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Actualités - REPORTAGES

À l'Assembly Hall - AUB Walid Haurani : un art accompli

Une figure de proue dans le monde musical libanais et qu’on retrouve avec plaisir, à intervalles plus ou moins réguliers… Chaleureux et d’une énergie débordante, Walid Haurani, fidèle à son sens de l’humour et sa joviale manière d’aborder les touches du clavier, est à nouveau parmi les mélomanes libanais qu’il comble à sa façon dans un programme toujours brillant mais qui ne dédaigne pas non plus les partitions modernes à rythmes accentués tels les ragtimes… Au menu, voilà ce qu’il a proposé à ses auditeurs : Mozart, Beethoven, Chopin, Debussy et William Albright. Joli panaché où le piano a toutes les éloquences et servi par un art accompli… Premières mesures limpides comme du cristal avec Mozart. Douce et rêveuse fantaisie où le ton est certes aimable mais enrobé d’une médiation portée à une légère nostalgie… Une œuvre marquée par un jaillissement constant de mélodies et de couleurs harmoniques. Spontanéité et grâce sont les nerfs moteurs de cette composition qui donne à l’auditeur la sensation d’une incroyable plénitude… Passion et déchaînement de notes emportées avec la sonate n3 op 31 de Beethoven. Le contraste est fort entre cette impalpable douceur mozartienne et ce flot impétueux d’une sonate oscillant entre confidence et tourmente du cœur… Car avec Beethoven la dimension du drame humain est toujours au bout d’une phrase, d’une trille, d’une double croche, d’un chromatisme… Accents mordants pour dire toute la fougue du maître de Bonn dans sa flamboyance, sa magnifique narration pleine de majesté et de puissance. Parfum de romantisme qui traîne et l’on retrouve, pour prendre le relais, une Étude (op10n3) de Chopin avec ses grappes d’accords lumineux… Morceau de concert beaucoup plus que simple étude à but pédagogique, cette œuvre est d’une incroyable fluidité et l’on dirait qu’elle parle d’une longue déclaration d’amour longtemps, secrètement, portée dans le cœur… Inquiets et inquiétants sont les premiers accords de cette polonaise op 44 qui abrite sous ses oripeaux sonores et ses véhéments martèlements tout un vibrant élan de patriotisme. Sa mélodie tourne comme une vrille puis éclate brusquement telle une grenade dans un ciel pourtant clair… Solennelle, frémissante de passion contenue, cette polonaise laisse derrière elle un incandescent sillage de feu, de larmes et de sang. Après l’entracte, changement de registre, de timbre et d’atmosphère. Children’s Corner ce joyau de Debussy est fait pour Walid Haurani. Et d’ailleurs ce n’est pas la première fois que cet artiste à l’esprit si inventif l’incorpore dans son programme et qu’il nous est donné d’écouter un des sommets du répertoire pianistique de l’auteur de Pélléas et Mélissande. Une série d’illustrations imaginées par Debussy pour sa fillette Claude-Emma (appelée familièrement Chouchou !) et qui par delà leur apparente naïveté et leurs séduisantes tonalités cachent émotion, tendresse et expressions sonores du monde de l’enfance délicieusement reproduites… Si la délicatesse et la sensibilité sont évidentes, l’humour est aussi présent dans cette œuvre attachante… Et pour les hommes authentiques et les vrais artistes, la vie et le bonheur sont indissociables et restent la valeur suprême. Une valeur transmissible par le langage de la musique et c’est ce qu’offre Walid Haurani à ses auditeurs. Ensuite deux préludes, toujours de Debussy. En hommage à Chopin qu’il admirait avec ferveur, Debussy avait écrit 24 préludes d’une grande richesse d’invention… On a écouté ce soir-là La fille aux cheveux de lin et Les ménestrels, deux œuvres aux accords irisés et aux mélodies suaves et volatiles comme de l’éther… Réveil en sursaut du songe debussinien avec les rags de William Albright où rythmes syncopés et cadences précipitées font la joie du public amateur de jazz. Volutes endiablées d’une musique au train d’enfer mais pour dire le paradis des sons et où toute mélancolie larmoyante est littéralement bannie. Salves d’applaudissements et standing ovation d’une salle comble absolument en délire devant une aussi brillante prestation. Et Walid Haurani n’est pas parti accompagné des seules faveurs du public mais décoré à l’entracte, au nom du président de la République, du Mérite de chevalier de l’Ordre du cèdre par le ministre de la Culture et de l’Enseignement Supérieur Mohammed Youssef Beydoun. En bis, le pianiste a interprété Vocalise de Boghos Gélalian et La danse du feu de M. de Falla.
Une figure de proue dans le monde musical libanais et qu’on retrouve avec plaisir, à intervalles plus ou moins réguliers… Chaleureux et d’une énergie débordante, Walid Haurani, fidèle à son sens de l’humour et sa joviale manière d’aborder les touches du clavier, est à nouveau parmi les mélomanes libanais qu’il comble à sa façon dans un programme toujours brillant...