Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Loi électorale La formule des 13 circonscriptions pourrait être portée à 14 ou même à 16

Décidément, le gouvernement Hoss brille par une versatilité sans faille. Il n’entame presque rien sans ensuite freiner des quatre fers. Après la réforme administrative si tôt avortée, et les fumeux dossiers à scandales si vite refermés, son remarquable esprit de décision se trouve un nouveau support avec le projet de loi électorale. Aux dernières nouvelles en effet, la fameuse formule dite des 13 (circonscriptions) qu’on croyait pratiquement acquise est remise en cause. Les réticences de plus d’un pôle portent le gouvernement à faire machine arrière. Ou plutôt machine avant, dans ce sens que le fractionnement géographique va être encore étendu et que l’on va probablement avoir en définitive 14 ou même 16 circonscriptions. En tout cas, les prosélytes du mohafazat gardé intact, c’est-à-dire des cinq circonscriptions, doivent en faire leur deuil. Les dirigeants, eux-mêmes divisés sur d’autres points, sont toutefois d’accord pour estimer qu’il faut un modèle plus réduit. Ils assurent en outre en chœur que les élections auront lieu sans faute dans les délais légaux. On peut en douter. Ou le regretter. Car beaucoup de retard a déjà été accumulé, la loi ne pouvant pas être prête avant fin février, de l’aveu même des responsables. Dès lors, si les délais pour le scrutin étaient respectés, la campagne électorale serait trop courte. Aussi bien pour les électeurs que pour les candidats d’ailleurs. Car il faut un certain temps aux citoyens pour s’adapter aux configurations et aux mixages, souvent étonnants, que propose le projet gouvernemental. Sans compter que l’État lui-même devrait arranger à la hâte un dispositif pour le Sud dont en principe l’Israélien se serait déjà retiré le jour des élections. Toujours est-il que la formule des 13 indispose plus d’un pôle influent qui risque justement, si elle était appliquée, de perdre de son influence. C’est-à-dire ne plus avoir autant de députés à sa solde. Cependant l’un des hérauts du pouvoir, M. Élie Ferzli, vice-président de la Chambre, répond à ces personnalités inquiètes en rappelant que «nous avons expérimenté, après en avoir pris la défense et combattu pour son adoption, la formule du mohafazat. Il nous est apparu que nous avions fait fausse route, que ce n’est pas l’idéal comme système électoral. En effet, cette formule ne préserve pas les particularités et tend à éliminer des parties déterminées dans nombre de régions. Ce qui ne va pas avec la devise d’égalité prônée par le chef de l’État». Toujours est-il que le découpage du gâteau en 13 parts a provoqué des protestations massives dans trois zones : Beyrouth, le Sud et le Nord. Dans cette dernière région, le président Omar Karamé et les représentants de Bécharré rivalisent en récriminations. Ils ont en effet cru comprendre que le district allait être divisé en deux : Tripoli-Zghorta-Koura-Batroun avec 12 députés de diverses confessions ; Bécharré-Denniyé-Minia-Akkar, avec 16 sièges. Un tracé tout à fait surprenant sur le plan géographique. M. Karamé réclame donc que Minia, qui est à deux pas de sa ville, et Denniyé, qui s’inscrit dans son prolongement, soient rattachés à Tripoli. De même, et inversement, les députés de Bécharré ne voient pas pourquoi leur région serait séparée de son environnement naturel, qui est Zghorta puis plus bas Tripoli, pour être liée à de lointaines contrées comme le Akkar. Il est cependant assez évident que pour biscornu qu’il paraisse, le découpage en base des 13 aurait permis de rogner les ailes des FL qui ont durant les municipales montré leur force électorale à Bécharré. En face, ce découpage affaiblirait aussi les fondamentalistes islamistes à Minia et à Denniyé. C’est donc ce que l’on appelle le «brassage», souhaité par le pouvoir. Mais ni la population ni les leaderships politiques ne comprennent vraiment la profondeur de tels desseins et de pareils dessins surréalistes sur la carte. Aussi on semble devoir y renoncer. D’autant que le programme est tout aussi absurde au Sud. Là, la formule dite des 13 prévoyait deux circonscriptions : Bint Jbeil-Tyr-Saïda-Zahrani, 12 députés ; puis Marjeyoun-Hasbaya-Nabatiyé et… Jezzine, 11 députés. Personne ne comprend pourquoi Jezzine, qui donne sur Saïda d’un côté, sur le Chouf de l’autre, devrait voir son destin associé à Nabatiyé, à mille lieues de là. Il y a enfin Beyrouth. Le plan des 13 y prévoyait deux circonscriptions. Mais comment éviter alors la césure confessionnelle Est-Ouest ? Beaucoup proposent donc qu’il y ait trois secteurs, chacun de cinq sièges : Achrafieh-Médawar-Mazraa ; Mousseitbé-Zokak el-Blatt-Rmeil ; Aïn el-Mreissé-Saïfi-Minet el-Hosn-Ras Beyrouth. Cela si MM. Rafic Hariri et Sélim Hoss, qui sont d’accord sur ce point, acceptent que la capitale soit divisée. Auquel cas, selon un ministre influent, on aurait le topo suivant : Mont-Liban, quatre circonscriptions ; Békaa, trois ; Beyrouth, trois ; Nord, trois ; Sud, trois. Donc 16 unités au total. Une variante se contenterait de 14, en ne divisant le Nord et le Sud qu’en deux chacun.
Décidément, le gouvernement Hoss brille par une versatilité sans faille. Il n’entame presque rien sans ensuite freiner des quatre fers. Après la réforme administrative si tôt avortée, et les fumeux dossiers à scandales si vite refermés, son remarquable esprit de décision se trouve un nouveau support avec le projet de loi électorale. Aux dernières nouvelles en effet, la fameuse...