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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Cinéma - Le 7e art au Maghreb Un exemple pour le Liban(photos)

Les discussions sur l’avenir du cinéma libanais ont été à l’ordre du jour en week-end avec l’ouverture du Festival du cinéma maghrébin vendredi 13 août qui se déroulera jusqu’au 26. Ahmed Baha Eddine Attia (producteur), Hélène Catzaras (actrice), Raouf ben Amr (acteur) et Hassen Daldoul (producteur) sont présents à Beyrouth jusqu’à ce soir pour promouvoir un cinéma tunisien qui semble au sommet de sa forme. Samedi 14 , les invités du festival ont donné une conférence de presse animée par Dima el-Joundi (elle et son équipe sont responsables de la création du cinéma Six, de l’organisation de ce festival et bientôt de la gestion du Beirut Film Festival) . Ahmed Baha Eddine Attia, un des producteurs tunisiens les plus influents, entame le débat par un commentaire sur la situation actuelle du cinéma tunisien. «Le cinéma du monde arabe a longtemps été dominé par le cinéma égyptien commercial ; on considérait qu’aller voir un film égyptien était un acte de patriotisme, parce que c’était un film arabe. Puis il y eut dans le cinéma arabe des tentatives de créer un cinéma national qui n’a pas rencontré grand succès auprès du public. C’était un cinéma d’élite, un cinéma de festivals, un cinéma pour les critiques, mais pas populaire. Puis un nouveau cinéma tunisien est né au milieu des années 80 (…), cinéma d’auteur qui a plu dans les festivals, qui a été primé et apprécié par la critique et qui a eu un succès populaire en Tunisie et ailleurs malgré l’absence d’ingrédients du succès (action, vedettes, effets spéciaux)». Parmi les raisons de ce succès, il cite : «C’est un cinéma sincère, contemporain, crédible qui s’est préoccupé des tabous, des interdits, des blessures sociales, sans autocensure et même en affrontant la censure. Après tout un film ne fait pas la révolution, mais aide à l’évolution !», assure Attia. Le cinéma tunisien ressemblerait au néoréalisme italien (nous sommes d’accord vu la manière dont la femme est présentée) avec certaines particularités. Des similitudes avec le cinéma libanais «Notre cinéma est l’enfant d’un mouvement théâtral très fort qu’a connu la Tunisie au milieu des années 60, au début des années 70 qui a fortement marqué les prestations d’acteurs et qui a touché à la langue dialectale tunisienne au moment où la langue arabe comme langue populaire parlée était une langue presque morte. Il est important que le Liban, qui a une jeunesse audiovisuelle, puisse profiter de ces atouts comme la Tunisie, un pays qui lui ressemble», conclut M. Attia. Hassen Daldoul prend la parole : «Le miracle du cinéma tunisien tient aussi à sa richesse ; il a une préoccupation sociale mais aussi esthétique, sans être trop contestataire il reste le seul lieu où l’on peut contester (les médias ne sont pas libres), il attaque les tabous, le pouvoir et ce qui est toléré. D’ailleurs le fait de recourir à la langue arabe est devenu une contestation en soi (…). Il faut faire des films. Et il est vrai que le Liban en est capable grâce à ses jeunes, son histoire présente et passée qui inspirent des sujets intéressants. Ce groupe (de cinéastes) doit rencontrer les représentants des pouvoirs publics pour demander l’éclosion d’une industrie cinématographique». Raouf ben Amr se déclare très heureux de la renaissance du cinéma libanais. Une vision du futur «Aujourd’hui, je me sens très proche de ce côté de la Méditerranée et ce serait très beau de réussir à faire un film en commun», souligne Hélène Catzaras. À ce jour, aucun long métrage libanais n’est possible sans une coproduction avec des pays étrangers (la France surtout dans notre cas). «La difficulté de la coproduction actuellement est dans le financement, commente M. Attia. Par leur attitude quelque peu nationaliste, les gérants des fonds d’aide tunisiens n’octroient de crédits qu’aux films dont les réalisateurs sont tunisiens. Il existe pourtant une Association des producteurs de la Méditerranée (APIMED, dont M. Attia est président) qui a pour objectif de susciter un partenariat des pays de la Méditerranée pour permettre de créer un lobby de production, mais il y a là une nécessité de créer un fonds de soutien dans chaque pays et d’ouvrir les perspectives d’une coopération avec l’Europe plus