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Actualités - REPORTAGES

Correspondance En Seine-et-Marne, Département nature Le millénaire du brie de Melun(photos)

Second roi capétien, Robert le Pieux, qui résida longtemps à Melun, se montrait friand de brie et en faisait quotidiennement distribuer aux pauvres. Cela se passait vers 999 et, pour célébrer ce millénaire, la Confrérie des chevaliers du brie de Melun organisera, le 2 octobre prochain, une grande fête populaire dans sa ville parée aux couleurs du Moyen Âge. Au nombre des animations figurera, comme il se doit, un concours du plus gros mangeur de fromage. Une académie du brie Lesdits chevaliers croient être en mesure de l’affirmer : c’est un «bon M’lun» que tenait en son bec le corbeau de la fable. Et leurs arguments paraissent irréfutables. C’est en effet dans le château voisin de Vaux-le-Vicomte, chez son ami le surintendant Fouquet, que La Fontaine écrivit Le corbeau et le renard. En outre, les gravures de l’époque montrent bien la différence de taille entre le brie de Meaux et celui de Melun, au disque nettement plus petit. Ils continuent d’avoir les mêmes dimensions, le second, avec 27 cm de diamètre sur 3 d’épaisseur pesant tout de même 1,5 kg, ce qui peut sembler plutôt lourd pour un bec d’oiseau, fut-il particulièrement vigoureux. Mais soit ! Nulle commémoration n’est en vue pour la Confrérie des compagnons du brie de Meaux qui n’omettent pas, néanmoins, de rappeler qu’en 1815, au Congrès de Vienne, leur fromage fut vanté par Talleyrand à Metternich et sacré «roi des fromages» par un jury de gourmets. En Seine-et-Marne, certains vous parleront à mots couverts de la vieille rivalité qui oppose Melun, siège de la préfecture et Meaux, plus peuplé mais n’ayant que l’évêché en partage. D’autres vous jureront, au contraire, que la guerre des bries n’aura pas lieu. Les deux Confréries ne travaillent-elles d’ailleurs pas en bonne intelligence à l’élaboration des statuts d’une Académie du fromage de brie ? Une odeur de terroir Dans les restaurants, sans le moindre commentaire partisan, on vous servira le brie de votre choix, et pas moins d’une quarantaine sont fabriqués dans la région ! Seul le brie noir est aujourd’hui une rareté, mais ce laissé-pour-compte – fait d’excédents de production – continue d’être une gourmandise guettée sur les marchés par les personnes âgées qui ont gardé l’habitude d’en accompagner leur café matinal. Présenté sur un paillon, le brie a une forte odeur de terroir, celle-là même qui avait «alléché» le renard et, toute proche de Paris, la Seine-et-Marne met quelque coquetterie à se proclamer un «département nature» et insister sur sa ruralité. Les peintres de l’école de Barbizon n’allèrent pas y chercher autre chose. En témoignent assez, à l’Auberge Ganne, les toiles d’un Chaigneau surnommé «le Raphaël des moutons», d’un Théodore Rousseau, écologiste avant l’heure, ou d’un Charles Jacques qui délaissait son chevalet pour écrire des ouvrages sur l’élevage des poulets ou la culture des asperges. Les « coquelicots de Nemours » La remarque vaut aussi pour Rosa Bonheur qui, en 1850, acheta aux environs de Thomery un ancien relais de chasse de François 1er avec l’idée d’en faire un antidote à son atelier parisien. Ou encore pour Mallarmé, le pur esprit, qui loua en 1874 une maison à Valvins – «C’est une musique d’eau, de lumière et de verdure que Valvins» – et y joua les contre-emplois, jardinant – «Tous les matins, je me promène avec un sécateur et fais leur toilette aux fleurs avant la mienne» –, naviguant sur la seine à bord de sa barque agrémentée d’une voile – qui devait raviver son obsession de la page blanche – et recevant en cadeau de ses voisines des paniers garnis de nourritures terrestres. Il n’est jusqu’à certaines friandises qui ne soient ici directement liées au terroir. À voir les jachères le long de la route, on ne se douterait pas qu’elles ont permis la renaissance du «coquelicot de Nemours», un bonbon délicat au destin erratique qui fêtera bientôt ses 150 ans. Les coquelicots se plaisent sur ces terres calcaires et, en juin dernier, la récolte fut proprement exceptionnelle. Il faut 3 à 4 000 fleurs, et 2 heures de cueillette, pour obtenir 1 kg de pétales diaphanes. Les Arabes en faisaient un remède contre l’insomnie. Du côté de Nemours, macération et décoction ont pour épilogue des bonbons. À en croire le confiseur local qui a remis en honneur ces «coquelicots» tombés dans l’oubli durant quelques décennies, les Japonais en raffolent parce qu’ils les associent avec le tableau éponyme de Monet !
Second roi capétien, Robert le Pieux, qui résida longtemps à Melun, se montrait friand de brie et en faisait quotidiennement distribuer aux pauvres. Cela se passait vers 999 et, pour célébrer ce millénaire, la Confrérie des chevaliers du brie de Melun organisera, le 2 octobre prochain, une grande fête populaire dans sa ville parée aux couleurs du Moyen Âge. Au nombre des animations...