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Actualités - ANALYSE

Liban-Syrie - Le sommet Lahoud-Assad a été centré sur le processus de paix Les perspectives régionales inquiètent les milieux politiques

Le sommet entre les présidents Émile Lahoud et Hafez el-Assad, vendredi dernier, a revêtu une importance particulière non seulement parce que c’était la première rencontre du genre depuis l’avènement du nouveau régime au Liban et parce qu’il est intervenu deux jours après la réélection du chef de l’État syrien, mais aussi en raison des questions qui y ont été abordées et qui s’articulent principalement autour des développements régionaux. Les dossiers relatifs aux relations bilatérales ont naturellement été évoqués entre les deux présidents. Les entretiens ont été toutefois centrés sur les dossiers régionaux, à quelques semaines des élections législatives en Israël desquelles dépend, dans une large mesure, l’avenir du processus de paix au Proche-Orient. Un renforcement de la coordination et de la coopération libano-syrienne et un retour à un minimum de solidarité arabe seront sans doute nécessaires au lendemain du scrutin en Israël pour faire face à d’éventuelles surprises. C’est d’autant plus nécessaire que les agressions israéliennes se poursuivent au Liban-Sud et que les responsables israéliens multiplient les déclarations sur les arrangements de sécurité avant tout retrait de la partie méridionale du pays. Des déclarations couplées d’une initiative turque visant à convaincre le Liban d’envisager sérieusement des arrangements sécuritaires en contrepartie d’une évacuation de la bande frontalière. La période de l’après-élection en Israël pourrait être marquée par une reprise de la pression militaire contre le Liban et la Syrie pour les contraindre à accepter les conditions de l’État hébreu ou pour obtenir une dissociation des volets libanais et syrien, au cas où le règlement du dossier de l’occupation du Golan paraîtrait difficile. C’est cela qui a amené les candidats au poste de Premier ministre en Israël, dont Benjamin Netanyahu, à déclarer que cette année sera celle de la signature d’un accord de paix avec le Liban et la Syrie. Ces prévisions s’accompagnent d’analyses américaines selon lesquelles plusieurs pays arabes vont connaître dans les deux prochaines années des changements au niveau des figures dirigeantes, avec tout ce que cela comporte comme incertitude pour l’avenir. Un haut responsable économique US, cité par la revue Le miroir de la presse arabe, éditée par l’Institut des études et des recherches sur le Proche-Orient, aurait dit lors de la rencontre de Davos : «Le monde arabe ressemble plus que jamais à une immense salle vitrée qui risque de s’effondrer à tout moment». Guerre régionale ? Plus rien n’est à l’abri d’éventuels bouleversements. Certains analystes estiment par exemple que le cours du pétrole serait soumis à la loi du marché. Le prix du baril serait alors fixé par les bourses américaines ou tout simplement par l’Administration US. On s’interroge aussi sur l’avenir de la Jordanie avec l’intronisation du nouveau roi Abdallah, sur les relations entre le royaume hachémite et l’Irak et sur la question de la confédération jordano-palestinienne. On se pose également beaucoup de questions sur les intentions de Netanyahu pendant la période qui nous sépare des élections. Les craintes d’une éventuelle guerre régionale existent réellement. On spécule enfin sur ce qui pourrait se produire en cas d’échec de Netanyahu aux élections : son successeur voudra-t-il et pourra-t-il relancer le processus de paix ? Conscient de tous ces scénarios, le président Assad a déjà imaginé une série de mesures pour faire face à toutes ces éventualités. Pour le chef de l’État syrien, la priorité va à la poursuite de la coordination avec le Liban pour renforcer la simultanéité des deux volets. Ses entretiens avec le président Lahoud lui ont permis de constater que le dirigeant libanais est très attaché à la coopération avec Damas en vue d’aboutir à une paix juste et globale. C’est ce qui a poussé M. Assad à dire devant les journalistes lors de l’accueil officiel réservé au général Lahoud : «Nous (le Liban et la Syrie) sommes toujours ensemble». M. Lahoud a répondu : «Nous le resterons jusqu’au bout si Dieu le veut». Le président Assad est par ailleurs conscient que le renforcement de l’unité interne et la réalisation de l’entente nationale au Liban sont indispensables pour faire face aux éventuels bouleversements régionaux. Cela nécessite une ouverture du pouvoir libanais en direction de l’opposition et vice versa. C’est, ce qui pousse Damas à se tenir à égale distance de toutes les forces politiques libanaises. Cette attitude s’est traduite à Beyrouth par une reprise des contacts entre le pouvoir et ses alliés et l’opposition. Ces dix derniers jours, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, le ministre Sleimane Frangié, le directeur général de la Sûreté générale, le brigadier Jamil Sayyed, et l’ancien ministre Albert Mansour, ont rencontré l’ancien chef du gouvernement, M. Rafic Hariri. M. Ferzli a indiqué qu’il avait examiné avec M. Hariri les moyens de ne pas mêler le président Lahoud aux tiraillements politiques entre le gouvernement et l’opposition. Les deux hommes sont tombés d’accord sur le fait que l’économie et les finances font partie de la sécurité nationale et qu’il fallait à tout prix soustraire ces deux secteurs aux surenchères et aux polémiques. Autre priorité du président Assad : resserrer les rangs arabes et revenir à un minimum de solidarité pour faire face à Israël qui a réussi à imposer son point de vue dans les négociations de paix. C’est pour cela que le chef de l’État syrien s’est rendu, à la tête d’une importante délégation, aux funérailles du roi Hussein avec qui, pourtant, il n’entretenait pas des rapports cordiaux. M. Assad devrait intensifier ses efforts dans la période à venir pour éliminer les obstacles qui empêchent la tenue d’un sommet arabe. Dans le même esprit, les rencontres bilatérales ou multilatérales entre les dirigeants arabes devraient se multiplier. Toutefois, les objectifs que s’est fixés le chef de l’État syrien ne sont pas faciles à atteindre. Le président égyptien Hosni Moubarak a déclaré lors de sa rencontre la semaine dernière avec le président de l’Ordre des rédacteurs Melhem Karam qu’il faut à tout prix garantir le succès d’un éventuel sommet arabe, sinon les résultats seraient catastrophiques. «Sans préparation, tous se dévoreront entre eux», a-t-il dit.
Le sommet entre les présidents Émile Lahoud et Hafez el-Assad, vendredi dernier, a revêtu une importance particulière non seulement parce que c’était la première rencontre du genre depuis l’avènement du nouveau régime au Liban et parce qu’il est intervenu deux jours après la réélection du chef de l’État syrien, mais aussi en raison des questions qui y ont été...