qualifiée, plus forte que celle qui existe maintenant». Toujours pour établir une comparaison avec le cinéma libanais, M. Daldoul assure que les films tunisiens sont aussi victimes de la censure. «En Tunisie, la censure est politique, sociale, policière. La loi n’est même pas suffisamment claire pour que l’on puisse parler de commission de censure. Celle-ci se dit de contrôle et maintenant d’orientation», déplore-t-il avant de conclure que dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage, les films libanais sont toujours bien reçus. Table ronde Tout dans le cinéma tunisien le rapproche du nôtre bien que l’industrie cinématographique soit à un stade plus avancé. Quelques heures après la conférence, un débat a réuni les quatre invités du festival avec des professionnels du cinéma: Dominique Chastres (responsable de l’audiovisuel près l’ambassade de France), Giorgio Ficarelli (responsable du cinéma auprès de la Commission européenne) ainsi que les réalisateurs Bourhane Alaouié, Michel Kammoun, Élie Khalifé, Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige ; Alexandre Najjar qui, la veille, lors de l’inauguration, avait annoncé la création prochaine de plusieurs organismes de soutien au cinéma libanais, n’a pu participer à la discussion. Cette table ronde, qui avait pour objectif d’exposer les raisons du succès du cinéma tunisien, a vite dérivé vers les problèmes actuels du cinéma libanais et deux heures de débat n’auront bien évidemment pas suffi pour examiner tous les points. La présence de réalisateurs a permis d’évoquer les difficultés auxquelles font face les cinéastes libanais. Le manque de financement reste à ce jour l’obstacle majeur de la production d’un film local. Dans un effort pour faire profiter le Liban de son expérience en Tunisie, M. Attia a déclaré : «En Tunisie, il est difficile de faire un film sans coproduction. Mais à la différence du Liban, l’aide de l’État est considérable ; elle permet parfois même de financer la moitié d’un long métrage. Le reste des crédits est assuré par diverses associations dont le Fonds Sud (auxquels les Libanais ont également accès). Si vous tentez d’instituer des accords avec la France ou d’autres pays, nous tenons à vous informer des difficultés auxquelles vous pouvez faire face». M. Attia considère que l’ère des accords qui imposent une production de films d’expression française à au moins 50 % est révolue. La meilleure solution serait la mise en place d’accords de coopération audiovisuelle. Hassen Daldoul pense que l’accord cadre de coproduction doit exister mais sans ôter la langue locale de la rue. Pour répondre à ce problème, Dominique Chastres assure que l’accord que prévoit de signer Mme Catherine Trautmann, (ministre française de la Culture) entre la France et le Liban, en octobre, ne contiendrait pas les mêmes clauses sur l’expression française mais qu’il voudrait quand même préserver une identité francophone. «Des équipes mixtes ont travaillé sur les derniers films locaux et cela a posé problème. C’est pourquoi les accords de coopération sont nécessaires», dit-il. M. Ficarelli appuie lui aussi la solution de coproduction. M. Chastres a également insisté sur le rôle de l’État libanais (qui aurait démontré une volonté de structurer l’industrie audiovisuelle libanaise) ainsi que sur celui des télévisions locales, dans le développement du cinéma national. Bourhane Alaouié affirme que «la création d’un fonds de soutien libanais permettra de révolutionner l’industrie cinématographique. Il faut aussi que ces caisses soient bien gérées». Mme el-Joundi parle de prélever une taxe sur les billets et des difficultés qui se posent à cet égard. Tous les cinéastes présents ont parlé de leur cas (chacun fait face à des problèmes différents). Le débat s’est terminé sur une constatation : avec ce nouveau mouvement du cinéma, et avec les maisons de publicité qui commencent à financer de petits projets, l’avenir s’annonce sous des jours moins sombres. L’intention est bonne, on attend les résultats.
Les discussions sur l’avenir du cinéma libanais ont été à l’ordre du jour en week-end avec l’ouverture du Festival du cinéma maghrébin vendredi 13 août qui se déroulera jusqu’au 26. Ahmed Baha Eddine Attia (producteur), Hélène Catzaras (actrice), Raouf ben Amr (acteur) et Hassen Daldoul (producteur) sont présents à Beyrouth jusqu’à ce soir pour promouvoir un cinéma...