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Actualités - ANALYSE

Médias - Le fardeau se fait trop lourd Vers la privatisation de Télé-Liban

D’une façon presque pathétique, don-quichottesque, les loyalistes s’inventent des victoires dans le champ si rude des finances. Ils trouvent ainsi absolument merveilleux que la Banque centrale ait pu racheter ces derniers temps 700 millions de dollars sur le marché, ce qui, selon eux, signifie que la livre va bien et que la stabilité n’a jamais été meilleure. On peut applaudir poliment cet exploit fiduciaire, tout en rappelant l’anémie qui frappe l’économie nationale depuis l’arrivée des 17 : une croissance négative, inférieure de 2 % au zéro intégral pour le premier semestre de l’année en cours. Et on peut également souligner que l’état des finances publiques est si brillant que le Parlement, malgré ses préventions de défenseur de la cause sociale, a dû admettre le principe des privatisations. En posant cependant comme condition que le gouvernement lui envoie ses projets au coup par coup et non en bloc. Parmi ces dossiers, une vieille connaissance du déficit : Télé-Liban. Il fut d’ailleurs un temps où le secteur privé en possédait la moitié, avant que l’État n’en prenne le contrôle entier au nom de la logique. Car comment imaginer une chaîne de télévision nationale qui soit sous la coupe de groupements particuliers. Mais comme nécessité fait loi, on oublie de nouveau la raison simple pour ne retenir que la raison d’État qui veut paradoxalement que le privé ait raison du public. On va donc revendre Télé-Liban ou en faire une société mixte capable de rentabiliser cette fréquence. À trois reprises déjà il en a été discuté en Conseil des ministres, mais sans résultat. Car on souhaite intégrer la question dans un plan général de privatisations avant de confirmer une décision quelconque. Toujours est-il que le ministre de tutelle, M. Anouar el-Khalil, a chargé une société spécialisée Price Water House Cooper d’un audit assorti d’un exposé sur les moyens à mettre en œuvre pour activer Télé-Liban et en faire un établissement bénéficiaire comme le sont certaines chaînes privées. Cette étude a coûté la bagatelle de 100 000 dollars. On y trouve qu’il faut réunir quelque 90 millions de dollars pour payer les employés et éponger les dettes de Télé-Liban. Qui serait ensuite fermée pendant un certain temps pour renaître de ses cendres sous forme de société nouvelle… où Price Water House Cooper le consultant aurait des parts ! Cette étude astucieuse signale qu’au lieu de verser des indemnités de licenciement aux employés, on peut toujours les payer en monnaie de singe, c’est-à-dire leur donner des bons du Trésor sans intérêts, en leur promettant de les réembaucher dans la nouvelle structure. Cela permettrait, il est vrai, d’éliminer au passage les clients installés là par complaisance pour les puissants et qui touchent des salaires sans travailler. Pour en revenir à M. el-Khalil, il a présenté ce document de PWHC au Conseil des ministres en demandant une avance de 30 millions de dollars pour commencer à exécuter le renflouage de Télé-Liban. Mais le pouvoir hésite toujours car il ne veut pas provoquer des remous sociaux en renvoyant les employés chez eux. Ni agacer les parties politiques qui protègent certains de ces salariés.
D’une façon presque pathétique, don-quichottesque, les loyalistes s’inventent des victoires dans le champ si rude des finances. Ils trouvent ainsi absolument merveilleux que la Banque centrale ait pu racheter ces derniers temps 700 millions de dollars sur le marché, ce qui, selon eux, signifie que la livre va bien et que la stabilité n’a jamais été meilleure. On peut applaudir...