Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Réfugiés palestiniens - Clôture hier du colloque du Cedroma Contre l'implantation, deux négociations partagées et une vaste mobilisation médiatico-diplomatique (photo)

Essayer de replacer le problème de l’implantation dans son contexte véritable, c’est-à-dire rappeler qu’il s’agit avant tout d’un contentieux entre les Arabes et Israël, non entre les Libanais et les Palestiniens, tout en cherchant à dépasser les blessures non cicatrisées et les tabous de la démographie et du confessionnalisme, c’est ce qui a marqué la seconde et dernière journée du colloque organisé par le Cedroma (Centre d’études des droits du monde arabe, rattaché à l’USJ). «Il s’agit d’un problème entre deux victimes, les Palestiniens et les Libanais». Cette phrase de M. Rafic Khoury, rédacteur en chef du Anouar, résume hélas parfaitement la situation. Si le colloque intitulé : “Les moyens juridiques, diplomatiques et médiatiques de lutter contre l’implantation” n’a pas pu mettre au point une stratégie active et opérationnelle – puisque dans le contexte actuel local, régional et international, il est difficile de trouver des armes décisives –, il a au moins eu le mérite d’initier une réflexion en profondeur en abordant sans pudeur ni hypocrisie tous les aspects du problème. Grâce à la sagacité du président du Cedroma, le professeur Fayez Hage-Chahine, et à son remarquable esprit de synthèse, les débats ne se sont jamais égarés dans les multiples méandres d’un contentieux qui demeure très lourd entre les Palestiniens et les Libanais. La stratégie d’Israël Vedette incontestable de la seconde et dernière journée du colloque, l’ancien ministre Michel Eddé a captivé son auditoire en rappelant la stratégie israélienne consistant à déplacer les Palestiniens de leur sol, depuis 1948 à nos jours, les expulsant vers les pays arabes voisins afin qu’ils deviennent un problème interarabe et cherchant aujourd’hui à susciter une discorde confessionnelle au sein d’un peuple jusqu’alors laïc. M. Eddé, s’en est aussi violemment pris au chef de l’Autorité palestinienne qui «ose réclamer le droit de reprendre les armes au Liban». Il a déclaré notamment : «Ne voilà-t-il pas Yasser Arafat et ses sbires qui élèvent maintenant la voix avec une impudence et une effronterie sans pareilles, et qui demandent la réactivation du fameux accord du Caire que le Parlement libanais a déjà abrogé en 1987. Quand on sait que cet accord avait été imposé par la force au Liban, à une époque où les Palestiniens tenaient le haut du pavé et déclaraient poursuivre, coûte que coûte, leur lutte contre Israël, et quand on sait aussi que Yasser Arafat ne se contente pas seulement d’avoir mis bas les armes, mais qu’il pourchasse et persécute les résistants palestiniens qui continuent à combattre Israël, de même qu’il se soumet aux conditions posées par l’ennemi sioniste, on peut mesurer l’étendue de la duplicité de cet homme quand il ose réclamer le droit de reprendre les armes et de résister, mais cette fois évidemment et clairement contre le Liban seulement, pour la simple raison que notre pays a refusé de le suivre dans la voie de l’abandon et de la reddition, comme il refuse d’accepter le projet d’implantation qu’il cautionne et qui serait censé procurer une “patrie de rechange” aux malheureux réfugiés qu’il a abandonnés». Non content d’avoir occupé la tribune pendant plus d’une heure, prenant ainsi une partie du temps de parole consacré au rédacteur en chef du quotidien as-Safir Talal Selmane, M. Eddé est intervenu à toutes les étapes du colloque, répondant volontiers aux questions de l’assistance et poursuivant même le débat pendant la pause café, puisque tous les Palestiniens participant au colloque l’ont assailli de questions. Il a répondu à tous, réussissant malgré tout à ne pas perdre de vue le buffet. Une discussion en somme passionnante qui montre une fois de plus qu’en dépit des critiques que l’on peut lui adresser, le Liban demeure une oasis de liberté et d’échange. Si M. Selmane a commencé par décrire la tragédie des Palestiniens contraints à l’exode c’est pour montrer que l’implantation n’est que le résultat de cette terrifiante politique israélienne de purification ethnique, ajoutant que malheureusement, dans la presse libanaise, on obéit surtout à ses émotions et à celles de ses lecteurs. Il a ainsi déploré le fait que dès leur arrivée au Liban, les réfugiés palestiniens ont été traités selon leur religion, conformément aux critères libanais. Après un rapide état des lieux, M. Selmane a conclu par un constat d’impuissance. Il a toutefois appelé toutes les bonnes volontés à multiplier les efforts pour tenter de sortir de l’impasse : car selon lui, la persécution des Palestiniens au Liban ne leur ouvre pas la route de la Palestine, de même qu’ignorer leurs besoins humanitaires ne les pousse pas forcément à partir puisqu’en définitive, la solution n’est ni entre leurs mains ni entre les nôtres. Le choc des mots et des photos M. Rafic Khoury a été un peu plus nuancé, appelant les médias libanais et arabes à adopter une stratégie nouvelle basée sur la raison. Selon lui, la presse a un triple rôle : refléter la politique officielle, l’orienter et affronter celle de l’ennemi. Ce fut ensuite le tour de notre collègue Fady Noun, qui a lu un texte corédigé avec le Pr Antoine Messarra. Beaucoup moins pessimiste que MM. Selmane et Khoury, Noun a relevé que les deux négations (les nons chrétien et musulman à l’implantation) cette fois partagées et non opposées, tout en étant positives ne font quand même pas une campagne médiatique efficace. Tout en rappelant l’impact des images du massacre de Cana sur l’opinion internationale, Noun a préconisé l’utilisation des mots et des photos avec leurs poids émotionnels afin de bouleverser l’opinion et de la mobiliser en faveur du droit du retour des Palestiniens sur leur terre. «Mais notre devoir d’hospitalité ne doit jamais être mis en cause, sans qu’il n’aboutisse à une intégration des Palestiniens dans le pays d’accueil qui équivaudrait à un coup fatal à la cause de ce peuple.» Selon la plupart des intervenants, il s’agit donc essentiellement de mener une campagne active, non réactive, sur les plans juridique, diplomatique et médiatique afin de rappeler que c’est Israël le grand responsable de la situation actuelle des Palestiniens et que c’est donc à lui et à la communauté internationale de trouver les solutions équitables, conformément à l’orientation générale en faveur du respect du droit au retour des peuples contraints à l’exode. Reste l’épineux dossier des relations libano-palestiniennes qui a occupé une grande partie du débat entre l’ancien ministre Michel Eddé et les trois personnalités palestiniennes qui faisaient partie de l’audience. Dans quelle mesure la revendication de l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens dans les camps n’est-elle pas une nouvelle manipulation de Yasser Arafat et pourquoi ce thème n’est-il soulevé qu’aujourd’hui ? Autant de questions qui ne pouvaient être évoquées dans le cadre de ce colloque mais qui en ont quand même constitué la toile de fond.
Essayer de replacer le problème de l’implantation dans son contexte véritable, c’est-à-dire rappeler qu’il s’agit avant tout d’un contentieux entre les Arabes et Israël, non entre les Libanais et les Palestiniens, tout en cherchant à dépasser les blessures non cicatrisées et les tabous de la démographie et du confessionnalisme, c’est ce qui a marqué la seconde et dernière...