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Actualités - OPINION

Notre parpaing quotidien

Rue du Musée: l’orage gronde, la pluie inonde, les détritus abondent. Dans la nuit noire, deux bidasses veillent. Deux pauvres hères importés hâtivement en ces lieux, dans la foulée de l’installation du nouveau siège du Conseil des ministres. En dehors de leur tour de garde, les deux troufions sont investis d’une fonction hautement stratégique: repérer la sortie des bagnoles garées le long du trottoir pour, aussitôt en catiminette, mettre à leur place un mobilier hétéroclite dégriffé. Cela va généralement de la chicane en fer forgé tordu à la poutre en bois vermoulu, en passant par la tranche de parpaing crépue. Face aux protestations des riverains interdits de stationnement, et qui plus est sont sommés d’apprécier ce bric-à-brac art déco, les deux cerveaux à semelles cloutées affichent une discipline de caserne. À défaut d’instruction, ils ont des instructions et, de ce fait, n’ont strictement rien à braire des états d’âme de la piétaille. Faut les comprendre. Tout petits, depuis leur premier garde-à-vous, on leur a appris que le confort des gouvernants passe par la vidange des lieux d’où ils gouvernent. Tu imagines ? Trop de bagnoles garées autour du centre du pouvoir, ça fait désordre ! Alors que le parpaing, les chicanes, les petits caissons et les gros bidons, c’est tellement plus kitsch. Peut-être qu’un jour, si la sécurité le commande, les deux locdus de garde iront dynamiter les immeubles du voisinage. La rue pourra ensuite être rasée puis bétonnée afin que rien, pas même la rosée qui pissoie, ne vienne troubler la quiétude de 16 ministres qui se déploient.
Rue du Musée: l’orage gronde, la pluie inonde, les détritus abondent. Dans la nuit noire, deux bidasses veillent. Deux pauvres hères importés hâtivement en ces lieux, dans la foulée de l’installation du nouveau siège du Conseil des ministres. En dehors de leur tour de garde, les deux troufions sont investis d’une fonction hautement stratégique: repérer la sortie des...