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Actualités - REPORTAGES

Energie - Elf Aquitaine au secours du tourisme Projet de gazoduc Syrie-Liban

Comme l’a annoncé le ministre français du Commerce extérieur Jacques Dondoux lors de sa visite à Beyrouth, plusieurs protocoles ont été signés entre le groupe Elf Aquitaine d’une part, les responsables libanais et régionaux d’autre part, portant sur l’implantation d’un gazoduc reliant la Syrie et le Liban. Ce réseau permettra également l’alimentation en gaz, par voie maritime, d’un terminal, puis à travers l’ensemble du pays, des centrales électriques. Si le premier objectif est une production «propre» par les centrales électriques libanaises, ce projet représente aussi un élément stratégique important pour le Liban. Dans un entretien accordé à L’Orient Le Jour, M. André Graille, représentant d’Elf Aquitaine Gaz au Liban, a précisé les grandes lignes d’un investissement qui représente environ un milliard de dollars, en BOT, l’alimentation des centrales électriques côtières, dont certaines sont actuellement responsables de pollutions importantes, particulièrement nuisibles au tourisme. La réhabilitation de l’infrastructure au Liban a eu ses priorités. Il a fallu restaurer les routes, l’eau, l’électricité et de nombreux immeubles. Puis il s’est agi de renouveler les réseaux téléphoniques et autres. Tous ces domaines représentaient autant d’urgences auxquelles les Libanais ont fait face rapidement. Mais il existe aussi des grands projets qui doivent hisser le pays au niveau des standards internationaux ; des réalisations stratégiques qui, de plus, devraient permettre des économies particulièrement importantes sur le budget. L’installation d’un réseau de gaz relié à d’autres États de la région constitue un nouveau défi. Des économies Il existe à travers le monde, deux sortes de gaz combustibles : le propane et le butane, issus de la distillation du pétrole et qui représentent environ 10 à 20 % des produits extraits. Le méthane est, lui, un gaz naturel que l’on puise dans les gisements. Il peut être transporté soit par bateaux soit par gazoduc. Dans les deux cas, le coût du transport est relativement peu coûteux. Mais l’avantage de cette source d’énergie réside surtout dans le niveau très faible de pollution, lors de sa combustion. Par ailleurs, le méthane combustible propre induit des coûts d’installation et d’entretien bien inférieurs à ceux d’autres carburants traditionnels. Au Liban, les centrales électriques sont alimentées en fuel et en gasoil qui produisent des rejets de soufre et de grandes quantités de CO2, particulièrement à Zouk où les installations, bien que rénovées, restent vétustes, en comparaison des nouvelles centrales de Zahrani et Beddaoui. Celles-ci pourraient d’ailleurs accueillir le gaz sans aucun problème. À Zouk, seul le remplacement des brûleurs serait nécessaire. L’économie réalisée par ce changement d’alimentation serait d’environ 20 % par rapport aux dépenses actuelles de fuel dans les centrales électriques rénovées. Ceci occasionnerait aussi, une économie sur les rénovations des centrales de l’ordre de 10 à 15 %. Si l’équipement des centrales électriques est envisageable, la question de l’approvisionnement est plus délicate et, à l’évidence, comporte un intérêt stratégique. Le gaz naturel n’existant pas au Liban, il faut donc l’importer. Le projet d’aménagement d’une station de réception et de stockage a été envisagé à Batroun-Selata, dans la zone industrielle. À partir de ce terminal gazier, serait établi un gazoduc qui desservirait toutes les centrales électriques du pays (l’usage industriel est une autre étape de la distribution). Le ravitaillement serait assuré pour un tiers par la Syrie et pour les deux autres tiers, par Qatar, gros producteur mondial de gaz. L’acheminement du gaz de Syrie sera effectué par un gazoduc, alors que celui de Qatar parviendra au terminal de Batroun par la mer, via le canal de Suez. Le coût de la mise en place du terminal représente environ 400 millions de dollars, financés en BOT sur 25 ans. En outre, il faut deux bateaux spéciaux, dont le prix unitaire est de 200 millions de dollars. Le solde de l’investissement est réservé à l’établissement du gazoduc entre Homs et Batroun, puis de Batroun aux quatre centrales électriques que compte le Liban. Au total, l’investissement serait d’environ un milliard de dollars. Gaz de qualité Les grands groupes pétroliers internationaux maîtrisent les montages financiers qui permettent aux gouvernements des pays du Sud d’investir dans des projets aussi importants. Le Liban, en effet, comme beaucoup d’autres États ne peut faire face à une telle dépense au comptant, même si le programme est très profitable. Dans le cas présent, Elf Aquitaine s’est même adjoint deux partenaires, les compagnies italienne Ansaldo et américaine Kellog, spécialisées dans les travaux électriques et l’installation d’usines à gaz. Par ailleurs, les armateurs, spécialisés dans le transport maritime de gaz liquéfié ( à –160°C) seront aussi mis à contribution. Du côté syrien, Elf est également producteur de pétrole et de gaz (notamment, en association avec Conoco - entreprise américaine) ; les ressources en gaz ont été estimées de bonne qualité, mais ne sont pas illimitées. Ce qui pourrait conduire dans l’avenir à une politique d’ouverture vers d’autres pays amis. Dans son exposé, M. Graille a insisté sur la particularité des contrats gaziers. En effet un approvisionnement en fuel peut être renégocié au gré du temps, mais un approvisionnement en gaz nécessite de la part de l’État libanais un engagement sur 25 ans, en raison du coût des installations. Il en est de même pour les pays fournisseurs de gaz et pour le consortium qui financera, construira et gérera l’installation. Pour l’instant, le gouvernement libanais s’interroge et le projet reste en suspens.
Comme l’a annoncé le ministre français du Commerce extérieur Jacques Dondoux lors de sa visite à Beyrouth, plusieurs protocoles ont été signés entre le groupe Elf Aquitaine d’une part, les responsables libanais et régionaux d’autre part, portant sur l’implantation d’un gazoduc reliant la Syrie et le Liban. Ce réseau permettra également l’alimentation en gaz, par voie maritime, d’un terminal, puis à travers l’ensemble du pays, des centrales électriques. Si le premier objectif est une production «propre» par les centrales électriques libanaises, ce projet représente aussi un élément stratégique important pour le Liban. Dans un entretien accordé à L’Orient Le Jour, M. André Graille, représentant d’Elf Aquitaine Gaz au Liban, a précisé les grandes lignes d’un investissement qui représente...