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Actualités - REPORTAGES

CGTL - Quelques centaines de personnes se sont regroupées place du Musée Revendications syndicales : le coeur n'y est plus (photos)

Les beaux jours de l’action syndicale seraient-ils terminés ? La manifestation à laquelle avait appelé la CGTL s’est résumée hier à un regroupement de quelques centaines de personnes, pour la plupart des étudiants en mal d’action, des intellectuels nostalgiques et des travailleurs libanais et étrangers lançant des slogans plus par habitude que par conviction. Et, pour motiver la foule, il a fallu brandir des exemplaires du livre de Najah Wakim, hostile au précédent régime. La première manifestation syndicale depuis l’élection du président Lahoud n’a pas fait long feu puisque même les discours ont été réduits au minimum, alors que les contestataires n’ont pu atteindre le siège du gouvernement où se tenait la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Hier, de Barbir au Musée, on était bien loin de l’époque où les travailleurs et les représentants des divers partis manifestaient avec passion contre le gouvernement, avec le sentiment de défier le pouvoir et ses instruments. Il est vrai que, conformément aux nouvelles décisions officielles, la manifestation à laquelle avait appelé le président démissionnaire de la CGTL avait obtenu une autorisation du ministère de l’Intérieur pour se dérouler dans un secteur strictement délimité et suivant un horaire précis. Résultat, quelque 2 000 soldats, membres de la brigade antiémeute et éléments des FSI, s’étaient déployés dans le coin, entourant une poignée de personnes assez hétéroclites et surtout pas très convaincues. La dernière crise de la présidence de la CNSS a donc visiblement affecté les syndicalistes. Beaucoup n’ont en effet pas compris pourquoi le chef de la centrale syndicale tenait à présider le conseil d’administration de la CNSS. Et lorsqu’il a été cavalièrement révoqué par ses pairs, il a voulu en faire la bataille syndicale par excellence, alors que pour les travailleurs il y a bien d’autres revendications plus importantes. Les retombées des divergences Enfin, les divers courants politiques qui contrôlent la CGTL ne sont pas tous d’accord pour se lancer dans une opposition systématique au régime. C’est dans cette situation trouble qu’Élias Abou Rizk a présenté sa démission de la présidence de la centrale syndicale, avant de la geler, ajoutant encore à la confusion générale. Un président démissionnaire qui appelle à une manifestation, sans programme de revendications clair pour cause de divergences dans les points de vue des membres de la confédération, il y avait de quoi refroidir l’ardeur du plus convaincu des militants. Et ceux qui ont répondu à l’appel hier l’ont fait plus par principe que par conviction. Cinq cents personnes ou plus – qu’importe le chiffre précis – se sont donc retrouvées sur le pont de Barbir. Ce qui compte c’est qu’elles soient venues, afin que l’action syndicale ne soit pas définitivement neutralisée. Disparates, les manifestants sont divisés en petits groupes, les uns lançant des slogans gauchisants, les autres brandissant des banderoles de protestation contre le projet de budget présenté par le gouvernement. D’autres encore, étrangers, protestent contre le relèvement des tarifs des permis de séjour. Appuyant traditionnellement la CGTL, le Hezbollah avait été sollicité pour participer à la manifestation, mais finalement aucun de ses partisans ne se présente à l’heure dite. Les autres partis politiques n’ont pas non plus répondu à l’appel d’Abou Rizk. Le rendez-vous était à 16 heures, mais ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que les manifestants entament leur marche vers le siège du Conseil des ministres. Entouré des principaux responsables syndicaux, Élias Abou Rizk prend la tête de la manif, le long de ce qu’on appelait jadis «le passage du Musée». D’ailleurs, cette marche sur la large avenue entièrement interdite à la circulation automobile rappelle étrangement l’époque de la guerre, lorsque la voie du Musée était le seul trait d’union entre les deux secteurs de la capitale et lorsque la même CGTL, avec une autre direction, lançait des manifestations de retrouvailles pour l’ensemble de la population. Brèves négociations Hier, de l’autre côté de l’avenue, ce ne sont pas des travailleurs qui attendaient leurs camarades de «l’autre bord», mais les forces de sécurité, quadrillant toutes les issues menant au siège du Conseil des ministres. Abou Rizk et ses compagnons sont contraints de s’arrêter devant le Musée. Un officier des FSI leur propose d’autoriser une personne à se rendre auprès des responsables pour présenter un mémorandum, mais Abou Rizk exige qu’une délégation soit reçue par les responsables. Les négociations sont brèves et chaque partie campe sur ses positions. Abou Rizk n’ira pas seul et il n’est pas question de laisser entrer une délégation. Il n’y aura donc pas de mémorandum remis aux autorités. Abou Rizk se contente de prononcer un discours concis, dans lequel il évite soigneusement d’évoquer sa démission de la tête de la CGTL. Il promet au contraire d’étendre son action revendicatrice à l’ensemble du territoire, mais il limite ses propos au domaine social et aux libertés syndicales. Il ajoute même : »Notre but n’est pas de descendre dans la rue, mais de faire entendre notre voix. La crise sociale est intolérable». Le responsable syndical passe brièvement sur les ingérences du pouvoir dans les affaires de la CGTL, appelant au changement des méthodes et à la protection des droits des travailleurs». Il a ensuite cette constatation amère : «Désormais les manifestations sont permises, mais les conditions posées sont rédhibitoires au point que l’interdiction pure et simple est peut-être préférable». Il appelle enfin les manifestants à se retirer pacifiquement. Mais il n’avait pas vraiment besoin de le faire, les personnes présentes s’étant déjà dispersées, d’autant qu’il y avait bien plus de forces de l’ordre que de manifestants. Des forces de l’ordre aimables et un peu condescendantes qui, lorsqu’elles ne filment pas ouvertement les manifestants, posent à leurs côtés sans le moindre complexe. Décidément, les temps ont bien changé…
Les beaux jours de l’action syndicale seraient-ils terminés ? La manifestation à laquelle avait appelé la CGTL s’est résumée hier à un regroupement de quelques centaines de personnes, pour la plupart des étudiants en mal d’action, des intellectuels nostalgiques et des travailleurs libanais et étrangers lançant des slogans plus par habitude que par conviction. Et, pour motiver la...