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Actualités - CHRONOLOGIE

Pinochet La bataille pour l'extradition commence aujourd'hui à Londres

L’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet sera aujourd’hui le grand absent de la bataille qui se joue au tribunal londonien de Bow Street à propos de son extradition vers l’Espagne pour crimes contre l’humanité. Pinochet, excusé pour la durée des quatre à cinq jours d’audience, ne sera tenu de venir s’asseoir au banc des accusés qu’au jour du verdict, attendu vers la mi-octobre. Depuis près d’un an et l’arrestation de l’ancien chef de l’État chilien à Londres, le dossier Pinochet a progressé à tout petits pas devant la justice britannique, confrontée tout comme le gouvernement à une épineuse première historique. Pinochet, en résidence surveillée dans le sud de Londres, est un prisonnier embarrassant. Pour le gouvernement britannique qui va répétant que l’affaire est judiciaire et non politique, mais dont le ministre de l’Intérieur Jack Straw est statutairement obligé d’intervenir aux moments clé de la procédure, pour confirmer les poursuites d’abord et, in fine, pour décider si le général partira pour Madrid ou Santiago. Embarrassant également pour la justice britannique, soucieuse de démontrer son indépendance face à des pressions venues du cœur même de l’establishment britannique, avec une Margaret Thatcher militant pour la libération de son vieil allié, mais aussi a contrario d’organisations de défense des droits de l’homme de poids international, telle Amnesty, basée à Londres. À ce stade de la saga, le gouvernement britannique s’en est mieux sorti que les juges. Les accointances d’un lord juge avec Amnesty ont permis aux défenseurs de Pinochet de faire spectaculairement casser en décembre une décision lui refusant l’immunité pour les crimes de sa dictature (1973-90). La presse s’interroge désormais sur le juge qui mènera la semaine d’audiences de Bow Street, Ronald Bartle, ancien candidat conservateur et membre d’une association de défense de l’identité britannique dont le vice-président est ... Margaret Thatcher. Le refus d’immunité avait été réitéré en mars dernier par d’autres lords juges, qui avaient au passage vidé l’acte d’accusation des neuf dixièmes de sa substance. Mais pour l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, «l’obstacle majeur aux poursuites contre Pinochet» a été levé ce jour-là. «Il peut faire traîner les choses avec des appels mais il n’a plus de défense légale contre les charges très substantielles qui demeurent», a estimé l’un des juristes de l’organisation, Ian Brody. Les partisans de Pinochet ont pourtant d’autres atouts en main, dont le premier est la santé supposée chancelante de l’octogénaire. À base de rapports médicaux de plus en plus consistants, Santiago plaide avec insistance pour un acte de clémence du ministre de l’Intérieur Jack Straw, qui serait sans appel. Dans l’immédiat, c’est la décision du juge de Bow Street, Ronald Bartle, qui importe. Qu’il refuse l’extradition – verdict improbable selon nombre d’observateurs – et le cas Pinochet pourrait encore s’écrouler comme un château de cartes. C’est bien pourquoi Amnesty International appelait cette semaine Scotland Yard à mettre en mouvement la roue de secours des familles des victimes de Pinochet : une inculpation pour tortures, crime reconnu comme universel par la Grande-Bretagne depuis son adhésion à la Convention internationale sur la torture en 1988. «Si l’engagement de la Grande-Bretagne à contribuer à faire cesser les tortures dans le monde (Ndlr : partie intégrante de la convention) a un sens, nous devons être prêts à faire répondre les tortionnaires de leurs actes», plaide Mark Lattimer pour Amnesty.
L’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet sera aujourd’hui le grand absent de la bataille qui se joue au tribunal londonien de Bow Street à propos de son extradition vers l’Espagne pour crimes contre l’humanité. Pinochet, excusé pour la durée des quatre à cinq jours d’audience, ne sera tenu de venir s’asseoir au banc des accusés qu’au jour du verdict, attendu...