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Actualités - CHRONOLOGIE

Livre - Amine al-Ghadab de Gebran Massoud Témoignage et réflexion

Un témoignage sur la guerre. Récit, fiction, réalité, tout cela peut-être à la fois sous la désignation de roman, dans une narration aux limites et contours littéraires délibérément imprécis. Aux éditions Dar an-Nahar vient de paraître en arabe Anine al-Ghadab (La complainte de la colère) de Gebran Massoud (130 pages). Né à Beyrouth en 1930, l’auteur n’est guère éloigné des milieux intellectuels et littéraires libanais. Diplômé de l’AUB en histoire et maître ès littérature, Gebran Massoud à déjà publié plus d’un ouvrage, dont Jadati (Ma grand-mère) et Walye el-Dine Yakan et un précis de littérature à l’intention des élèves des classes du baccalauréat en deux volumes : Le Liban et la Renaissance moderne et al-Raed, une sorte d’encyclopédie linguistique littéraire. Pour son dernier roman, oscillant entre témoignage et réflexion sur la guerre au Liban, Gebran Massoud a placé cette éclairante exergue au cœur de la première page, toute mordue de blanc : «Aux Libanais privés, durant les sanglants événements du Liban, de la grâce de la colère» et quelle colère nous avons couvé durant ces effroyables journées où on en a bavé et vu de toutes les couleurs. Blanche, verte ou bleue, indéfinissable colère... C’est en fait l’histoire, bien vivante et presque douloureusement prosaïque, du Oustaz, de Hanane, d’Ali et de Myriam qui traversent les «turbulences» d’une époque que l’on voudrait aujourd’hui reléguer peut-être au plus profond de notre mémoire. Roman assurément mais aussi état d’âme, mémoire. Mélange d’une prose respirant des évènements «invivables». Et ce livre est justement sur ces «gens» qui ont vécu cette tranche de vie. Ni louange ni critique, mais constat de faits et de situations qui conduiront ces «antihéros» à l’émigration. Le roman s’ouvre sur une correspondance taillant dans le vif du sujet, le drame d’un quotidien plus que précaire. Poésie d’abord d’une langue arabe chaîtiée et belle dans sa musicalité riche et ses images au lyrisme souvent tourmenté. Pour ces tristes moments où la «gloire» était «à l’épée et non à la plume», l’auteur évoque avec beaucoup de talent et en termes concis mais troublants ces instants où «la mort planait sur nos têtes et qu’il n’y avait que la télé et la radio qui ronronnaient». Pour ces personnages «jetés dans les abris, privés de rêve» et tracés avec tendresse, des dialogues animés et percutants soutenus par des descriptions à l’emporte-pièce. Voilà un monde puisé dans l’amer d’une réalité presque cauchemardesque mais paradoxalement grouillant de vie. Et c’est cette atmosphère à la fois étrangement enfiévrée et habitée de secrets espoirs que restituent ces pages écrites avec maîtrise et une sensibilité à fleur de peau.
Un témoignage sur la guerre. Récit, fiction, réalité, tout cela peut-être à la fois sous la désignation de roman, dans une narration aux limites et contours littéraires délibérément imprécis. Aux éditions Dar an-Nahar vient de paraître en arabe Anine al-Ghadab (La complainte de la colère) de Gebran Massoud (130 pages). Né à Beyrouth en 1930, l’auteur n’est guère éloigné...