Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Symposium - Jusqu'au 11 novembre, au siège de l'Ordre des architectes Les spécialistes se penchent sur Jérusalem, la ville, les hommes, les défis (photo)

À qui appartient Jérusalem ? La revendication politique et culturelle sur la Terre sainte, al-Qods, est le dossier le plus brûlant des négociations à venir. Elle est également le thème du symposium qui se tient depuis hier dans la capitale libanaise, à l’initiative de l’Organisation des architectes arabes (OAA), présidée par M. Assem Salam. La séance inaugurale a eu lieu au palais de l’Unesco, en présence du premier ministre M. Sélim Hosss qui a déclaré à cette occasion qu’«aucun règlement global ne sera atteint au Proche-Orient sans le respect des résolutions internationales qui préservent les droits inaliénables arabes sur Jérusalem et le droit des réfugiés palestiniens au retour dans leurs foyers». Étaient également présents, un grand nombre de députés, anciens ministres et les ambassadeurs d’Iran, de Jordanie, du Japon, de Libye, de Grande-Bretagne et du Soudan; des politologues, des écrivains et des architectes libanais, arabes et européens. Mais aussi le grand poète Mahmoud Darwich qui vient au Liban pour la première fois depuis son départ de Beyrouth l’été 82. Il donnera demain mercredi une soirée poétique au palais de l’Unesco, accompagné au oud par Marcel Khalifé. C’est M. Walid Khalidy – professeur à l’université de Princeton, New Jersey, et spécialiste de la question palestinienne – qui a donné le coup d’envoi au symposium «Jérusalem, la ville, les hommes, les défis». Après un bref aperçu historique de la Palestine, M. Khalidy a mis l’accent sur les obstacles intérieurs auxquels ont été confrontés les Arabes de Jérusalem-Est au lendemain de la guerre des six-jours. Il devait souligner que les contours actuels de la ville ont été dessinés depuis 1967, suivant «une gestion autocratique et inégalitaire. L’inégalité de traitement et de statut entre les habitants juifs et arabes est l’un des moyens employés pour assurer le succès d’une stratégie à long terme», a-t-il expliqué. L’objectif ultime de la politique municipale, cette «formidable machine à annexer», étant d’établir un contrôle absolu d’Israël sur Jérusalem et «d’empêcher toute remise en question de la souveraineté israélienne sur la partie orientale de la ville». Tous les nouveaux quartiers sont construits à la périphérie de la ville. Ils viennent s’insérer entre des localités palestiniennes, «comme pour empêcher les villages arabes de faire leur jonction et de constituer un front continu». Les implantations juives s’étendent sur des lopins confisqués aux Arabes qui, «faute de logements et de terrains à construire, ont été obligés de partir». Abordant ensuite les résolutions de l’Onu, le conférencier a rappelé que la 242 pose très clairement un principe fondamental du droit : la condamnation de toute acquisition de territoire d’autrui par la force . «Jérusalem-Est ayant été conquis par la force», dit M. Walid Khalidy, « le droit doit y être appliqué. Les Palestiniens qui ont déjà cédé, forcés, en 1948, une partie de leur ville, considèrent que l’autre partie leur revient de droit». Jonglant ensuite avec les chiffres, l’intervenant a signalé qu’avant 1948, Jérusalem s’étalait sur 12 500 dounoums. Aujourd’hui, elle s’étend sur 340 000 dounoums. Les billets verts ont joué un grand rôle dans l’extension tentaculaire israélienne. «Entre 1967 et 1999, l’aide américaine (government to government budget support) a atteint les 88 billions de dollars», ajoute le conférencier . L’aide du lobby juif serait de 60 billions de dollars. «On n’a pas besoin de consulter les oracles pour savoir qui finance l’occupation du Sud du Liban, du Golan et de la Palestine», a conclu M. Walid Khalidy. L’identité d’al-Qods Dans l’après-midi, une table ronde regroupant plusieurs spécialistes s’est tenue au siège de l’Ordre des architectes et ingénieurs, À Bir Hassan . À cette occasion, M. Tarif Khalidy, directeur du Centre des études du Moyen-Orient et du College Fellow of King (Cambridge), a indiqué qu’en raison de «l’orientalisme sioniste», discipline qui rejette l’histoire de Jérusalem, renie son statut religieux dans les premières décennies de l’Islam et réfute la conquête de la cité par le calife Omar, « une lutte autour de l’histoire et de l’identité de la ville sainte est bel et bien engagée». Prenant ensuite la parole, M. Hammam Abdul-Rahim Sa’eed a planché sur «l’identité et le statut de Jérusalem, dans l’Islam». Membre du bureau exécutif du Front du travail islamique et ancien député du Parlement jordanien, ce docteur en Droit islamique diplômé de l’université d’al-Azhar, a relevé que «certains historiens orientalistes tentent de miner le rôle de Jérusalem dans l’Islam en suggérant que le statut particulier de la ville résulte de la rivalité entre al-Cham et el-Hijaz» . Or cette théorie est démentie par les écrits du Coran qui citent la mosquée d’el-Aqsa comme étant «Dar-al-Islam», c’est-à-dire «centrale» du rayonnement de l’Islam et de sa culture mais aussi point de jonction entre les pays du Nil et ceux de l’Euphrate. Par ailleurs, le conférencier devait énumérer les richesses du patrimoine culturel du Waqf islamique à Jérusalem et de ce fait, lancer un appel à la nation arabe pour le préserver. «Jérusalem dans le registre du patrimoine mondial: les retombées judiciaires», a été le thème de la conférence du juriste hollandais Paul de Waart, auteur des «Forces motrices de l’autodétermination en Palestine : protection des peuples en tant que droit de l’homme». M. de Waart affirme que les textes des accords et des résolutions internationaux sont des fondements solides pour une solution juste et finale. Les conférences de l’Unesco confirment la responsabilité de la communauté internationale (obligation erga omnes/actio popularis) dans le domaine de la propriété culturelle. Les résolutions du Conseil de sécurité ne reconnaissent pas l’annexion de Jérusalem. Les conventions de La Haye interdisent à un État occupant d’imposer durablement ses lois à la population, ou d’exproprier des terres. Les conventions de Genève interdisent la colonisation d’un territoire occupé. De même, les résolutions post-1967 rejettent la souveraineté israélienne sur la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est… Et pour clôturer la séance, l’architecte Houwayda Harithi a donné lecture du texte de M. Oleg Grabar qui s’est penché sur le plus important monument historique de Jérusalem : le Dôme du Rocher. Auteur d’une douzaine d’ouvrages spécialisés dans l’art islamique, professeur à l’Université de Cambridge à Massachussets, M. Grabar indique que le Dôme du Rocher a marqué de son art Jérusalem. Érigé en 685, par le calife Abdel Malak, son architecture «était l’attraction de Jérusalem». Il est aujourd’hui englouti par des ceintures de béton. La question que se pose M. Grabar est de savoir dans quelle mesure la défiguration architecturale de la ville va affecter les nouvelles données fonctionnelles du XXIe siècle, particulièrement en matière de tourisme.
À qui appartient Jérusalem ? La revendication politique et culturelle sur la Terre sainte, al-Qods, est le dossier le plus brûlant des négociations à venir. Elle est également le thème du symposium qui se tient depuis hier dans la capitale libanaise, à l’initiative de l’Organisation des architectes arabes (OAA), présidée par M. Assem Salam. La séance inaugurale a eu lieu au palais...