L'Egypte accapare le fleuve

Le partage des eaux du Nil est basé sur un accord égypto-soudanais signé il y a quarante ans, aujourd’hui contesté par les autres pays riverains, qui réclament leur dû. Sur un parcours de 6 671 km, le Nil arrose un dixième du continent africain et dix pays sur trois millions de km2 : Égypte, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Rwanda, Burundi, République démocratique du Congo, Éthiopie, Kenya, et Erythrée. Le système fluvial se compose de deux affluents, le Nil blanc, qui prend sa source dans le lac Victoria (Kenya, Rwanda, Tanzanie, Ouganda), et le Nil bleu, issu du lac Tana (Éthiopie). Le débit du Nil est estimé à 84 milliards de mètres cubes par an, soit près du quart des quantités disponibles pour tout le Proche-Orient et l’Afrique (350 milliards de m3/an). La plus grande partie des eaux du fleuve est utilisée par l’Égypte, en vertu d’un traité signé en 1959 avec le Soudan. Il alloue aux deux pays des volumes qui représentent, au total, près de 90 % du débit du fleuve. Selon ce traité bilatéral, le quota annuel d’eau du Nil se monte à 55 milliards de m3 pour l’Égypte et 18 mds/m3 pour le Soudan. En théorie, il ne reste donc qu’un volume de 11 mds/m3 disponibles pour tous les autres pays. Ces pays en amont, en particulier l’Éthiopie, voudraient aménager le cours du Nil pour faire face aux besoins d’une population en expansion. Aussi contestent-ils l’accord égypto-soudanais et réclament-ils une répartition équitable des eaux de ce fleuve entre les pays riverains. L’Égypte a toujours refusé de renégocier cet accord, estimant que seuls 8 % des 1 600 milliards de m3 du bassin du Nil sont utilisés, et que ces eaux perdues pourraient être exploitées dans le cadre d’une coopération entre riverains. La population du bassin du Nil est estimée à 250 millions de personnes, selon TeccoNile (organisme de coopération technique sur le Nil). Si le taux d’accroissement de 3 % se maintient, elle dépassera 400 millions d’habitants en 2025 et approchera le milliard en 2050. L’Égypte est le pays riverain du Nil qui a le Produit intérieur brut (PIB) le plus important avec 630 dollars/habitant/an, devant le Soudan (540 dollars) et l’Éthiopie (120 dollars), qui ne pourrait se lancer seule dans des aménagements du fleuve sans une forte contribution des institutions internationales.