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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Congrès - Pollution, déchets, hygiène , alimentation Plus de 80 chercheurs confrontent leur expérience à la Faculté des sciences de Fanar(photos)

Placé sous le patronage du chef de l’État, le général Émile Lahoud, le premier congrès franco-libanais sur l’environnement et la santé s’est ouvert hier à l’auditorium de la faculté des sciences, à Fanar. Il regroupe plus de 80 experts et chercheurs français, libanais, algériens, marocains et tunisiens venus confronter leurs expériences et offrir une plate-forme pédagogique. Les sessions, étalées sur trois jours, porteront sur plusieurs thèmes dont des sujets d’actualité pour le Liban : les pollutions atmosphériques et hydriques ; les déchets ménagers, industriels et hospitaliers ; l’hygiène et le cadre de vie, mettant l’accent sur le tabagisme, les accidents de la route, les pesticides et effets respiratoires … «Environnement et santé sont indissociables. Ils font référence à des concepts qui vont bien au-delà de celui de nature et hygiène», a dit le doyen de la faculté de santé publique, Mme Bernadette Abi-Saleh. Elle a rappelé, dans son mot d’accueil, qu’en 1994, un diplôme d’études approfondies en santé publique a été instauré à l’Université libanaise. Destinés en premier lieu aux médecins et cadres du ministère de la Santé, ces cours spécialisés sont assurés par le professeur Roger Salamon, directeur de l’Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement (Isped) de l’Université de Bordeaux 2, et son équipe. À cette occasion, le Pr. Salamon a signalé «une évolution de la santé publique vers des champs nouveaux d’investigation et d’action (pollution, urbanisation, déchets etc.). Mais aussi, «vers des pluridisciplinarités indispensables (clinique, épidémiologie, toxicologie, chimie et tout autre secteur du champ de l’environnement allant de l’agroalimentaire au nucléaire ou à l’urbanisme). Le directeur de l’Isped a indiqué par ailleurs que «le développement de la santé environnementale participe, par ses liens avec le secteur professionnel, à celui de la santé du travail et associe la médecine du travail». Le champ de la santé environnementale est «un parfait exemple de l’absence de frontières des risques pour la santé», a-t-il ajouté. La pollution, les déchets, l’hygiène des eaux en sont de très bons exemples. Prenant à son tour la parole, le président de l’UL M. Assaad Diab a indiqué que «le Liban est ouvert à tous les aspects de la connaissance et à toutes les idées et les sciences susceptibles d’améliorer et de renforcer les conditions sanitaires». M. Jacques Valade, ancien ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, actuellement vice-président du sénat français et président du comité Cèdre, a souligné pour sa part que le thème “Environnement et santé”, retenu pour ce congrès, «reflète la prise de conscience actuelle des difficultés que nous rencontrons». Aspirant tous à une lutte efficace contre la maladie et à une qualité de soins toujours améliorée, «il importe désormais d’intervenir le plus en amont possible en prévenant les maladies liées à notre environnement et à sa dégradation». Cette prise de conscience, indispensable, doit rassembler «tous les scientifiques susceptibles d’intervenir sur les différents facteurs dont dépend la qualité de vie de nos concitoyens. Il leur appartient donc de mobiliser les politiques», a ajouté M. Valade. Le ministre de la Santé, le Dr Karam Karam, devait quant à lui affirmer l’engagement de l’État et du peuple libanais à prodiguer le maximum d’efforts pour la protection de l’environnement. L’intérêt porté à ce domaine ne sera «ni individuel ni partiel ni ponctuel». Il concerne tous les corps fonctionnels, tous les services officiels, toutes les organisations et les clubs». L’environnement, «c’est l’affaire de tout le monde», a dit le ministre. En effet, «la santé ne se limite pas à combattre les maladies par le traitement. Elle exige de les surmonter par la prévention. Or celle-ci n’est possible que dans un environnement de qualité où la santé peut puiser ses ressources». Les interrogations de la médecine Figure éminente de la médecine, le Pr Nagib Taleb devait mettre l’accent sur «les nuisances» difficiles à cerner. Elles