Signature le 5 novembre à Sin el-Fil "Histoires et mythes illustrés du Liban d'antan", par Nina Jidéjian et Mona Bassili Sehnaoui (photos)

L’une est accro à l’histoire et à l’archéologie. L’autre a trouvé des pinceaux dans son berceau. En signant, «Histoires et mythes illustrés du Liban d’antan», le tandem Nina Jidéjian–Mona Bassili Sehnaoui fait souffler une brise fraîche sur les remparts phéniciens. Dix-sept récits et une cinquantaine de dessins graphiques racontent, avec une gourmandise adolescente, une tranche de la mémoire d’un pays. La trame mythique marquant son éternité. La signature du livre aura lieu le 5 novembre au Beirut Hall, Sin el-Fil. Aux éditions Dar An-Nahar. Condenser 6 000 ans d’histoires en 63 petites pages relève de la gageure. C’est pourtant le pari que réussit Nina Jidéjian. Elle raconte un peuple de navigateurs qui a vécu tant de siècles au Liban. Sous sa plume, les origines revêtent les aspects d’une légende fondatrice. Au début, La naissance des montagnes et des vallées, puis celle des villes et des ports où les citadins s’installent ; les navigateurs débarquent. Dans leur équipage, Isis et Osiris, Cadmos et Europe, Melkart, Héraclès, Elissar et Pygmalion, Adonis et Astarté… En bref, tous les membres du cabinet antique défilent. Puisant aux sources, l’auteur brasse avec bonheur des documents historiques : Philon de Byblos de Félix Jacobey ; l’encyclopédie de l’islam ; La déesse syrienne de Lucien de Samosate ; Dîwan de Abou Nawâs, Ahmad Abdel Majid el-Ghazali ; A Journal from Aleppo to Jerusalem de Henry Maundrell ; Voyage en Orient, d’Alphonse de Lamartine ; les Mémoires du chevalier Laurent d’Arvieux, etc. Nina Jidéjian est à l’aise en toutes circonstances, dans tout milieu et à toute époque. Avec Jézabel la belle, princesse de Tyr, La barbe miraculeuse de Saint Nicéphore, Marina , sainte de la Qadisha, Le Sultan Baibars, et Cheikh Abdallah el-Yunîni… Chacun de ces héros est un maillon entre l’éternité et le temps ; entre hier, aujourd’hui et toujours. Loin de l’itinéraire chronologique d’une aventure, l’auteur pénètre le pays en certains points pour le saisir au cœur, à coups de petites couches successives, en impressionniste du voyage. Des scènes, des tableaux d’un monde où chaque rocher, chaque ruisseau évoque presque toujours une bataille, un mythe, un miracle, une anecdote, ou une superstition. Tout semble passionnant à Nina Jidéjian. Et le fluide de cette passion est contagieux… Un coup d’œil teinté d’humour Le sorbet du sultan ; Les cerises aériennes ; Les îles des palmiers ; La forêt des pins. Ces histoires et légendes nous révèlent un pays qui s’appelle le Liban, un jardin où les buis étaient taillés, et fréquenté par des hommes qui aimaient par-dessus tout se battre en pinçant le oud, sur les airs de Abou Nawas. Le livre est magnifiquement illustré par Mona Bassili Sehnaoui qui a voulu, «à l’orée du troisième millénaire, jeter un coup d’œil teinté d’humour, pour découvrir des instants colorés de ce petit pays si riche en mythes et légendes, qui trouvent leurs origines dans les écrits fort sérieux de l’histoire de notre pays… Afin que notre mémoire préserve dans sa fraîcheur un autre aspect de ces millénaires passés», explique l’artiste dans la préface de l’ouvrage. Elle couche à merveille ses personnages sur le papier, offrant un irrésistible condensé de lignes tout à la fois modeste et audacieux. Cette œuvre puise aux émotions d’une contrée. Elle se constitue de ces riens qui tissent la mémoire d’un pays. Une petite somme réunissant pour la première fois des légendes sur des milliers d’années. Est-ce la fin du siècle qui invite au bilan ? En fait, un triple choix : en faveur de l’histoire du pays, de la tolérance et de la continuité.