Liban-Etats-Unis - Fayçal el-Daoud dénonce le parti pris de Washington Accueil mitigé pour Satterfield dans la Békaa

L’ambassadeur des États-Unis, M. David Satterfield, a effectué samedi une tournée dans la Békaa, où un accueil mitigé lui a été réservé. Les localités du caza de Rachaya ont en effet accueilli le diplomate plutôt froidement, répondant ainsi favorablement à l’appel au boycottage de la visite lancé par M. Fayçal el-Daoud, député de Rachaya, conjointement avec les partis, les moukhtars et les présidents des municipalités de la région. Dans un communiqué, M. Daoud avait dénoncé le «parti pris» des États-Unis en faveur d’Israël et avait jugé suspect le timing de la tournée de M. Satterfield dans la Békaa. Le diplomate a entamé sa tournée dans la Békaa par une visite au sérail de Zahlé, où il a été reçu par le mohafez Milad el-Kareh, en présence de plusieurs responsables administratifs et militaires du mohafazat. Au terme d’un entretien d’une demi-heure, M. Satterfield a indiqué que l’objectif de sa tournée était de s’enquérir des besoins des villages déshérités afin de pouvoir déterminer l’assistance qui peut leur être offerte sur les plans humanitaire et du développement. Après avoir mis l’accent sur la volonté de son pays d’aider le Liban, le diplomate a insisté sur le fait que «les États-Unis œuvrent pour l’établissement d’une paix juste et durable au Moyen-Orient». Il a exprimé l’espoir que les négociations interrompues depuis plusieurs mois entre le Liban, la Syrie et Israël «reprendront et aboutiront le plus vite possible à une paix authentique», précisant que Washington «s’efforce de maintenir le calme et la stabilité» au Liban-Sud. «Nous avons encouragé toutes les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter tout acte provocateur susceptible d’entraîner une escalade» dans la partie méridionale du pays, a-t-il dit. C’est pratiquement le même discours que M. Satterfield a tenu dans chacune des étapes de sa visite. L’ambassadeur a ensuite assuré qu’il compte revenir dans la Békaa pour «poursuivre notamment le dialogue engagé avec un certain nombre des fils de cette région», avant de faire remarquer que «certaines personnes sont en faveur de cette visite, contrairement à d’autres». Ce sera d’ailleurs son seul commentaire concernant l’hostilité de M. Daoud à l’égard de son initiative. Après sa visite à Zahlé, M. Satterfield s’est rendu à Jeb Jannine où il a été reçu par le député Sami Khatib qui a offert en son honneur un «brunch» auquel les notables du village ont été conviés. M. Khatib devait notamment solliciter l’intervention de la chancellerie américaine pour régler le problème des civils expulsés la semaine dernière de Chebaa. Rachaya boycotte Dans Rachaya qui l’a froidement accueilli, M. Satterfield a visité la citadelle avant de tenir une réunion au sérail de la ville avec le caïmacam de la région, M. Diab Salloum. Le diplomate a été ensuite reçu successivement par Mmes Souleyma Dergham, ancienne présidente de la municipalité de Bakkifa, et Fadia Abou Ghanem, présidente de la municipalité de Mhaydsé. Mme Abou Ghanem a offert, au Park Hotel de Chtaura, un déjeuner en l’honneur de l’ambassadeur. Une fois l’ambassadeur rentré à Beyrouth, le député Fayçal el-Daoud a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il s’est félicité de ce que les habitants et les édiles de la région aient «rejeté la visite de l’ambassadeur». Après avoir rappelé «à quel point la Békaa a souffert des exactions israéliennes», le député s’est étonné qu’un État – les États-Unis – «qui se respecte et qui prétend défendre les droits de l’homme opprime les peuples par la politique qu’il suit et soutient Israël». M. Daoud s’est interrogé sur le timing de la visite, le qualifiant de «suspect, d’autant qu’il intervient après les soulèvements à Hasbaya et à Marjeyoun contre les exactions israéliennes». Selon lui, M. Satterfield a été accueilli dans la Békaa «par une minorité qui a des intérêts précis au niveau du développement ». «Tout le monde ici rejette la politique des États-Unis qui se tiennent du côté d’Israël et qui n’essaient même pas avec un minimum de crédibilité de parvenir à un règlement juste au Moyen-Orient», a-t-il conclu.