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Actualités - CHRONOLOGIE

Le refus russe de l'embargo pétrolier : une raison plus politique qu'économique

Le refus de la Russie de respecter le blocus pétrolier contre la Yougoslavie envisagé par l’Otan, nouveau sujet de friction entre les deux camps, est essentiellement une décision politique sans grandes conséquences économiques pour les compagnies russes. La Russie est l’un des plus importants fournisseurs de pétrole de la Yougoslavie, mais ce pays est un client négligeable pour les compagnies pétrolières russes. Les exportations vers la Yougoslavie, constituées à 80 % d’hydrocarbures, représentent en effet moins de 1 % du total des exportations totales de la Russie. «Un embargo n’aura pas un gros impact sur les compagnies pétrolières russes, car la Yougoslavie n’est pas un marché important pour le brut. La Yougoslavie est davantage intéressée par la fourniture de produits pétroliers comme le gas-oil ou l’essence», explique un expert de la banque d’affaires MKF Renaissance, Scott Saliterman. Les livraisons de brut à la Yougoslavie qui s’effectuaient notamment par bateaux n’ont de toute façon plus de raisons d’être puisque les deux principales raffineries, Novi Sad (70 km au nord de Belgrade) et Pancevo (15 km au nord-est de Belgrade) ont été touchées à plusieurs reprises par les bombardements de l’Otan. «C’est une question beaucoup plus politique qu’économique», a commenté cet expert pétrolier. «La Russie a probablement plus à gagner sur le plan économique en respectant l’embargo et en coopérant avec l’Occident», ajoute-t-il. La Russie négocie actuellement une reprise de l’aide financière du FMI, une organisation sous forte influence des États-Unis. Après avoir averti que la Russie continuerait à approvisionner la Yougoslavie en produits pétroliers, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a jugé lundi «sans base légale» le blocus maritime que les Alliés envisagent de mettre en place pour faire respecter l’embargo pétrolier. «Les sanctions maritimes contre les livraisons de pétrole à la Yougoslavie n’ont pas de base légale pour la Russie et ne s’appliquent qu’aux 19 membres de l’Otan», a déclaré M. Ivanov, soulignant qu’un embargo contre un autre pays était «possible seulement» après une décision de l’Onu. Ces propos étaient en contradiction totale avec ceux tenus dimanche par le secrétaire général de l’Otan, Javier Solana, et le conseiller du président Bill Clinton pour les Affaires de sécurité nationale, Sandy Berger, qui ont estimé qu’un blocus maritime s’appliquerait à tout le monde, y compris à la Russie. L’Otan a cependant affirmé lundi qu’elle ne recourra pas à l’usage de la force pour arrêter des navires transportant du pétrole à destination de la Yougoslavie. «Le régime de recherche et de visite ne nous donne pas le droit de forcer quiconque à changer de cap, donc nous ne pouvons pas arrêter par la force un navire de commerce», a déclaré le général allemand Klaus Naumann, président du Comité militaire de l’Otan. Le souhait de l’Otan d’éviter une confrontation ouverte avec les bateaux qui ne respecteraient pas l’embargo peut être interprété comme une tentative d’apaiser la Russie. «Bloquer les bateaux russes poserait un problème légal car il n’y a pas actuellement, contrairement au cas de l’Irak, de résolution de l’Onu imposant cet embargo», remarque aussi un autre expert du Centre d’études sur l’énergie de Londres, Leo Drollas. «Jusqu’à présent c’était la guerre de l’Otan mais quand vous décidez d’imposer un blocus, le conflit s’internationalise», a conclu cet expert en soulignant les risques de dérapage.
Le refus de la Russie de respecter le blocus pétrolier contre la Yougoslavie envisagé par l’Otan, nouveau sujet de friction entre les deux camps, est essentiellement une décision politique sans grandes conséquences économiques pour les compagnies russes. La Russie est l’un des plus importants fournisseurs de pétrole de la Yougoslavie, mais ce pays est un client négligeable pour les...