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Actualités - ANALYSE

Polémique- Passes d'armes à fleurets mouchetés Un thème récurrent, les écoutes téléphoniques

En marge des derniers développements, un thème récurrent, les écoutes téléphoniques, alimente la bataille en sourdine qui continue, malgré les propos apaisants des dirigeants, à opposer loyalistes et opposants. Mezza voce, un ministre rappelle aux contestataires haririens que «lorsqu’ils étaient eux-mêmes au pouvoir, il n’y a pas si longtemps, ils savaient tout des écoutes et n’en ont rien dit. Pis encore, certains d’entre eux en usaient et en abusaient. Ce n’est qu’après leur départ du pouvoir que l’on a pu former une commission parlementaire d’enquête. Celle-ci a confirmé l’existence des écoutes, tout en soulignant leur nécessité, ainsi que leur parfaite légalité dans des cas déterminés ayant trait à la sûreté de l’État ou à la lutte contre le crime organisé. Cette question des écoutes peut donc avoir un effet boomerang sur ceux qui tentent de l’exploiter contre nous». Ce ministre relève que les écoutes «sont utilisées même dans les pays démocratiques. À cette nuance près qu’elles n’y sont pas faites au profit des politiciens, comme cela s’est vu ici sous des régimes précédents. Des abus se produisent parfois, mais ils sont vite dénoncés et corrigés, comme il y a quelques années en France avec l’affaire Maréchal. Ce n’est que dans les dictatures ou dans les régimes totalitaires que les droits élémentaires de la population ou de l’individu sont foulés aux pieds et que les écoutes sont utilisées pour écraser toute opposition ou pour prévenir tout renversement de pouvoir. Il est évident que ce n’est pas le cas ici. C’est ce que nous faisons du reste comprendre aux diplomates occidentaux qui font mine de s’inquiéter des écoutes au nom des libertés démocratiques. En leur rappelant que nous tirons cette pratique de leur propre exemple et que nous n’en faisons pas un autre usage qu’eux-mêmes». Ce ministre se lance ensuite dans une charge virulente contre «l’action pernicieuse des haririens. Tout en prétendant alerter l’Occident au sujet des libertés qui seraient menacées chez nous, ils laissent entendre à l’adresse des Syriens que nous nous américanisons. C’est ce qui ressort des brusques révélations de l’ancien ministre de la Défense M. Mohsen Dalloul qui affirme qu’une grande puissance dispose d’un centre d’écoutes aux portes de Beyrouth, ce qui profiterait à Israël. Il veut insinuer par là que le régime autorise une telle aberration, pour empoisonner les relations de Baabda avec Damas. Or ce centre, qui avait été établi dans les années quatre-vingts durant la présence de la force multinationale, avait été confié aux réguliers libanais, pour ne servir qu’à des fins sécuritaires. M. Dalloul, qui était ministre de la Défense sous M. Hariri, sait tout cela mieux que personne. Il doit comprendre aussi qu’aucune manigance ne saurait altérer le soutien de Damas au régime et au gouvernement libanais en place». Ce ministre estime cependant que le Cabinet «n’a pas raison d’accepter l’idée qu’on fabrique une loi pour réguler les écoutes. Car la présence d’un texte spécial peut paradoxalement justifier des abus ultérieurs, alors qu’aujourd’hui la question est laissée en principe à la discrétion de la justice, du parquet plus précisément». Calme précaire Quoi qu’il en soit, ces propos de ministre, tenus dans un salon de la ville sous le sceau de l’anonymat, montrent que la trêve peine à s’installer et que pour le moment seuls les grands chefs s’y tiennent vraiment. C’est normal : il faut un peu de temps pour que le cessez-le-feu négocié par le général Ghazi Kanaan se généralise. D’autant que beaucoup de professionnels restent sceptiques : ce n’est pas la première fois, tant s’en faut, que l’intervention pressante de Damas ne réussit à calmer le jeu que pour quelques jours. On se souvient que du temps de la troïka, les présidents, invités à Damas pour y être réconciliés, revenaient ensemble dans la même voiture à Beyrouth et, à peine débarqués, se déchiraient de nouveau les uns les autres à belles dents. Cette fois, les proches des présidents Berry et Hoss, qui ont eu une séance de franches explications mardi, affirment que les deux hommes sont résolus à respecter le pacte de non-agression mutuelle qu’ils ont tacitement conclu. Ils conviennent tous deux, ajoutent leurs lieutenants respectifs, que les choses ont été trop loin et que l’on a frisé l’implosion de la scène politique locale, à un moment où elle a plus que jamais besoin d’être stable et calme, à cause des échéances régionales ou législatives qui se rapprochent. Mais MM. Berry et Hoss n’ont pas été, durant les récents épisodes de catch, les gladiateurs les plus en vue. Les regards se sont portés sur d’autres figures de proue, comme MM. Walid Joumblatt ou Michel Murr, mais aussi sur un assez grand nombre de seconds rôles ou de “has been” qui se sont montrés particulièrement pugnaces. Leurs déclarations incendiaires, leurs échanges d’accusations graves, ont failli mettre le feu aux poudres et Damas s’est donc empressé d’y mettre le holà. En relevant que les tiraillements internes peuvent être exploités par des puissances étrangères pour affaiblir la position régionale du Liban comme de la Syrie. Et en faisant comprendre à l’opposition que toute agitation est inutile car, pour le moment, il n’est pas question de faire sauter le gouvernement en place. Une indication qui revigore les loyalistes et leur permet, nonobstant l’ordre de trêve, d’affirmer que les haririens se sont fait taper sur les doigts et ont été condamnés par l’arbitre pour avoir fait passer leurs objectifs intéressés avant l’intérêt national. Les loyalistes se félicitent par contre du revirement de M. Berry et soutiennent que son changement de camp va porter un coup fatal aux projets de l’opposition. Ces assertions prouvent par leur teneur comme par leur ton qu’à l’heure actuelle la trêve n’est que de façade. Et qu’elle ne s’accompagne d’aucune réconciliation, d’aucune détente de fond. Et encore moins d’entente nationale.
En marge des derniers développements, un thème récurrent, les écoutes téléphoniques, alimente la bataille en sourdine qui continue, malgré les propos apaisants des dirigeants, à opposer loyalistes et opposants. Mezza voce, un ministre rappelle aux contestataires haririens que «lorsqu’ils étaient eux-mêmes au pouvoir, il n’y a pas si longtemps, ils savaient tout des écoutes et...