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Actualités - REPORTAGES

Liban-Sud - Des journalistes aux premières lignes dans l'Iqlim el-Touffah La Résistance dévoile une partie de sa logistique (photo)

Ce sont donc eux qui harcèlent depuis des années l’armée d’occupation israélienne au Liban-Sud et donnent tant de soucis aux hauts responsables militaires et politiques de l’État hébreu. Des jeunes gens, la vingtaine à peine, le sourire timide, et les gestes un peu gauches quand ils rencontrent des personnes venues d’univers qu’ils pensent tellement différents et lointains du leur. Dans un acte de transparence dont il n’est pas coutumier lorsqu’il s’agit de son aile militaire, le Hezbollah a organisé hier une visite aux premières lignes dans son fief de l’Iqlim el-Touffah (notamment Aïn-Bessouar), à l’est de Saïda, d’où sont lancées la plupart des attaques anti-israéliennes. Le visage barbouillé de suie, tapis derrière des buissons ou cachés sous un olivier à un jet de pierre des positions ennemies, les résistants ont vu leurs tranchées envahies par des dizaines de journalistes libanais, arabes et occidentaux. Les représentants d’une cinquantaine de médias ont pu mettre des visages à ces combattants, héroïques pour certains, fanatisés pour d’autres. Ils ont vécu avec ces jeunes gens l’espace d’une journée, marchant sur les sentiers qu’ils empruntent pour se faufiler dans la zone occupée, et se familiarisant avec le matériel militaire utilisé lors des opérations. Tout cela s’est déroulé sous la surveillance continue d’avions israéliens à la curiosité visiblement attisée par cette activité inhabituelle dans ce lieu perdu. Après avoir survolé le secteur pendant des heures, comme des vautours à la recherche d’une proie, les appareils ont finalement lâché leurs bombes un peu plus au sud, sur Jibal el-Botm. La partie intéressante de cette tournée commence à Jbaa, un village dont les rues sont sillonnées par des combattants barbus se déplaçant à moto. . À partir de cette localité, les responsables du Hezbollah ne donnent plus d’indication sur la direction qui va être prise. Le transport vers les premières lignes se fait à bord de fourgonnettes aux vitres recouvertes de rideaux opaques. Un quart d’heure plus tard, le véhicule quitte la route asphaltée et emprunte un sentier en terre battue. Au bout de la ligne, on a l’impression d’avoir émergé dans un monde différent. Le béton, encore visible au départ, a cédé la place à une nature verdoyante faite d’une succession de collines et de vallons. Seule la voix à peine audible d’un muezzin, sortie de nulle part, nous rappelle que quelques kilomètres plus loin, des habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes autant que le leur permet la proximité des positions israéliennes. Le reste du chemin se fait à pied. En file indienne, les visiteurs traversent des champs en terrasse laissés à l’abandon. De temps à autre ils aperçoivent des combattants en tenues camouflées, embusqués derrière un rocher ou accroupis à l’ombre d’un arbuste. Sur le flanc de la colline le moins exposé aux positions israéliennes une immense tente en toile verte attend ses visiteurs. Elle est recouverte d’un filet de camouflage pour la protéger des yeux indiscrets des avions israéliens. Sous cet abri de fortune, les responsables à l’information du Hezbollah remercient les journalistes pour avoir fait le déplacement et un officier de la Résistance, présenté sous le pseudonyme de Ammar, fait un exposé de la situation militaire, loin des objectifs des caméras. La zone qu’il commande fait face aux positions tenues par le 10e bataillon de la milice de l’Armée du Liban-Sud (ALS). Il s’agit du fortin et de la caserne de Rihane, des positions de Aramta et de Kfarhouna, de la caserne de Aïchiyé et des positions de Bir Kallab, Ghazlane et Sojod, des noms que tous les Libanais connaissent sans être capables, toujours, de les localiser sur une carte. Après ce briefing militaire, c’est la visite des positions avancées. Sous un olivier, les journalistes découvrent des roquettes multitubes Grad (Katiouchas), montées sur un véhicule militaire. Deux terrasses plus bas, c’est un mortier de 120mm, tellement bien camouflé qu’on ne le distingue pas à trois mètres. Mais la pièce maîtresse du dispositif militaire reste le missile antichar téléguidé Sagger, montré pour la première fois en public. Ces dizaines de personnes évoluant dans un secteur habituellement très peu fréquenté attirent l’attention des Israéliens qui envoient leurs appareils en reconnaissance. Ces survols aériens intensifs inquiètent les responsables de la Résistance. Et quand la visite s’achève, c’est avec un soulagement bien dissimulé qu’ils voient leurs hôtes disparaître. Rapidement mais en bon ordre, chacun regagne sa position. La nuit sera peut-être chaude.
Ce sont donc eux qui harcèlent depuis des années l’armée d’occupation israélienne au Liban-Sud et donnent tant de soucis aux hauts responsables militaires et politiques de l’État hébreu. Des jeunes gens, la vingtaine à peine, le sourire timide, et les gestes un peu gauches quand ils rencontrent des personnes venues d’univers qu’ils pensent tellement différents et...