De la prudence en statistique

L’étude sur les conditions de vie des ménages 1997, publiée en 1998 par l’Administration centrale de la statistique, est actuellement considérée comme la référence majeure dans un domaine jusque-là caractérisé par un manque chronique en chiffres fiables, basés sur un travail de terrain. Cette enquête a été effectuée sur un échantillon large : 15 000 ménages (cellules économiques partageant un même budget), c’est-à-dire 2,5 % des ménages résidant de manière permanente au Liban (y compris les travailleurs immigrés et les réfugiés palestiniens). L’autre référence en la matière est l’étude effectuée en 1996 par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUP) et le ministère des Affaires sociales, qui concernait 65 000 ménages (exclusivement des ressortissants libanais), soit 10 % du total. La définition même de population est donc divergente au départ. Les deux études emploient en fait des méthodologies et des critères parfois différents, ce qui se reflète aussi dans les résultats qu’elles proposent. L’étude de l’Administration centrale de la statistique a adopté, pour déterminer la force de travail, une définition très large : est considéré comme travailleur celui qui travaille une heure ou plus par semaine. Par conséquent, n’est considéré comme chômeur (définition très étroite) que celui qui n’a jamais travaillé pendant la période étudiée. Le chiffre proposé (8,5 %) ne comptabilise donc que le chômage total. Par ailleurs, les nomenclaturas utilisées dans telle ou telle étude peuvent aussi varier et prêter ainsi à confusion. L’Administration centrale emploie par exemple les catégories socio-professionnelles établies par l’Organisation internationale du travail, tout en reconnaissant qu’elles ne sont pas toujours adaptées à la réalité libanaise.