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Actualités - REPORTAGES

Al-Bustan Katia Ricciarelli, divine diva (photos)

Une présence, du glamour et surtout une voix. Avec un démarrage un peu difficile il est vrai! Voilà la «Ricciarelli» sous les feux de la rampe du festival d’al Bustan. Divine diva dans ses robes (l’une rouge vif à crinoline et à traîne, l’autre couleur cannelle en dentelle avec gilet trois-quarts et falbalas jusqu’aux mollets) et ses bijoux, Katia Ricciarelli, cette irrésistible desdemone aux yeux clairs et à la chevelure blond vénitien dans le film de Franco Zeffirelli, est là pour l’enchantement et l’émerveillement des belcantistes libanais. Mais le programme qu’elle a proposé aux auditeurs n’est pas de ceux qui font chavirer le cœur par la bravoure ou les passages périlleux pour atteindre ce mirifique contre-ut mais par la subtilité et l’intensité de l’émotion ainsi que la couleur qui sied à la tessiture et le timbre de sa voix... Programme éclectique, d’une finesse savamment dosée où la voix humaine opère en douce tous les sortilèges... Sirène à la voix d’ange, Katia Ricciarelli a opté pour des airs peu connus du grand public mêlant des partitions de Haendel, Vivaldi, Paisiello, Tosti, Rossini, Cilea et Puccini. Accompagnée au piano par Vincenzo Scalera, Katia Ricciarelli a entamé son récital avec un air (Nel cor piu mi sento) de G. Paisello, mélodiste de talent qui fit connaître l’opéra bouffe en Russie et qui eut une grand influence aussi bien sur Cherubini que Bellini. Haendel devait prendre le relais. Un largo (Ombra mai fu) et une aria d’Agrippine d’après le livret du cardinal Grimani (L’alma mia fera le tempeste) donnent toute la mesure d’une narration à l’inspiration libre et dont la mélodie est d’une délicieuse spontanéité. Pureté et limpidité, voilà les mots clés pour savourer le monde sonore de celui dont Liszt disait qu’il «est grand comme le monde». Chiare onde et Sposa son disprezzata d’Antonio Vivaldi ont jeté une note de toutes les saisons où la musique baroque avait toutefois la couleur d’un ciel d’avant l’orage de Venise... Pour terminer la première partie de ce programme, du Rossini. Frais, pétillant, léger, un vrai rayon de soleil... Une chanson espagnole, L’Ultima recordo et un air de Tancrede Di tanti palpiti se sont succedé allumant brusquement la salle du feu sacré du pur belcanto grâce à ce qu’on désigne chez Rossini par un luxe de mélodies heureuses... Après l’entracte, cinq airs tirés des partitions de Sir Paolo Tosti. Idéale, La chanson de l’adieu, Pour un baiser et A Vucchella étaient autant de superbes expressions vocales pour dire les intermittences du cœur et les tourmentes de la passion. Est- ce un message au public ou simple choix d’une tirade qui glorifie qu’Adrienne Lecouvreur demeure à jamais la servante de l’art devant les compliments qui l’assaillent? Io sono l’umile ancalla est bien l’air qui réapparaît tout au long de l’opéra de Francesco Cilea et que Ricciarelli chante là comme une illustration pour la dévotion qu’elle porte à son art et qu’atteste déjà cette longue carrière couronnée de succès... Et pour terminer, la cruelle et sanguinaire Turandot de Puccini a ici des accents à faire fondre l’âme... «Toi dont le cœur est de glace» constitue le sommet émotionnel de cette audacieuse œuvre de Puccini et Ricciarelli l’a restitué dans sa gravité et profondeur dans un élan de grande sensibilité. Mélange de vois piquante et ductile, de grâce féline et d’énergie farouche, Katia Ricciarelli, vestale de l’art lyrique et dia assoluta, a subjugué l’audience par des sonorités ensorcelantes, marquées par la rapidité et les changements de ses coloratures où dominaient maîtrise du souffle et qualité du phrasé. Servie par un port de reine et un visage radieux, la Ricciarelli, actrice consommée et voix d’or à la blessure voilée, a su communiquer à son chant une flamme et une présence irrésistibles. Elle a offert aux belcantistes un récital dont on sort comme sur un nuage, heureux, étourdi, le cœur et la tête bercés par l’euphorie...
Une présence, du glamour et surtout une voix. Avec un démarrage un peu difficile il est vrai! Voilà la «Ricciarelli» sous les feux de la rampe du festival d’al Bustan. Divine diva dans ses robes (l’une rouge vif à crinoline et à traîne, l’autre couleur cannelle en dentelle avec gilet trois-quarts et falbalas jusqu’aux mollets) et ses bijoux, Katia Ricciarelli, cette irrésistible...