Kosovo - Des centaines de milliers d'albanais fuient l'épuration ethnique serbe Les Kosovars sur les routes de l'exode(photo)

Une véritable tragédie humaine à l’échelle de tout un peuple se déroule dans les Balkans. Combinant offensives, exactions et menaces, les forces serbes ont décidé hier de «vider» les villes de l’ouest du Kosovo, dans le cadre d’une massive opération d’«épuration ethnique», selon l’Otan et les organisations humanitaires, accélérant l’exode de centaines de milliers d’habitants albanais de la province. À pied, en voiture, juchés sur des tracteurs, des charrettes, les Kosovars continuaient de fuir de plus en plus nombreux, principalement vers l’Albanie, qui supporte le poids le plus lourd de l’exode, la Macédoine et le Monténégro voisins. Le commissaire européen à l’Aide humanitaire, Emma Bonino, qui doit prochainement se rendre dans les Balkans, a pour sa part affirmé qu’il y avait déjà entre «80 000 et 100 000 réfugiés» du Kosovo en Albanie. La fuite de la population a atteint un tel niveau qu’un communiqué au ton désespéré de l’Armée de libération du Kosovo a demandé à la population de ne pas abandonner la province, et aux hommes de retourner se battre contre les Serbes. Cependant, à Pristina, capitale de la province, deux personnalités qui avaient participé aux négociations de Rambouillet et de Paris ont été sommairement exécutées «pour l’exemple», selon certains témoignages. L’Alliance a indiqué de son côté concentrer désormais ses frappes, qui n’ont pas cessé durant la journée d’hier, contre la police, les forces paramilitaires et l’armée yougoslaves pour tenter d’enrayer ce «nettoyage ethnique» en cours d’intensification. À cet effet, l’Otan a accru son potentiel militaire notamment en augmentant le nombre de ses bombardiers. Mais les experts commencent à douter du résultat définitif des frappes aériennes insistant sur la nécessité d’engager des troupes terrestres pour pouvoir vraiment venir à bout des forces serbes.