Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Justice - Le président de la CGTL en correctionnelle Elias Abou Rizk proteste de sa loyauté envers l'Etat (photo)

«La CGTL, qui a consenti de nombreux sacrifices pour l’édification de l’État de droit, se retrouve aujourd’hui dans le box des accusés». L’homme qui tient ces propos devant le juge unique statuant en matière pénale, Ghada Abou Karroum, n’est autre que le président de la centrale syndicale, Élias Abou Rizk, qui, après un long chemin de croix, peut de nouveau parler au nom de tous les travailleurs du Liban. Qu’importe si, entre le déclenchement des poursuites engagées contre lui et contre le secrétaire général de la centrale à l’époque, M. Yasser Nehmé, pour atteinte au prestige de l’État, et l’audience d’hier, il y a eu un changement de régime, la justice doit quand même suivre son cours. Ainsi, changement de régime ou pas, rien ne sera épargné au président de la centrale syndicale Élias Abou Rizk. Après avoir été privé de ses fonctions à la suite d’élections truquées de l’avis même de son successeur à l’époque, M. Ghanim Zoghbi, le 24 avril 1997, et après avoir passé neuf jours en détention préventive pour usurpation de titre et de fonctions et pour atteinte au prestige de l’État, il comparaît devant le juge Ghada Abou Karroum. Soucieuse d’imposer son autorité à une assistance enfiévrée, venue soutenir Abou Rizk, Mme Abou Karroum s’adresse aux inculpés sur un ton très sévère, les rappelant sèchement à l’ordre lorsqu’ils s’écartent du cadre des questions précises qu’elle leur pose. Abou Rizk, qui croyait en avoir fini avec les jours de misère, est d’abord pris de court. Mais il se ressaisit très vite et, avec la confiance de celui qui croit en son bon droit, il répète au magistrat ce que tous ceux qui ont suivi les turbulences au sein de la CGTL au cours des deux dernières années savent déjà. La plainte à l’OIT Tout avait commencé le 13 avril 1997, avec les élections à la fédération des syndicats du Sud, en prélude aux élections générales à la centrale syndicale. Les forces de l’ordre avaient investi les locaux du siège de la fédération à Saïda, avaient séquestré syndicalistes et journalistes avant de procéder à des élections truquées. Le scénario s’est répété à plus grande échelle le 24 avril de la même année, lors des élections générales à la CGTL. Abou Rizk et Nehmé avaient alors adressé une plainte à l’Organisation internationale du travail, une sorte d’instance internationale, rattachée à l’Onu, compétente pour étudier les litiges entre les travailleurs, les patrons et les gouvernements des pays qui en sont membres. Dans cette plainte, présentée sous forme de deux lettres datées du 17 et du 24 avril 1997, les responsables syndicaux libanais faisaient état de violations de la loi, de trucages, d’ingérences gouvernementales dans les affaires syndicales et de menaces directes contre eux. Interrogé par Mme Abou Karroum, Abou Rizk explique chacune de ces accusations, rappelant aux personnes présentes les épisodes du terrible bras de fer qui avait opposé la centrale syndicale au gouvernement précédent et plus particulièrement au ministère du Travail. À l’issue de ce bras de fer, le gouvernement avait d’ailleurs réussi à diviser la CGTL en deux centrales syndicales, l’une dite indépendante, l’autre loyaliste. Il avait fallu les multiples pressions de l’OIT et du BIT, ainsi que diverses médiations, pour que le chef de la centrale loyaliste démissionne et pour que de nouvelles élections ramènent Abou Rizk à la tête de la CGTL. Le président de la centrale précise aussi au magistrat que ces plaintes sont choses courantes et même nécessaires, les syndicalistes ayant pour obligation d’alerter les instances internationales spécialisées en cas d’atteinte aux libertés syndicales. Dans ce contexte, les lettres envoyées par lui et Nehmé ne sont qu’une correspondance interne. Prochaine audience le 26 mai À une question de son avocat, Me Naji Boustany, il répond en affirmant qu’il n’avait nullement l’intention de porter atteinte au prestige de l’État. «Comment pourrais-je le faire, alors que la CGTL a consenti de nombreux sacrifices en luttant pendant les années de guerre pour la réunification du pays et la fin des luttes fratricides ?», répond-il. «C’était d’ailleurs la seule institution du pays à ne pas avoir été divisée et c’est elle qui organisait des manifestations de retrouvailles entre les habitants des deux secteurs de la capitale, place du Musée». L’assistance écoute religieusement et si elle ne craignait pas les remontrances du juge, elle aurait sûrement applaudi les propos d’Abou Rizk. Malgré tout, ce dernier n’est pas au bout de ses peines, puisque la prochaine audience qui sera consacrée aux plaidoiries a été fixée au 26 mai.
«La CGTL, qui a consenti de nombreux sacrifices pour l’édification de l’État de droit, se retrouve aujourd’hui dans le box des accusés». L’homme qui tient ces propos devant le juge unique statuant en matière pénale, Ghada Abou Karroum, n’est autre que le président de la centrale syndicale, Élias Abou Rizk, qui, après un long chemin de croix, peut de nouveau parler au nom de...