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Actualités - INTERVIEWS

Organisation - Béblaoui insiste sur l'aspect humanitaire Quel rôle pour l'ONU au prochain millénaire ?

Née officiellement le 24 octobre 1945, l’Organisation des Nations unies avait initialement pour buts essentiels de maintenir la paix et la sécurité internationales, de développer des relations amicales entre les nations et de résoudre les problèmes mondiaux. L’institution, qui a été créée pour jouer un rôle politique, aurait changé d’orientation au cours de ces dix dernières années. Du maintien de la paix et du règlement des conflits, l’Onu se tourne vers le «développement durable». En septembre prochain, l’Assemblée générale proposera certaines réformes. Quel sera le rôle des Nations unies au cours du prochain millénaire ? L’Orient-Le Jour a demandé l’avis de deux responsables de l’organisation, M. Hazem Béblaoui, directeur général adjoint des Nations unies, et secrétaire exécutif de l’Escwa (Commission économique et sociale pour l’Asie de l’Ouest, et M. Yves de San, coordinateur des activités de développement des Nations unies et représentant résident du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) au Liban. Comment repenser le rôle des Nations unies ? Le secrétaire exécutif de l’Escwa entame l’entretien en soulignant l’importance de «reconnaître les changements mondiaux qui obligent toutes les institutions onusiennes à être à la hauteur des nouveaux défis». «Avec le démantèlement du rideau de fer, nous avons achevé une époque mais jusqu’à présent, nous demeurons dans l’incertitude», dit-il. L’Onu redeviendra-t-elle une instance politique importante ? Le secrétaire général adjoint des Nations unies indique qu’il «existe actuellement une superpuissance ayant des intérêts nationaux et globaux qui fait face à une institution internationale qui prône l’égalité entre tous les pays du monde». «Il faut donc trouver un équilibre entre le rôle croissant des États-Unis et le rôle moral des Nations unies», note-t-il. Le secrétaire exécutif de l’Escwa estime que «bien que le rôle associé à l’Onu soit celui du maintien de la paix, il ne faut pas oublier l’action de l’institution mondiale dans les domaines humanitaire et socioéconomique». «Moins visible que le maintien de la paix, cette action, qui incite l’humanité à prendre conscience de beaucoup de dossiers, gagne de plus en plus d’importance», poursuit-il. Évoquant la réforme de septembre prochain, M. Béblaoui rappelle qu’en mai dernier, l’Escwa avait organisé à la demande du secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, des débats pour repenser le rôle de l’Onu. Les thèmes ont été choisis selon les besoins de chaque région. Pour l’Asie occidentale, trois axes ont été sélectionnés : la paix et la sécurité, le développement économique et social ainsi que la démocratie et les droits de l’homme. Selon le secrétaire général adjoint des Nations unies, «les idées des représentants gouvernementaux ainsi que celles des membres de la société civile qui ont participé aux débats ont été prises en considération». Les pays arabes dans les années à venir Afin de transformer les idées des débats de mai en activités concrètes, l’Escwa vient de mettre en place un projet en trois phases. La première phase consiste à réunir un groupe restreint d’experts afin qu’ils définissent à partir des comptes rendus des débats de mai les priorités de la région (eau, droits de l’homme, intégration de la région à la mondialisation…). Au cours de la deuxième phase, des études relatives aux priorités choisies seront effectuées (état des lieux, mise en place d’un programme...). La troisième étape du projet consiste à évaluer les résultats des études entre les responsables étatiques de chaque pays et d’introduire les programmes dans le champ d’activité de l’Escwa. Le projet prendra un maximum de quatorze mois pour être réalisé. Est-ce que les pays de l’Escwa pourraient jouer un rôle international important au cours du prochain millénaire ? M. Béblaoui déclare que «la paix et la sécurité forment les premières conditions requises pour que la région puisse exploiter ses capacités sur le plan mondial, or c’est à cause de son instabilité politique et sociale que la région a été marginalisée au cours des cinquante dernières années». Et d’ajouter que «les pays membres de l’Escwa ont certes connu des changements économiques mais ces mutations n’ont pas été accompagnées de réforme politique». «C’est à cause de l’instabilité politique que ces États ne se sont pas entraidés», dit-il. Le secrétaire général adjoint des Nations unies indique que «la Commission pour l’Asie de l’Ouest, qui est un forum de rencontre entre les pays de la région, n’a pas réussi à créer une perspective commune à tous les Etats membres». Et de poursuivre que «le même problème se pose également au niveau d’autres organismes régionaux, notamment la Ligue arabe». M. Béblaoui croit cependant à un changement qui s’opérera à deux niveaux mondial et régional. Sur le plan matériel, il se traduira respectivement par la mondialisation et par la paix.
Née officiellement le 24 octobre 1945, l’Organisation des Nations unies avait initialement pour buts essentiels de maintenir la paix et la sécurité internationales, de développer des relations amicales entre les nations et de résoudre les problèmes mondiaux. L’institution, qui a été créée pour jouer un rôle politique, aurait changé d’orientation au cours de ces dix...