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Actualités - ANALYSE

Budget - Effort collectif pour remonter la pente L'heure de vérité a sonné

Ceux qui guettent la moindre erreur du gouvernement pour le critiquer et miner la confiance des Libanais dans leurs dirigeants jouent avec le feu s’ils pensent que leur action s’inscrit dans le cadre de l’exercice légitime du droit à l’opposition politique, assure une source officielle, sous le couvert de l’anonymat. Bien au contraire, il est de l’intérêt de tous, loyalistes et opposants, de coopérer et de se solidariser pour sauver le pays de la crise économique qu’il traverse. Un effondrement économique et monétaire, en effet, affecterait tous les Libanais sans exception, riches et pauvres, ajoute la source citée. Et de préciser qu’en matière économique et financière, les règles ne sont pas les mêmes qu’en matière politique. En politique, si tant est que la situation économique d’un pays est relativement saine, rien n’empêche que la règle de l’alternance démocratique joue à plein. Mais quand la situation économique est ce qu’elle est aujourd’hui au Liban, quand le déficit budgétaire atteint 45 %, quand le taux de croissance de la dette publique dépasse le taux de croissance de l’économie nationale, les règles de l’alternance ne jouent plus. On peut tout juste débattre des moyens à mettre en œuvre pour empêcher la dette publique de grossir, d’année en année, mais on ne saurait débattre de l’opportunité de mettre fin à cet effet boule de neige. Dans ce cas précis donc, il n’existe pas une alternative à l’effondrement, et il est faux de croire que si le gouvernement actuel échoue, un autre Cabinet pourra relever le défi. Ceci est particulièrement vrai si, en plus de la situation économique et financière délicate, un pays fait face à une menace quotidienne pesant sur sa sécurité et à une situation confuse née d’un passé et de guerres intestines mal assumées, dont les effets continuent d’être ressentis dans la perception que les Libanais ont de leur pays, comme dans les rapports entretenus par les différentes communautés entre elles. En cas d’effondrement monétaire, les ministrables et ceux qui, aspirant à un maroquin, font flèche de tout bois pour l’obtenir, n’auront plus grand chose à sauver s’ils réussissent. Car la livre libanaise, l’un des rares symboles d’un Liban uni à être resté imperméable aux tensions confessionnelles, entraînera dans sa chute loyalistes et opposants, petits et grands, ministres et ministrables. Fort heureusement, souligne la source officielle citée, le choc du départ de M. Rafic Hariri a été absorbé, et la confiance que le chef de l’État et le Premier ministre inspirent aux Libanais a eu raison des fluctuations de la livre; mais il ne faut pas tenter le diable. Un legs très lourd On l’a dit, et rien n’est plus vrai, ajoute la source, le legs économique et financier laissé par le gouvernement sortant est lourd, très lourd et l’effort pour remonter la pente doit être collectif. Les retards, les hésitations, dans l’établissement du nouveau budget ne doivent pousser personne à jeter le discrédit sur l’équipe gouvernementale, ou sourire de son amateurisme. Dans ce domaine, les tâtonnements sont inévitables, les divergences normales, d’autant plus qu’à son arrivée le gouvernement s’est trouvé en face d’une administration en partie désœuvrée, mal informée, en raison des circuits parallèles mis en place par M. Hariri. Ainsi, beaucoup de données ont dû être recomposées à partir d’informations éparses. C’est ainsi que l’on a «découvert» qu’à la dette publique reconnue par le gouvernement sortant, et en base de laquelle des chiffres optimistes ont été fournis au sujet du déficit budgétaire, il a fallu ajouter 1 200 milliards de livres, montant des dettes dues par l’État aux hôpitaux privés et aux entrepreneurs de travaux publics. Mais la politique de la «fuite en avant» suivie par le gouvernement sortant est désormais dépassée. Il n’est plus possible de fermer les yeux sur ce déficit en faisant miroiter, aux yeux du citoyen, les perspectives de nouveaux crédits et de nouveaux projets, de promesses de relance. L’heure de vérité à sonné. Comme il y a une vérité des prix, il y a aujourd’hui une vérité budgétaire : 18 milliards de dollars de dette publique et un service de la dette qui croît de mois en mois, de semaine en semaine. Il est donc indispensable de prendre son temps pour équilibrer le budget plutôt que de se hâter et de le regretter par la suite. Privatisations, taxes, impôts : tout doit être examiné sans complexe, pour que la meilleure formule possible soit dégagée. Et il est inutile de prétendre, comme font les tartuffes de la politique locale, que si un homme est malade, c’est de la faute du médecin.
Ceux qui guettent la moindre erreur du gouvernement pour le critiquer et miner la confiance des Libanais dans leurs dirigeants jouent avec le feu s’ils pensent que leur action s’inscrit dans le cadre de l’exercice légitime du droit à l’opposition politique, assure une source officielle, sous le couvert de l’anonymat. Bien au contraire, il est de l’intérêt de tous, loyalistes et...