein de la commission parlementaire des Finances et du...