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Actualités - REPORTAGES

Théâtre - "Trois longues dames" au Madina Dur, dur, d'être une femme ! (photos)

Trois femmes, trois destins. Trois étapes d’une même vie. Trois femmes qui finalement n’en font qu’une. «Trois longues dames» d’Edward Albee (l’auteur du fameux «Qui a peur de Virginia Woolf ? ») se joue depuis hier, et jusqu’au 7 décembre, sur les planches du théâtre al-Madina, rue Clemenceau. Mise en scène par Nidal el-Achkar, cette pièce est interprétée par trois figures bien connues du public : Roula Hamadé, Carmen Lebbos et Randa Asmar, qui a également signé l’adaptation du texte en arabe. La pièce s’ouvre sur trois vieilles dames, appuyées sur leur canne, le dos tourné à la salle, le regard perdu dans un cadre rectangulaire servant à la fois de fenêtre sur un horizon bleu et d’écran où, au fil du récit, défilent les différentes tonalités de la vie. Trois vieilles pliées en deux, tassées par cette vie trop longue, pleines de peines, de déceptions, ponctuées de quelques joies fulgurantes, que l’on appelle un destin de femme. Chacune prend place et le jeu commence. Allongée sur sa chaise longue, Randa Asmar campe une vieille dame, riche et forte, qui n’a pas encore fini d’enquiquiner son monde. Celui-ci est composé de sa dame de compagnie (Carmen Lebbos), une femme entre deux âges, aux réflexions amères et désabusées, et d’une jeune femme de 26 ans (Roula Hamadé ) envoyée par le cabinet d’avocat qui s’occupe de ses intérêts. Entre les divagations de la vieille sénile et les vérités brutales assénées par la dame de compagnie sous couvert de réalisme, la jeune femme, qui croit encore au prince charmant, va se retrouver cruellement déniaisée. souvenirs et identification Radoteuse, paranoïaque, soupçonneuse, acariâtre, la vieille femme a le rôle dominant. Dans sa chauffeuse, elle passe en revue les moments forts de sa vie : son enfance sous la coupe de parents froids, stricts «aux visages secs», sa rencontre avec son époux, «un nabot qui n’avait qu’un seul œil», sa dispute avec son fils unique qui a par la suite viré homosexuel. Lorsqu’elle évoque son passé, elle s’anime, se transforme et redevient la femme forte et dure qui menait son monde à la baguette mais qui n’a jamais réussi à se faire aimer. La famille, la société, le mariage, les hommes, la maternité, la sexualité mais aussi la maladie, la déchéance, la mort qui guette… Les trois femmes vont se confier les unes aux autres. Leurs expériences se recoupent, s’entrecroisent. Leurs personnages se télescopent. Elles finissent par ne plus faire qu’une seule et même femme. Provocateur et cynique, ce texte d’Edward Albee se prête bien à la mise en scène originale de Nidal Achkar. La traduction «libanaise» de Randa Asmar fait mouche. Et la performance des trois actrices est bonne. Randa Asmar en particulier, qui passe avec une facilité déconcertante par tous les âges et tous les rôles. Le spectateur tient la route tout le long de cette pièce d’une heure vingt minutes, qui pourrait être oppressante, n’étaient les plages de rire… cruel.
Trois femmes, trois destins. Trois étapes d’une même vie. Trois femmes qui finalement n’en font qu’une. «Trois longues dames» d’Edward Albee (l’auteur du fameux «Qui a peur de Virginia Woolf ? ») se joue depuis hier, et jusqu’au 7 décembre, sur les planches du théâtre al-Madina, rue Clemenceau. Mise en scène par Nidal el-Achkar, cette pièce est interprétée par trois...