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Actualités - ANALYSE

Parlement - Première réunion plénière, sous le nouveau régime Les loyalistes déplorent les hésitations du Cabinet, les opposants se frottent les mains

Le gouvernement de M. Sélim Hoss, a été invité par plusieurs députés à établir un calendrier-programme du plan économique qu’il envisage d’appliquer. Convoquée initialement pour examiner et voter 48 textes de loi inscrits à son ordre du jour, la réunion plénière qui s’est ouverte hier, place de l’Étoile, a tourné au débat de politique générale. Un débat au cours duquel l’Exécutif a été critiqué – quoique à des niveaux différents – aussi bien par la nouvelle opposition parlementaire que par le courant loyaliste. Si des motivations essentiellement politiciennes commandaient les remarques acerbes et parfois blessantes de certains opposants, les loyalistes – dont des anciens camarades de combat de M. Hoss – ont opté pour les critiques constructives. Question d’aider le Cabinet Hoss à rectifier le tir. Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, s’est aussi mis de la partie, intervenant à plusieurs reprises pour freiner les débordements oratoires de députés haririens qui s’acharnaient contre le gouvernement. Les interventions des 24 députés qui avaient demandé à prendre la parole étaient pour la plupart axées sur trois principaux thèmes : la pollution de l’eau à Tripoli, la réforme administrative et le projet de redressement économique. MM Ali el-Khalil et Bassem el-Sabeh n’oublient pas en passant de rendre un vibrant hommage à la Syrie et à son président, M. Hafez el-Assad. Loyalistes et opposants étaient toutefois d’accord pour déplorer qu’en deux mois, le gouvernement se soit contenté d’effectuer des pas timides sur la voie de la réforme escomptée. «Nous commençons sincèrement à craindre pour le changement et la réforme au nom duquel le Cabinet a été nommé» fait remarquer M. Nassib Lahoud, qui s’en prend indirectement au ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, lui reprochant toujours sans le nommer d’avoir désigné ses hommes à certains postes administratifs et d’aller ainsi à contre-courant des objectifs fixés par le Cabinet. «Le gouvernement s’est contenté de changer quelques directeurs généraux sans préciser jusqu’à présent quand et comment il s’attaquera à la réforme», renchérit M. Mohamed Abdel Hamid Beydoun, qui appelle à la mise en place du Conseil social et économique et du Conseil national des déplacés. Sans mettre en doute les intentions ou la volonté de l’Exécutif à redresser la barre dans un pays affaibli par une politique qui lui a été souvent défavorable sur les plans économique et financier, le courant loyaliste semble vouloir l’encourager à prendre des mesures et des décisions audacieuses pour concrétiser les engagements pris par le nouveau régime. Les députés de l’opposition ne le voient pas de cet œil. S’ils mettent l’accent sur les mêmes points, c’est essentiellement pour démontrer qu’ils avaient raison lorsqu’ils avaient mis en doute la capacité du gouvernement à régler les dossiers épineux. M. Marwan Hamadé est particulièrement sévère : «Nous ne savons pas par quel dossier commencer. Où en est-on à titre d’exemple de la réforme administrative ? Va-t-on se contenter du règlement de comptes qui a été opéré ?», s’interroge-t-il. M. Bassem el-Sabeh est encore plus virulent. Après avoir noté, ironique, que «le gouvernement l’a épaté par le nombre d’erreurs qu’il a commises», il assimile la transparence prônée par le Cabinet Hoss à la «glasnost qui a été fatale pour l’Union soviétique». Selon lui, dans les systèmes démocratiques, le fait de prôner la transparence est considéré comme étant un pas en arrière. M. Jamil Chammas s’attaque violemment à «certains ministres» qu’il accuse d’agir «contrairement aux engagements pris dans le discours de prestation de serment et dans la déclaration ministérielle». Il dénonce «la pluie de déclarations ministérielles», s’élève contre «les ministres qui jouent aux sultans», et fustige «ceux qui poussent le gouvernement à prendre des décisions inopportunes». M. Akram Chéhayeb met en garde contre la restriction de la liberté d’information et de l’uniformité de l’information. MM. Chéhayeb et Hamadé déplorent tous deux le fait que l’État n’a pas inclus la montagne dans la carte sportive qu’il a établie en prévision de la Coupe d’Asie 2000. Nombreux sont les députés qui interrogent ensuite le gouvernement au sujet du plan économique sur base duquel il compte conclure une série d’accords de prêts. Parmi eux, citons notamment, MM Sami Khatib, Boutros Harb, Khalil Hraoui, Jihad Samad, Misbah el-Ahdab, Ahmed Fatfat, Gebran Tok. Tous demandent aussi à connaître l’échelle des priorités fixée par le gouvernement. M. Harb fait remarquer que la séance se transforme en débat de politique générale avant d’inviter l’Exécutif à se dépêcher dans l’élaboration d’une loi électorale «pour que la vie politique se régularise». Les députés du Liban-Nord insistent tous sur le problème de la pollution à Tripoli. Ceux du Liban-Sud mettent l’accent sur le manque de moyens dont disposent les hôpitaux de la partie méridionale du pays et M. Sami Khatib demande à savoir si le gouvernement compte contracter de nouvelles dettes, notant que M. Hoss est rentré de Ryad avec 100 millions de dollars. Le débat autour des orientations économiques et des projets de développement du gouvernement reprend de plus belle, lorsque la Chambre entame l’examen de son ordre du jour. Les opposants attaquent de nouveau. Étonné par la loquacité de MM. Sabeh et Fatfat, habituellement laconiques et effacés, M. Berry interrompt plusieurs fois leurs diatribes : «Vous n’étiez pas aussi enthousiastes sous le mandat de l’ancien Cabinet». Quarante-cinq projets et propositions de loi sont votés, dont 24 accords de prêts pour le financement d’une série de projets d’infrastructure ainsi qu’un projet de loi autorisant le gouvernement à dépenser sur base du douzième provisoire et une proposition de loi amendant le règlement intérieur de la Chambre concernant la procédure à suivre lorsque le chef de l’État adresse une lettre à la Chambre. Les sujets controversés, à savoir la désignation de cinq membres du Conseil national de l’audiovisuel et la préservation du droit d’auteur ont été laissés pour la séance d’aujourd’hui.
Le gouvernement de M. Sélim Hoss, a été invité par plusieurs députés à établir un calendrier-programme du plan économique qu’il envisage d’appliquer. Convoquée initialement pour examiner et voter 48 textes de loi inscrits à son ordre du jour, la réunion plénière qui s’est ouverte hier, place de l’Étoile, a tourné au débat de politique générale. Un débat au cours duquel...