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Actualités - REPORTAGES

Francophonie - Les dés sont jetés : le Liban accueillera le sommet de 2001 Chirac à Lahoud : la France prête à vous apporter toute l'aide nécessaire(photo)

On s’y attendait, depuis la réunion de 1997 à Hanoi, c’est désormais décidé : Beyrouth abritera, en l’an 2001, la prochaine conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant le français en partage ; ainsi en a décidé, à l’unanimité des participants, le sommet de Moncton qui a achevé ses travaux dimanche en fin de matinée. Dans une allocution qu’il a prononcée durant la séance de clôture au centre de conférence de l’hôtel Delta Beauséjour, devant les délégations au complet et les centaines de journalistes venus couvrir ce sommet, le président Lahoud a dit la joie et la fierté du Liban d’accueillir les prochaines assises francophones, qu’il a placées sous le signe du «dialogue des cultures». Cette dernière séance a été suivie d’une conférence de presse, tenue au théâtre Capitol de Moncton, au cours de laquelle les chefs de délégations ont répondu au feu roulant des questions de la presse. À l’issue d’un déjeuner d’adieu offert par le gouverneur général du Canada à l’Institut de Memramcook, commençait le départ des délégations à l’aéroport de Moncton, qui n’a jamais connu aussi vertigineux carrousel de cortèges officiels et d’avions en partance vers toutes les destinations. Ainsi donc, les dés sont jetés et l’espace de quelques jours, notre capitale sera, dans deux ans, celle de la francophonie tout entière. Pour réjouissant qu’il soit, l’événement commande quelque anxiété, en raison de l’énormité de la tâche qui attend les autorités libanaises : tâche qui ne se limite guère, bien entendu, aux problèmes de logistique puisque le parc hôtelier libanais est parfaitement en mesure d’absorber l’afflux de journalistes auquel donnent lieu de telles conférences. Malgré l’ampleur des moyens mis en œuvre, malgré l’efficacité et l’extrême courtoisie de leurs effectifs policiers, les autorités canadiennes n’ont pu éviter certaines fausses notes, et même quelques moments de franche bousculade ; les fréquents déplacements de toutes ces Excellences, motivés par les déjeuners qui ont émaillé ces trois derniers jours, ont complètement perturbé ceux des Monctoniens dont la plupart, néanmoins, ont sans doute apprécié ce remue-ménage qui venait rompre la routine de leur sage petite ville. Les Beyrouthins, eux, ne sont guère en manque d’embouteillages, de sirènes vociférantes et l’efficacité et la courtoisie ne sont certes pas les qualités premières des forces de l’ordre locales. Mais là n’est pas le plus important, bien sûr : l’État libanais ne devra pas se contenter d’être l’hôte aimable mais passif du sommet, il lui faudra surtout en être un des principaux animateurs ; des dossiers doivent être préparés, non point seulement pour assurer un soutien international à notre incessante quête d’une application de la résolution 425 de l’Onu relative au Liban-Sud, mais pour intéresser la communauté francophone aux problèmes économiques, éducationnels et sociaux du pays. L’énormité de la tâche, dans un pays où le formalisme et le goût de l’apparat officiels l’ont traditionnellement emporté sur l’obscur travail de préparation des experts, n’échappe pas, fort heureusement, à plus d’un membre de la cohorte de conseillers et de spécialistes que comportait la pléthorique délégation libanaise au sommet de Moncton. Souhaitons-leur donc d’être entendus ! L’entretien avec Chirac Autre bonne nouvelle, le souci de ces deux années de préparation est partagé au plus haut niveau par la France dont le président, Jacques Chirac, a fait part à M. Lahoud de sa volonté de placer à la disposition du Liban ses propres spécialistes (en sus de ceux de l’Agence francophone) en la matière, offre qui a été acceptée avec gratitude. Après un entretien élargi d’une heure qui a groupé, autour de MM. Chirac et Lahoud, MM. Michel Murr, Naji Abi-Assi, Jean-David Lévy, Jean-François Giraud et Mme Catherine Colonna, les deux chefs d’État se sont entretenus durant une trentaine de minutes dans un salon de l’hôtel Delta Beauséjour assistés des seuls MM. Abi-Assi et Giraud, s’attardant essentiellement sur le processus de paix au Proche-Orient et les relations bilatérales libano-françaises. Selon des informations dignes de foi, M. Chirac a fait part de son optimisme après la signature, ce même jour à Charm el-Cheikh, de l’accord israélo-palestinien, et s’est enquis des vues libanaises sur la question, ainsi que sur le rôle que peut jouer la France pour faciliter le processus de paix : rôle dont M. Chirac a pris soin de signaler qu’il répondait en principe aux souhaits de la Syrie, à lui-même formulés par le président Hafez el-Assad, lors de sa dernière visite officielle à Paris.Le président Lahoud a chaleureusement remercié la France pour sa sollicitude à l’égard du Liban, qui s’était manifestée d’éclatante manière en 1996, lors de l’opération israélienne Raisins de la colère, et il s’est félicité de la présence agissante de ce pays au sein