Les coulisses des collections

Claudia Schiffer, en pull jacquard et jupe grise de pensionnaire, a repris du service, samedi à Paris, pour la première collection de prêt-à-porter de Gilles Dufour chez Balmain. La «Jolie Madame» était l’image de la Parisienne des années 50/60 créée par Pierre Balmain. Celle de Gilles Dufour, qui fut pendant 15 ans le bras droit de Karl Lagerfeld, a singulièrement rajeuni. Et la blonde Claudia a défilé par amitié pour le couturier. Un couturier qui est bien dans son temps avec ses jaquettes menues sur large pantalon de flanelle taille basse, ses vestes en patchwork de mouton sur jupe de taffetas. Ses couleurs crépitent: velours framboise en costume masculin, lainage vert vif et bleu dur pour les vestes. Un simple cardigan de cachemire sur un jupon de mousseline fera la plus belle tenue de fête. «C’est frais, c’est de la jeune couture et c’est tout ce que l’on a envie de porter. Cela fait vraiment plaisir de voir cette maison rajeunir», a déclaré à l’issue du défilé la directrice du magasin new-yorkais Saks Fith Avenue. De la gaieté, il y en a aussi chez Franck Sorbier, qui nourrit son imagination chez Picasso, Cocteau, Diaghilev et ses ballets russes. Sur une musique d’Erik Satie, ses mannequins paradent. Passent des Frères Jacque en redingote vermillon zébrée de noir, un clown en veston multicolore et pantalon de zouave, une danseuse en boléro de tulle, et la chanteuse de «Cabaret» en smoking à revers de plumes. Loewe, le maroquinier espagnol aujourd’hui propriété de Louis Vuitton Moët Hennessy, exploite le filon du sportswear luxueux. Comme ces pierres semi-précieuses qui sont le thème de la collection dessinée par le créateur américano-cubain Narciso Rodriguez. Rodriguez sème ses petits cailloux partout: du quartz rose et des agates sur un caraco de tulle, des grenats sur un pull, de l’onyx sur une robe-combinaison. Le travail de la peau est très soigné pour des vestes zippées sur jupe et pantalon de cuir rubis, noir ou grenat, tandis que les sweaters sont en fourrure et les manteaux en vison tricoté. En toute simplicité. Pour sa part, Hervé Léger ne lâche pas ses ciseaux, taillant des bandes dans ses manteaux et ses robes-chasubles, découpant des plis dans les jupes. Son style graphique s’exprime dans les harmonies franches, rouge, vert et écru, qui tranchent sur le noir. Hervé Léger a connu ses premiers succès avec des fourreaux-bandelettes-stretch enserrant le corps telle une momie. Il renouvelle son inspiration avec des robes en tulle tressé, cyprès, jade ou lilas, couleur du premier parfum qu’il vient de lancer. Des images, il n’y en aura pas chez Jean-Paul Gaultier. Devant l’exiguïté de la place qui leur était réservée (8m2 pour une centaine de personnel) et les conditions de sécurité approximatives, photographes et cameramen internationaux ont décidé de boycotter le défilé. Cette collection était une sorte d’hommage au métissage, un message d’espoir et d’amitié, comme ses couples, tantôt un homme et une femme, parfois deux femmes ou deux hommes, qui défilaient ensemble au son d’une valse de Strauss. Il manquera donc les photos de ces beaux manteaux trapèze, matelassés et croisés comme un kimono, avec leur col airbag. De ces fines vestes bordées d’un petit bourrelet sur un pantalon largissime revers géants. De ces grands jupons de taffetas crème sous un pull noir et une étole de mouton frisé.