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Actualités - REPORTAGES

Religion - Canonisation dimanche de la Bienheureuse Agostine Pietrantoni Les Soeurs de Besançon célèbrent cette année le bicentenaire de leur fondation(photos)

Depuis un peu moins d’un siècle, plus précisément depuis 95 ans, plusieurs dizaines de milliers de jeunes filles libanaises ont fait leurs études scolaires dans les écoles des Sœurs de Besançon (ou Congrégation des Sœurs de la Charité de Sainte-Jeanne Antide Thouret). Pour les élèves et anciennes des Sœurs de Besançon au Liban, l’année 1999 revêt une importance particulière à un double titre : la Congrégation (présente dans 24 pays, dont le Liban) célèbre cette année le bicentenaire de sa fondation par Jeanne Antide Thouret (canonisée en janvier 1934); et le 18 avril prochain, le pape Jean-Paul II doit canoniser (en même temps que le fondateur des Frères Maristes, Marcellino Champagnat) une religieuse de la Congrégation, la Bienheureuse Agostina Pietrantoni. L’implantation des Sœurs de Besançon au Liban remonte à 1904, date de l’ouverture de la première école à Baskinta. Trois ans plus tard, un autre établissement scolaire est ouvert à Baabdate, suivi, en 1914, de l’école de l’Institution Sainte-Anne, à Wadi Abou Jemil. En 1969, une annexe à l’Institution Sainte-Anne est ouverte à Hazmieh. Au début de la guerre, les combats qui ont embrasé l’ensemble du quartier de Wadi Abou Jemil ont contraint les Sœurs de Besançon à transférer l’école de Beyrouth vers Kfour, mais pour un an seulement. Depuis la réouverture de l’école Sainte-Anne de Wadi Abou Jemil, en octobre 1976, seul le cycle primaire est maintenu à Kfour. Au stade actuel, les différents établissements des Sœurs de Besançon au Liban comptent près de 3 000 élèves, dont plus de 700 à l’Institution Sainte-Anne. Parallèlement aux établissements scolaires, les Sœurs de Besançon sont en charge de plusieurs dispensaires et œuvres sociales à Roum, Kefraya, Borj Hammoud et Nabaa. Au total, une soixantaine de sœurs gèrent et contrôlent les écoles et les institutions de la Congrégation au Liban. Les membres de la Congrégation ainsi que les élèves et anciennes des Sœurs de Besançon se préparent ainsi à célèbrer la canonisation de la Bienheureuse Agostina Pietrantoni, dimanche prochain, 18 avril. Quel est donc le parcours personnel et spirituel de celle qui sera proclamée Sainte par le pape Jean-Paul II dans trois jours? De son vrai nom, Livia, sœur Agostina Pietrantoni n’a jamais pu aller à l’école. Elle a appris beaucoup grâce aux cours que son grand-père, Domenico, lui donnait à la maison. Outre le travail de la maison et des champs, elle descendait à Tivoli avec ses camarades, dont elle prenait la responsabilité morale et religieuse devant les familles, pour la récolte des olives; c’était un travail de grande patience. Tout cela montre qu’elle a connu une enfance et une adolescence marqué par les responsabilités concrètes et pesantes. Enfant timide, mais qui avait de l’influence sur les autres, elle ne cherche pas à paraître, mais elle a une personnalité très affirmée : loyale, déterminée, respectueuse, obéissante, elle avait un sens aigu de la dignité et de la justice. Elle manifestait également sa décision de suivre son chemin jusqu’au bout, sans hésiter; elle ne refusait jamais le sacrifice; même si elle mène une vie dure, elle est en toutes choses douce et patiente avec tout le monde. Sa prière, simple et spontanée, était caractérisée par les dévotions traditionnelles d’alors. Elle aimait s’isoler pour prier, mais elle rejoignait souvent ses camarades. Elle reçut le sacrement de confirmation à quatre ans et elle a dû attendre l’âge de 12 ans pour faire sa première communion. Depuis son adolescence, Livia voulait être religieuse et, à l’automne 1885, elle ne cachait plus son désir et se préparait à entrer au couvent en attendant la réponse de Rome. Elle reçut sa lettre d’admission, quitta sa famille le 23 mars 1886 et fut reçue à la