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Actualités - ANALYSE

Législatives- Pas de nouveau découpage avant le début de l'an 2000 La future loi électorale domine la vie politique

Bien qu’il semble acquis que la nouvelle loi électorale ne verrait le jour qu’au début de l’année prochaine, les tractations en cours pour la mise au point de cette loi dominent actuellement la scène locale et déterminent les initiatives des uns et des autres. Elles marquent aussi les relations entre les principaux acteurs politiques, tant du côté des proches du pouvoir que de celui de l’opposition. Ainsi, estime-t-on dans les milieux politiques, la question électorale n’était pas étrangère au «projet» de rencontre entre le chef du gouvernement Sélim Hoss et l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, que préparait activement le président de la Chambre Nabih Berry, et qui était destinée à sceller la réconciliation entre les deux hommes. M. Berry escomptait naturellement récolter des fruits de cette rencontre, qui aurait dû, si elle avait eu lieu, être placée sous sa supervision. On sait que le Premier ministre en a décidé autrement, en affirmant dimanche qu’il n’existait à sa connaissance aucune démarche en ce sens et que, de toutes façons, il n’y avait nul besoin de réconciliation avec M. Hariri du moment que rien de personnel ne le séparait de lui. Cette fin de non-recevoir opposée par M. Hoss à M. Berry visait tout d’abord à marquer la frontière de la présidence du Conseil et rejeter toute hégémonie de la part de la Chambre. M. Hoss estime en effet qu’une telle médiation de la présidence de l’Assemblée ne pouvait aboutir qu’à placer le Sérail sous la coupe du «perchoir», ce qu’il ne saurait accepter en se fondant sur sa propre conception de la séparation des pouvoirs et de la nécessité d’empêcher que l’un ne prenne le pas sur l’autre. D’où son empressement à préciser que son domicile et son bureau étaient «ouverts à quiconque souhaite lui rendre visite ou engager un dialogue». Par cette formulation, M. Hoss a également voulu rejeter la balle dans le camp de M. Hariri, en lui reprochant implicitement de chercher délibérément à ignorer et à marginaliser la présidence du Conseil, en limitant son dialogue au président de la République, chez qui il s’est déjà rendu à plusieurs reprises. Mais M. Hoss entendait aussi éviter qu’une telle réunion entre lui et son prédécesseur ne donne lieu à une exploitation «électorale». Il craignait en effet que certains ne versent dans des explications inopportunes à propos de la rencontre, à partir du constat de sa faiblesse électorale présumée à Beyrouth face à M. Hariri. Ne pouvant affronter ce dernier, il aurait ainsi voulu se réconcilier avec lui afin d’être en mesure d’emporter les suffrages de la rue sunnite dans la capitale. Cet épisode illustre l’impact des considérations électorales sur la vie politique, alors même que rien n’a encore été décidé concernant la taille des circonscriptions qui sera adoptée dans la loi en préparation. Des députés qui ont visité Baabda récemment assurent en effet que la question n’a pas encore été tranchée dans un sens ou un autre. Ils rapportent toutefois que le chef de l’État Émile Lahoud continue de mettre l’accent sur les principes qui doivent régir la loi électorale et, notamment, sur l’égalité entre les régions et la nécessité d’un scrutin assurant une représentation authentique. Selon les députés, M. Lahoud demeurera fermement attaché à ces deux principes, quelle que soit la formule qui sera finalement adoptée. À en croire certaines informations, le mohafazat reste perçu comme étant la meilleure circonscription possible, mais une série d’obstacles s’oppose à son adoption. Il en est ainsi par exemple du Liban-Sud, que le chef du gouvernement insiste à maintenir en deux circonscriptions, correspondant aux deux mohafazats du Sud et de Nabatyeh, dont il refuse catégoriquement la fusion. Naturellement, ce point de vue ne convient pas à M. Berry qui, au contraire, voudrait en faire une circonscription unique, comme en 1992 et 1996. Un autre obstacle se pose au Mont-Liban, où une éventuelle division du mohafazat en deux circonscriptions ne serait acceptée qu’au cas où la même règle s’appliquerait partout ailleurs, en vertu du principe défendu par le président de la République. Le cas Frangié Une nouvelle complication, mais dans le sens inverse, est apparue avec la prise de position du ministre de l’Agriculture Sleiman Frangié au cours du week-end écoulé. M. Frangié est entré assez brutalement sur la scène électorale en menaçant de boycotter le scrutin en cas d’adoption de ce qu’il appelle des circonscriptions «confessionnelles» et en manifestant sa préférence pour le mohafazat. En clair, cela signifie, pour ce qui est du Liban-Nord, que M. Frangié ne s’oppose pas à la division du mohafazat, mais à condition que l’on ne se retrouve pas entre chrétiens d’un côté et entre musulmans de l’autre. Autrement dit, Zghorta et Tripoli doivent continuer selon lui à faire partie d’une même circonsciption. Il a également préconisé que la liste de laquelle il fera partie n’ait pas de «tête», ce qui a aussitôt fortement déplu à l’ancien Premier ministre Omar Karamé, qui n’a pas hésité à le faire savoir. M. Frangié a résumé le fond de sa pensée en affirmant que ce qui comptait pour lui, c’est que la loi électorale puisse aboutir à «l’intégration nationale». «Que la loi soit juste ou injuste est secondaire», avait-il dit.
Bien qu’il semble acquis que la nouvelle loi électorale ne verrait le jour qu’au début de l’année prochaine, les tractations en cours pour la mise au point de cette loi dominent actuellement la scène locale et déterminent les initiatives des uns et des autres. Elles marquent aussi les relations entre les principaux acteurs politiques, tant du côté des proches du pouvoir...