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Actualités - CHRONOLOGIE

Plus de 50 miliciens se sont déjà rendus à l'armée libanaise

Ils sont désormais plus de 50 à s’être livrés aux barrages de l’armée à Kfarfalous, à Bisri et à Bater. Parmi eux, à la surprise générale, plusieurs femmes qui travaillaient comme secrétaires ou à l’intendance et dans l’administration de l’ALS. L’une d’elles, Badra Haddad, a même été relâchée 90 minutes après s’être rendue au barrage de Bisri. Ce qui a encouragé ses «collègues» à suivre le même chemin. La «reddition» pour utiliser un terme guerrier se déroule dans la plus grande discrétion et par petits groupes à la demande des forces de sécurité elles-mêmes. Elle s’effectue généralement au petit matin ou en soirée, afin d’éviter la foule qui se presse aux barrages pendant la journée. À ce rythme, elle pourrait se prolonger pendant plusieurs jours. Selon le chef de la municipalité de Roum Gergès Haddad – qui s’est toujours dépensé pour préserver la localité (la seule dans la région à compter des chiites parmi ses habitants) et ses environs –, les 203 miliciens ou miliciennes de l’ALS ont commencé à se livrer à l’armée dans l’après-midi de jeudi. Les premiers à le faire sont les époux Haddad, Georges et Badra (originaires de Roum), soucieux de mettre un terme à leur angoisse. Après avoir confié leurs enfants à la proche famille, ils sont arrivés au domicile du chef de la municipalité qui a demandé à son fils de les escorter jusqu’au barrage de l’armée. Le couple a été aussitôt conduit auprès des responsables des renseignements au barrage… et à la grande joie de tous, Badra a été relâchée après avoir été entendue pendant près d’une heure. Le couple a donc été escorté au barrage vers 15h30 et à 17h, le téléphone sonne chez Gergès Haddad. «Pouvez-vous ramener Mme Badra Haddad chez elle?» La nouvelle s’est aussitôt répandue comme une traînée de poudre dans une région où la tension règne encore et où tout le monde guette la moindre nouvelle. L’affaire de Badra Haddad (qui s’était engagée comme secrétaire à l’ALS, en 1996, pour arrondir le budget familial) a encouragé ses anciennes camarades ainsi que les miliciens à suivre son exemple. Ils ont commencé à se rendre par petits groupes de quatre ou cinq soit chez Gergès Haddad, soit chez le supérieur du couvent de Machmouché, le père Boulos Khawand ou encore chez d’autres notables discrets, peu soucieux d’exploiter leur cas dans des buts électoraux. (L’un d’eux, un ancien artilleur originaire du Liban-Nord, aurait même demandé au photographe de l’AFP de l’escorter à Kfarfalous). Les notables les ont alors discrètement accompagnés aux barrages de l’armée où ils ont été aussitôt interrogés «très poliment» par les services de renseignements. Il s’agit d’un interrogatoire préliminaire. Mais M. Gergès Haddad s’attend à ce que nombre d’entre eux soient relâchés dans un jour ou deux. Les autres seront emmenés par les forces de sécurité à Beyrouth pour une enquête plus poussée, effectuée par le procureur militaire Nasri Lahoud, le crime de collaboration avec l’ennemi israélien relevant de la compétence de la justice militaire. Selon notre chroniqueur judiciaire, Bahjat Jaber, le juge Nasri Lahoud n’avait toutefois reçu, hier, aucun «repenti». Jaber rapporte aussi que la liste parvenue au greffe du parquet militaire comporterait 83 noms au lieu de 203, parmi lesquels 13 condamnés par contumace et d’autres faisant l’objet de mandats d’arrêt ou d’avis de recherche. Hier soir, ils étaient donc plus de cinquante à s’être livrés aux services de renseignements de l’armée et à attendre la suite des événements aux barrages de l’armée aux entrées de la zone évacuée par l’ALS. Pas de vengeance Leur situation a d’ailleurs été évoquée par M. Gergès Haddad et par la plupart des notables de Jezzine avec le président du conseil Sélim Hoss au cours de sa visite dans la région. «Ils doivent se rendre à la justice, qui est équitable», a déclaré M. Hoss, tout en adoptant un ton rassurant. En privé, il aurait précisé à ses interlocuteurs que l’État n’a aucune intention vengeresse, mais il faut appliquer la loi, d’autant que de nombreux Libanais sont régulièrement jugés pour collaboration avec Israël. Il serait donc injuste pour ceux-là que «les redditionnistes» bénéficient d’un traitement spécial. Des sources officielles ont aussi affirmé que chaque cas sera étudié séparément et que la situation de chaque milicien sera prise en considération ainsi que les circonstances qui l’ont poussé à s’enrôler dans l’ALS. Pour les autorités libanaises, le processus est engagé et le dossier est désormais aux mains de la justice, seule habilitée à le régler, en appliquant la loi de la manière la plus équitable possible pour ceux qui ont été contraints de s’enrôler dans l’ALS ainsi que pour ceux qui, déçus ou dégoûtés, avaient quitté la milice avant son retrait de Jezzine. Les miliciens qui se sont rendus à l’armée ont déjà plus de 30 avocats pour les défendre. Parmi eux, l’ancien ambassadeur du Liban à Washington, M. Simon Karam, Me Edmond Rizk et ses fils… Mais un problème continue à retarder la reddition de la totalité des 203 miliciens: il s’agit des indemnités qu’ils devaient encaisser de l’ALS. Elles devaient être payées mardi et mercedi, mais en raison de l’accélération du retrait, les formalités ont été plus ou moins retardées et certains miliciens (notamment ceux qui avaient quitté l’ALS, il y a plusieurs mois, mais qui n’avaient pas alors obtenu d’indemnités) ont signé des procurations à leurs proches afin qu’ils puissent les percevoir à leur place… si jamais les fonds promis sont débloqués. Enfin, tous ceux qui suivent le dossier des 203 miliciens rappellent que la plupart d’entre eux n’occupaient pas des fonctions importantes au sein de l’ALS. Il s’agirait surtout de personnes ayant déjà quitté la milice, mais faisant l’objet de jugements par contumace ou de simples recrues dans l’administration ou l’intendance. De toute façon, ces détails seront examinés par la justice.
Ils sont désormais plus de 50 à s’être livrés aux barrages de l’armée à Kfarfalous, à Bisri et à Bater. Parmi eux, à la surprise générale, plusieurs femmes qui travaillaient comme secrétaires ou à l’intendance et dans l’administration de l’ALS. L’une d’elles, Badra Haddad, a même été relâchée 90 minutes après s’être rendue au barrage de Bisri. Ce qui a...