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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Santé - La lutte contre les infections nosocomiales Création d'une unité de stérilisation centrale à l'Hôtel-Dieu (photo)

La lutte contre les infections nosocomiales (proliférations bactériennes acquises pendant le séjour à l’hôpital) est devenue un sujet de préoccupation majeure dans le monde. Elle fait l’objet d’une législation spéciale et elle est prise en considération dans les processus d’accréditation des hôpitaux dans les pays industrialisés. Le 3e congrès annuel du Comité de lutte contre les infections nosocomiales, organisé il y a quelques jours par l’Hôtel-Dieu de France, a été axé sur les méthodes utilisées pour contrôler les proliférations bactériennes. Deux thèmes ont notamment été abordés : “la désinfection et l’antibiothérapie”. Des spécialistes français, suédois et libanais ont donné des conférences sur les programmes de prévention appliqués dans différents sites opératoires, en abordant, entre autres, la question de l’évaluation de l’antibiothérapie et l’émergence des contaminations iatrogènes . Force est de constater dans ce cadre que la stérilisation dans les hôpitaux devient de plus en plus indispensable pour garantir la sécurité du patient et du personnel. Cette question revêt une importance particulière en raison du développement ininterrompu de nouveaux équipements médicaux et de l’hygiène souvent médiocre dans certains établissements hospitaliers. Ainsi, chaque année, environ 10% des malades hospitalisés contractent une infection qui a des conséquences graves touchant 10 mille patients immunodéprimés ou fragiles. Un cauchemar pour l’hôpital car les bactéries inhérentes à l’environnement hospitalier deviennent, de plus en plus, résistantes aux antibiotiques. Les récentes études ont mis en évidence la facilité avec laquelle les virus mutent sous l’influence d’un médicament antiviral. Ces mutations s’ajoutent les unes aux autres pour produire des souches mutantes à résistance multiple, qui s’accroît très vite: si une mutation augmente de 7 fois la résistance à un médicament, une seconde mutation l’augmentera de 4 000 fois ! De plus, cette résistance peut s’étendre à un autre médicament, même non utilisé contre cette souche mutante, et ces virus résistants ou polyrésistants sont transmissibles. Il en est de même pour la prévention : les vaccins renforcent partiellement le système immunitaire contre des souches précises. Ce qui diminue l’efficacité générale du système immunitaire, c’est que ces souches mutent ou sont remplacées par d’autres, comme dans le cas de la variole. Bien entendu, ces vaccins restent nécessaires dans des situations à risque, lorsque des personnes, et notamment le personnel soignant, sont très exposées à la contagion directe du fait de la concentration, dans le même lieu, de porteurs de virus pathogènes. Normes et contrôle L’Europe, qui progresse à grands pas dans ce domaine, a procédé à la normalisation des techniques de stérilisation. Les règlements destinés au départ aux fabricants de matériel médical sont de plus en plus admis comme base de travail par les institutions de soins. Dans cette perspective, l’élargissement de l’Hôtel-Dieu de France, à Beyrouth, a permis la création d’une unité de stérilisation centrale (Sté), constituée d’un groupe de professionnels multidisciplinaires qui comprend des pharmaciens, des microbiologistes, des infirmières de stérilisation, des cadres infirmiers hygiénistes et un ingénieur responsable technique. «Le bon fonctionnement de cette unité revient à prendre les dispositions nécessaires pour recruter un personnel qualifié qui bénéficierait de matériel adéquat en évoluant dans le cadre d’une organisation appropriée», note Soha Abdel Malak, cadre infirmier expert en hygiène hospitalière à l’Hôtel-Dieu de Beyrouth. Elle souligne que son département est titulaire de la norme ISO 9 002, modèle pour l’assurance de la qualité en production et installation, retenue par la circulaire 97/ 672 du 20 octobre 1997. «Cette norme nous a permis de dresser un manuel d’assurance qualité qui regroupe les procédures et les modes opératoires en Sté ainsi que les méthodes de validation et d’évaluation de ces techniques», souligne Mme Abdel Malak. En outre, l’accréditation des établissements de santé par les agences gouvernementales concernées dans les différents pays doit être strictement surveillée et appliquée. Aux États-Unis, l’évaluation des centres hospitaliers passe par la «Joint Commission of