Maison générale des Sœurs de la Charité de Sainte-Jeanne Antide Thouret. La vocation Elle fit son postulat et son noviciat avec un grand enthousiasme; la vie religieuse ne lui coûtait pas, car Livia était une femme au solide tempérament; entraînée à la vie de travail, habituée à se dévouer pour les autres, douée d’une sensibilité et d’un grand cœur, attentive à la souffrance d’autrui. Devenue Sœur Agostina le 13 août 1887, elle fut envoyée à l’hôpital du Saint-Esprit de Rome, d’abord dans le service des enfants et ensuite dans celui des tuberculeux. L’atmosphère de l’hôpital exigeait une grande attention et beaucoup de prudence, car il y avait le projet de le séculariser. On y faisait l’impossible pour rendre la vie difficile aux Sœurs. Elle vécut son service auprès des tuberculeux comme une grâce. Elle répondait par la douceur, l’amabilité et la patience aux grossièretés et aux méchancetés. Devant les attaques, les insultes et les menaces, elle choisissait la douceur et le calme. Elle n’excluait personne. Pour elle, l’homme, l’homme qui souffre, bon ou mauvais, croyant ou incroyant, reconnaissant ou ingrat, riche ou pauvre devait être traité. Elle avait une dévotion tendre, profonde et pleine de confiance en la Vierge, à qui elle confiait ses malades et, si ses activités la dévoraient, elle savait qu’elle devait se ménager des temps supplémentaires de prière. Sœur Agostina priait beaucoup. Elle participait tous les jours à l’Eucharistie d’où elle tirait la force et le courage qui lui permettaient de tout supporter; pour elle, la prière n’était pas un devoir, mais une respiration qui la fortifiait et la préparait à affronter l’atmosphère irrespirable de son service. L’amour exige le prix fort Après sa profession religieuse, le 23 septembre 1893, Sœur Agostina reprend son travail habituel à l’hôpital. Quand on découvrit qu’elle était tuberculeuse, elle supplia sa Supérieure, qui voulait la changer de poste, de la laisser parmi les tuberculeux. De fait, après une courte convalescence, elle reprit son travail. Sœur Agostina mettait tout son cœur pour que ses malades soient contents, bien que la plupart soient très perturbés, surtout un certain Romanelli. Un soir, Romanelli et deux de ses compagnons commettent une faute grave et le directeur les expulse. Romanelli est alors convaincu que c’est sœur Agostina qui les a dénoncés au directeur et, à partir de ce moment, il mûrit le projet de la tuer. Sœur Agostina sait qu’on peut s’attendre à tout de la part d’un individu comme Romanelli et elle est prête à prendre des risques. Le 13 novembre 1894, Sœur Agostina commence sa journée comme d’habitude. À l’heure de la visite des parents aux malades, les religieuses se retirent, en accord avec la direction, pour éviter des affrontements avec le public. Romanelli attend la religieuse dans un étroit couloir et la poignarde de plusieurs coups de couteau mortels. Toute intervention d’urgence fut inutile et Sœur Agostina eut à peine le temps de pardonner à son assassin en esquissant un sourire. Elle meurt à l’âge de trente ans, après 8 années de vie religieuse. Les funérailles furent célébrées le 15 novembre dans l’église du Saint-Esprit et une foule nombreuse envahit les rues de Rome pour suivre le cercueil de l’humble religieuse jusqu’au cimetière de Verano. Pour beaucoup, Sœur Agostina représente une plénitude d’humanité et une harmonie complète entre la femme et la religieuse qui a un idéal à atteindre et qui s’engage totalement à le réaliser en vivant sa vocation, enracirée dans la contemplation et la prière jusqu’à l’extrême : donner sa vie avec joie, par amour du prochain.
Depuis un peu moins d’un siècle, plus précisément depuis 95 ans, plusieurs dizaines de milliers de jeunes filles libanaises ont fait leurs études scolaires dans les écoles des Sœurs de Besançon (ou Congrégation des Sœurs de la Charité de Sainte-Jeanne Antide Thouret). Pour les élèves et anciennes des Sœurs de Besançon au Liban, l’année 1999 revêt une importance...