concernent l’air, l’eau, les champs électromagnétiques, la nourriture, les déchets… «Beaucoup de cas échappent à des rapports clairs, à des causalités évidentes. L’incertitude dérange la démarche médicale et marque de nombreux points de notre connaissance de l’environnement», a indiqué le conférencier. À titre d’exemple, l’agent Orange, largement utilisé comme défoliant au Vietnam du Sud de 1961 à 1971. On attribue à ce toxique des troubles multiples : avortements, malformations congénitales, maladies chroniques, morts précoces. «Mais il a été jusqu’ici impossible de le prouver scientifiquement», dit-il. Tout comme nos connaissances sur les produits chimiques ; ils sont encore très fragmentaires. En effet, «malgré une directive européenne remontant à 1993 sur le contrôle des substances utilisées, seuls 19 produits ont pu être évalués jusqu’ici», signale le Pr. Nagib Taleb. L’incertitude et l’approximation règnent davantage autour des agents physiques : seuls les produits radioactifs sont connus nocifs et leurs effets sont quantifiés de manière précise pour guider leur prévention ou leur prise en charge. «Mais qu’en est-il des champs électro-magnétiques ? On a dit que les lignes à haute tension provoquent la leucémie. Le démenti est venu quelques mois après. Il est suivi d’autres études concluantes puis négatives. Le téléphone portable donne-t-il le cancer ? Une question qui revient souvent dans les journaux. Qui va soulager le médecin de l’embarras où il se trouve quand on lui pose la question ?». Et si certaines nuisances, comme le tabac, l’alcool, l’amiante, ont un effet bien documenté et relèvent de la médecine quotidienne, «le régime alimentaire malgré son importance vitale est la chose la moins étudiée du monde», dit le professeur Taleb. «Les médecins qui traitent les désordres alimentaires donnent des conseils contradictoires et souvent ridicules comme d’interdire les fruits parce qu’ils seraient trop riches en sucre. Une meilleure éducation du médecin et des patients est urgente car le régime alimentaire est impliqué dans la genèse de nombreuses maladies. On estime que le tiers des cancers sont liés au régime. Quant aux maladies digestives et cardiaques, l’hypertension, le diabète, elles dépendent directement de notre diète. Or avec 80 millions de bouches supplémentaires chaque année, il semble de plus en plus difficile d’assurer une alimentation correcte…», a conclu le Pr. Nagib Taleb. Recherche et politiques. Connaissances et décisions. Une série de conférences ont suivi la séance inaugurale. Signalons que le congrès a été construit en alternant les exposés et les présentations de travaux scientifiques. C’est le ministre de la Santé, le Dr Karam Karam, représentant le chef de l’État, qui a donné le coup d’envoi au colloque “Environnement et santé”. Assistaient à la séance inaugurale, MM. Mohamed Youssef Beydoun, ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, et le député Sleiman Kenaan, représentant respectivement les présidents de l’Assemblée et du Conseil ; le député Marwan Hamadé ; l’ambassadeur de France Daniel Jouanneau ; le vice-président du Sénat français Jacques Valade qui est aussi le président du comité Cèdre ( Programme de coopération, d’évaluation et de développement de la recherche); le président de l’Université libanaise Assaad Diab ; le représentant du commandant en chef de l’armée libanaise le commandant Chaker Turc ; le conseiller auprès de l’Unicef le Dr Ali Zein. Le 1er congrès franco-libanais a été organisé par la faculté de santé publique de l’Université libanaise et celle de l’Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement (Isped) de l’Université de Bordeaux 2, avec la collaboration des ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur, de la Santé, de l’Environnement, des Ressources hydrauliques et électriques, du Conseil national de la recherche scientifique et du service culturel de l’ambassade de France.
Placé sous le patronage du chef de l’État, le général Émile Lahoud, le premier congrès franco-libanais sur l’environnement et la santé s’est ouvert hier à l’auditorium de la faculté des sciences, à Fanar. Il regroupe plus de 80 experts et chercheurs français, libanais, algériens, marocains et tunisiens venus confronter leurs expériences et offrir une plate-forme pédagogique....