Healthcare Organisation», principal organisme chargé de l’accréditation des établissements. Cette démarche, imposée au Canada puis en Grande-Bretagne, a été officiellement lancée en France en 1996. L’agence française concernée par l’évaluation et l’accréditation est l’ANAES. «Parmi les critères qui figurent dans le référentiel pour l’accréditation, certains portent sur l’hygiène hospitalière et la lutte contre les maladies nosocomiales», indique le professeur Bernard Lejeune du centre hospitalier universitaire de Brest. La prévention en site opératoire Et d’affirmer : «Dans le cas de maladies nosocomiales, l’évaluation des établissements de santé définie par différentes catégories d’indicateurs doit prendre en considération le taux d’infections du site opératoire ISO, le taux de bactériémies nosocomiales, le taux d’infections sur cathéters profonds et enfin le taux de pneumopathies nosocomiales chez les malades ventilés en réanimation». L’infection nosocomiale est devenue un sujet de préoccupation majeure pour les réanimateurs. Il ressort des chiffres disponibles sur ce plan que l’incidence de la contagion en réanimation pédiatrique varie entre 6 et 13,7%, taux bien inférieur à celui rapporté en réanimation adulte (qui est voisin de 30%). Toutefois, la provenance des maladies modifie le risque de prolifération des virus : l’incidence des infections nosocomiales chez les malades chirurgicaux est plus élevée en chirurgie thoracique et chirurgie plastique qu’après la chirurgie orthopédique ou neurochirurgie. Les autres facteurs importants sont la durée de séjour et l’état du malade à l’entrée. Des études françaises démontrent que les infections respiratoires prédominantes dans certains sites infectieux représentent entre 20 et 35% des infections nosocomiales, tandis que d’autres évaluations cliniques prouvent que les septicémies représentent 50% des infections nosocomiales. Derrière ces deux sites préférentiels viennent les infections urinaires et celles des plaies chirurgicales. En essayant de remédier à ce problème grave, et dans le cadre du programme de prévention des infections du site opératoire (ISO) implanté à l’Hôtel-Dieu de Beyrouth, deux audits au niveau de la pratique des soins ont été effectués (en mai 98 et mai 99), ainsi que deux périodes de surveillance des ISO. Les deux enquêtes ont été effectuées dans 13 services de soins, auprès des équipes de jour et de nuit ( 161 personnes en 1998 ; 149 personnes en 1999). «Notre objectif est d’unifier la pratique des soins suivie dans les différents services d’hospitalisation en évaluant l’application des protocoles de soins et en mesurant le taux d’incidence des ISO au niveau des malades opérés du 1er janvier 1998 jusqu’au 30 juin 1999, explique Mme Hoda Abou Khalil de l’Hôtel-Dieu. Les résultats obtenus sont les suivants : parmi les 1 675 personnes opérées en 1998, 60,5% d’entre ont subi des chirurgies sans risque, contre 64,9% des 1 528 personnes opérées en 1999». «Le taux d’incidence brut des ISO, qui a atteint en 1998 près de 1,3%, s’est élevé à 1,6 pour cent en 1999, souligne Mme Abou Khalil. En revanche, les taux relatifs des deux années ne peuvent être comparés du fait que nous avons inclus dans la deuxième période les ISO déclarés aux urgences». Il reste à noter que dans les deux périodes envisagées dans l’étude susmentionnée, le germe le plus fréquent qui est apparu a été le «staphylocoque à coagulase négatif». Plusieurs autres audits ont été effectués dans différents départements de l’Hôtel-Dieu, notamment au service de gynécologie et obstétrique (prévention des infections du cordon ombilical chez le nouveau-né), au service de pneumonie (prélèvement par voie fibroscopique dans le diagnostic de la tuberculose pulmonaire) et au service de pédiatrie (réduire les infections nosocomiales liées au cathéter veineux central en pédiatrie). Il convient de signaler que les travaux de construction dans les établissements de soins pourraient exposer le personnel et les patients à des particules de poussière contaminées par des bactéries ou des champignons. Sans oublier l’importance de la désinfection des mains dans la lutte contre les infections nosocomiales.
La lutte contre les infections nosocomiales (proliférations bactériennes acquises pendant le séjour à l’hôpital) est devenue un sujet de préoccupation majeure dans le monde. Elle fait l’objet d’une législation spéciale et elle est prise en considération dans les processus d’accréditation des hôpitaux dans les pays industrialisés. Le 3e congrès annuel du Comité de...