Le jardin, une dimension nécessaire Organisation du paysage, urbanisme et poésie des villes

Plusieurs dimensions de la cité et le rôle de la municipalité dans son développement ont été passés en revue hier dans les dernières sessions du colloque “Municipalité et cité” qui se tient à Jbeil. L’organisation, la communication et la constitution du paysage, de l’architecture et de l’environnement ont ainsi été discutées. La symbolique du jardin par rapport à la cité a été longuement débattue, ainsi que les nécessités d’un urbanisme qui assure le bien-être des citadins et préserve l’âme de la ville. L’aménagement du territoire dans la cité et particulièrement au Liban a fait l’objet de la première session. Bernard Lassus, architecte paysagiste, a parlé d’une étude proposée par lui sur l’habitat en banlieue, qui a mis en valeur le jardin populaire en France. Le jardin, selon lui, est apparu non comme un espace superflu mais comme une nécessité. Il acquiert une dimension imaginaire dont l’homme a besoin. Jacques Piétri, économiste et urbaniste, a participé à l’élaboration du schéma de la région métropolitaine de Beyrouth. Après avoir fait remarquer que ce schéma dort aujourd’hui dans quelque tiroir, M. Piétri a expliqué qu’une politique d’aménagement du territoire était nécessaire au Liban pour résoudre les problèmes des villes, mais que celle-ci devait avoir pour finalité le mieux-vivre des habitants et la préservation de l’identité culturelle. Éric Huybrechts, architecte urbaniste et chercheur au Cermoc, a traité de la loi sur la décentralisation actuellement en cours d’étude, et de ses conséquences possibles sur les liens entre les municipalités, les mohafazats et le gouvernement qui détermineront en grande partie l’aménagement futur du territoire. Le rôle de la municipalité dans l’architecture, le paysage et l’environnement de la cité, ainsi que la dimension poétique que peut prendre cette dernière, a fait l’objet de plusieurs conférences. Dans une description très poétique du palais de Beiteddine, Rahif Fayad, architecte urbaniste et professeur à l’Université libanaise, a montré comment l’architecture peut épouser le paysage. Outre la nature, c’est le jardin dans un milieu urbain et la dimension poétique de la ville qui ont été traitées. Pour Michel Baridon, historien et professeur à l’Université de Bourgogne, le jardin est nécessaire aux citadins qui sentent la nature leur échapper et en exigent la création de la part des municipalités. La protection de l’environnement en milieu urbain est un critère essentiel de la qualité de vie dans la ville. Or l’explosion démographique engendre des problèmes environnementaux. Abdallah Zakhia, militant écologique et pour les droits de l’homme, a constaté que la protection de l’environnement dépend de trois acteurs : l’État qui fait les lois, la municipalité qui doit gérer la ville de façon efficace et la société civile qui doit faire participer le citoyen à la vie urbaine. Il a insisté sur l’application des lois qui fait défaut au Liban.