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Actualités - ANALYSE

Une priorité ponctuelle, calmer le jeu au sud

C’est en principe ce samedi que Madeleine Albright se pointe à Beyrouth. Tout a été préparé, surtout sur le plan sécuritaire, pour la recevoir. Une visite qui s’inscrit comme on sait dans le cadre d’une tournée régionale destinée à officialiser la reprise des pourparlers de paix. Sur tous les volets, syrien en tête. Le processus, bloqué depuis l’avènement de Netanyahu le trouble-fête en 1996, reprend vie avec Barak. Ce qui ne signifie pas que tout devrait aller comme sur des roulettes. Car le leader travailliste, s’il n’est pas un obstructionniste forcené comme son prédécesseur, n’en est pas moins coriace. Il développe à ce jour des théories qui proposent bien plus une capitulation arabe qu’une paix équitable. Mais les a priori sont quand même à écarter car, avant toute négociation, chaque partie fait naturellement monter les enchères. D’une façon ou d’une autre : au Sud ce jeu classique se traduit ces derniers jours par de violentes flambées sur le terrain. Il en a d’ailleurs toujours été ainsi : les nombreuses navettes de Warren Chrisopher lors du premier mandat Clinton étaient toujours marquées par des escalades militaires sur le front méridional libanais qui est le seul où une résistance arabe active s’exprime face au spoliateur israélien. L’avantage paradoxal de ce facteur est qu’Albright, nonobstant l’effacement volontaire des autorités locales qui ont depuis longtemps cédé le vrai pouvoir de décision au tuteur syrien, se décide à inclure le Liban dans sa tournée. Car si on ne calme pas d’urgence le jeu au Sud tout le reste risque de s’en trouver compromis. Initialement, la secrétaire d’État américaine ne voulait pas venir à Beyrouth, déclarant qu’elle n’avait rien de nouveau à discuter avec les autorités libanaises. Du nouveau, du sanglant même, les protagonistes sur le terrain se sont chargés de lui en fournir et il lui a fallu se résigner à effectuer une étape ici. Le reste est à la fois plus crucial et moins important. Il s’agit de faire de premières propositions concernant la date et le site du nouveau round de pourparlers. Et de prendre note encore une fois des positions libanaises qui se résument en trois phrases : attachement à la 425 qui ordonne un retrait israélien inconditionnel ; fidélité intangible à la Syrie à travers le jumelage du volet Sud avec l’affaire du Golan ; refus de l’implantation et nécessité de régler le cas des réfugiés palestiniens avant la signature d’un accord de paix. En marge de l’enregistrement routinier de ces constantes, Madeleine Albright, soutiennent certains loyalistes, «voudra exprimer le soutien des États-Unis au pouvoir libanais, au régime du président Lahoud comme au gouvernement de M. Sélim Hoss». Ces assertions font sourire les opposants qui estiment au contraire que «la venue d’Albright, la relance des pourparlers peuvent constituer le début de la fin pour le Cabinet en place. Car si on va vers la paix, il faudra évidemment un gouvernement assez fort politiquement pour pouvoir la signer sans risque de remous intérieurs, ce qui n’est pas le cas de l’équipe Hoss. De même sur le plan économique, il serait alors difficile de se passer de l’entregent international du crédit d’un milliardaire du calibre de M. Rafic Hariri». Comme quoi les politiciens locaux, incorrigibles, ne veulent jamais voir les événements que par le petit bout de la lorgnette. Car il est certain que la visite d’Albright n’a pratiquement aucun rapport avec la situation politique intérieure du Liban ou avec ses problèmes socio-économiques. Le chef de la diplomatie US ne peut se placer pour le moment que dans la perspective des négociations régionales. Si elle prend langue avec les autorités libanaises, c’est ou bien parce que les Syriens refusent de négocier pour le Liban, ou bien pour montrer à Damas qu’il ne peut disposer de la carte libanaise que s’il se montre coulant. Bien évidemment, dans le prolongement d’une politique énoncée depuis la conférence de Madrid, Washington cherche aussi à neutraliser le Hezbollah. Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur des États-Unis, M. David Satterfield, a interrompu ses vacances d’été pour accueillir Mme Albright.
C’est en principe ce samedi que Madeleine Albright se pointe à Beyrouth. Tout a été préparé, surtout sur le plan sécuritaire, pour la recevoir. Une visite qui s’inscrit comme on sait dans le cadre d’une tournée régionale destinée à officialiser la reprise des pourparlers de paix. Sur tous les volets, syrien en tête. Le processus, bloqué depuis l’avènement de Netanyahu le...