du comité international de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud. Le chef de l’État a exprimé son souhait de voir la France et d’une manière générale l’Europe s’impliquer dans les efforts de paix, sans avancer toutefois des suggestions particulières ; il a convenu avec son interlocuteur qu’après l’accord de Charm el-Cheikh les deux volets libanais et syrien de la négociation avec Israël devraient pouvoir être réactivités avec une relative facilité. Comme il l’a fait à plus d’une reprise dans ses propos publics à Moncton, le président Lahoud a mis l’accent sur les périls découlant de tout projet d’implantation définitive au Liban des réfugiés palestiniens installés sur son sol, inquiétude partagée au demeurant par M. Chirac. Passant ensuite aux relations bilatérales, les deux présidents sont rapidement tombés d’accord sur la nécessité de leur redonner l’étroitesse, la solidité et la chaleureuse amitié dont elles étaient traditionnellement empreintes, avant la période de tiédeur apparue avec l’avènement de l’actuel régime libanais et l’éviction de M. Rafic Hariri. Au terme de la discussion, MM. Lahoud et Chirac se sont félicités de la confiance internationale accrue à l’égard du Liban et de l’échange de visites survenu, ces derniers temps, entre responsables français et libanais ; mais la question de l’invitation à visiter officiellement la France, adressée au président libanais lors de son élection en novembre dernier, n’a pas été évoquée. Au plan économique, M. Chirac a fait remarquer que le Liban n’avait usé, à ce jour, que d’une modeste partie des protocoles d’accord (d’un montant global de 560 millions de francs) conclus avec la France : cela à un moment où de nombreux autres pays francophones ne demanderaient pas mieux que de bénéficier d’une rallonge et où la France elle-même est sujette à des contraintes budgétaires. Ce sommet bilatéral n’a été suivi d’aucune déclaration publique : M. Lahoud ayant fait savoir qu’il préférait, quant à lui, s’abstenir d’une telle adresse, le président Chirac a dû se résigner à la même réserve. Cette frilosité médiatique libanaise a surpris, par ailleurs, les envoyés de plus d’une chaîne de télévision internationale – à leur tête TV5, dont l’audience francophone est évaluée à un demi-milliard de personnes – à l’heure où les regards (et l’œil des caméras) se portent déjà sur Beyrouth, dans la perspective du sommet de 2001. Rencontre avec les émigrés Pour sa seule rencontre avec la presse, le chef de l’État (qui a fait preuve par ailleurs d’une exquise courtoisie avec les journalistes libanais présents) avait choisi, samedi en fin de matinée, le cadre de l’université de Moncton où l’attendaient, dans un des bâtiments, quelque deux cents membres de la communauté libanaise du Canada venus, pour la circonstance, des diverses provinces de cet immense pays de près de dix millions de kilomètres carrés ; outre des représentants d’associations estudiantines, culturelles et autres, on notait la présence de plusieurs dignitaires religieux, chrétiens et musulmans. S’écartant souvent du texte de son allocution, répondant ensuite aux questions de l’assistance et des journalistes libanais présents, le chef de l’État, qui était fréquemment applaudi par l’assistance, s’est attaché à souligner les points suivants : l Le Liban est appelé à jouer à nouveau un rôle très important au Proche-Orient ; le président s’est félicité de la confiance internationale sans cesse croissante dans notre pays, pressant les émigrés comme les résidents à contribuer activement à l’œuvre de redressement national. «Une fois la paix instaurée dans la région, et une fois achevée l’édification de l’État de droit, nous allons voler très haut», a-t-il assuré. l Le Liban exigera invariablement la reconnaissance du droit des réfugiés palestiniens au retour dans leurs foyers. Autrement, ce sont ses propres droits, en sus de sa dignité, qu’il aurait bradés. À propos de l’affaire du palais de Beiteddine, le président Lahoud a déclaré avec force : «J’y vais, j’y suis parfaitement chez moi, non point à titre personnel, mais parce que ce palais est propriété de l’État et la résidence d’été du président de la République». Il a précisé que son respect pour la mémoire de Kamal Joumblatt ne l’autorisait pas à faire exception pour la statue du leader disparu, qui avait été érigée durant la guerre dans l’enceinte de l’édifice. l Le retour au pays des exilés politiques hostiles à la Syrie : «Ahlan wa sahlan» (Bienvenue) s’est écrié M. Lahoud, ajoutant aussitôt cependant que «ceux qui ont enfreint la loi doivent rendre compte de leurs faits». Au terme de cette rencontre, M. Lahoud s’est prêté avec le sourire au défilé des personnes venues le saluer.
On s’y attendait, depuis la réunion de 1997 à Hanoi, c’est désormais décidé : Beyrouth abritera, en l’an 2001, la prochaine conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant le français en partage ; ainsi en a décidé, à l’unanimité des participants, le sommet de Moncton qui a achevé ses travaux dimanche en fin de matinée. Dans une allocution qu’il a prononcée durant...