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Actualités - INTERVIEWS

Entretien avec le nouveau supérieur général de l'Ordre libanais maronite Le P. Athanase Jalkh : symbole de l'unité du pays, le chef de l'Etat représente aussi les chrétiens

Élu à la suite d’un scrutin dans lequel le rôle directif joué par Rome a été contesté, le P. Athanase Jalkh préside aux destinées de l’Ordre libanais maronite (OLM) depuis quelques semaines. Connu pour être un homme de prière, le P. Jalkh répond tranquillement aux questions que nous lui posons à ce sujet des circonstances de son élection, auxquelles certains milieux ont voulu donner une dimension «politique» et y voir une «ingérence de Rome». Ce qui n’empêche pas le nouveau supérieur de l’OLM d’avoir sa propre idée du rôle joué par le chef de l’État et de sa double fonction de représentant des chrétiens et de symbole de l’unité du peuple. «Les circonstances extérieures ont compliqué les choses et nous ont placé dans une situation difficile», dit-il. «Le tapage qui a été fait à ce sujet a faussé les attentes et on a investi dans ce scrutin plus que de raison. Nous ne percevons pas l’intervention de l’Église romaine comme une ingérence. Tout comme sa visite au Liban s’adressait à tous les Libanais, nous avons confiance que le pape sait quand intervenir et le fait toujours pour le bien général». Le nouveau supérieur général de l’OLM a été élu en deux temps, rappelle-t-on. Dans un premier temps, les moines ont choisi un collège électoral, ainsi que dix personnalités ecclésiastiques parmi lesquelles, après approbation de Rome, ils ont élu un supérieur et quatre assistants. Au préalable, Rome avait clairement manifesté son opposition à l’élection d’une figure monastique trop impliquée dans la guerre du Liban. «N’oublions pas que ce sont les ordres monastiques eux-mêmes qui, au début du XVIIIe siècle, se sont adressé à Rome, pour se dégager des ingérences locales et bénéficier d’une certaine immunité à leur égard, enchaîne le nouveau supérieur de l’OLM. Depuis cette époque, les ordres monastiques maronites sont en rapport direct avec Rome. Laissons l’histoire en juger». «De toute façon , la prochaine élection se déroulera sur la base du suffrage général», conclut sur ce point le P. Athanase Jalkh. «C’est la volonté de la grande majorité des moines». La double fonction du président Sur les questions nationales, l’Ordre libanais maronite «n’aura d’autre position que celle de Bkerké, l’histoire nous ayant appris que les divergences à ce sujet sont extrêmement nuisibles». Tout en l’affirmant, le P. Jalkh n’en développe pas moins certaines idées personnelles sur la nature de la société, le système politique et la double fonction du président de la République qui, selon la coutume, doit appartenir à la communauté maronite. «Tout comme le chef du gouvernement sunnite prend soin des intérêts de sa communauté, ou que le chef du Parlement chiite accorde son attention à ceux des chiites, le président de la République devrait accorder une partie de son attention aux problèmes des chrétiens», explique le nouveau supérieur de l’OLM. Et d’ajouter : «L’un de nos malheurs, nous Libanais, c’est que nous ne disons pas ouvertement ce que nous pensons tout bas. Cela nous empêche d’édifier une patrie sur des bases saines. Que ça nous plaise ou non, nous sommes différents les uns des autres, chrétiens, musulmans et druzes. Nous rejetons tous toute hégémonie. Pour pouvoir vivre ensemble en paix, nous devons nous mettre d’accord sur certaines questions, comme sur le principe de la parité (au sein des institutions publiques). Quand nous demandons quelque chose au président de la République, on ne devrait pas nous répondre que le chef de l’État est exclusivement le symbole de l’unité nationale et qu’il est donc à tous les Libanais, car il a également pour fonction de représenter les chrétiens au sein du pouvoir». «Un programme ? Les programmes viennent en second», explique le P. Athanase Jalkh. «D’abord, il nous faut partir d’un renouveau spirituel intérieur, car notre approche de tout secteur, pédagogique ou hospitalier, trouve racine dans notre vie spirituelle. Le reste vient de surcroît».
Élu à la suite d’un scrutin dans lequel le rôle directif joué par Rome a été contesté, le P. Athanase Jalkh préside aux destinées de l’Ordre libanais maronite (OLM) depuis quelques semaines. Connu pour être un homme de prière, le P. Jalkh répond tranquillement aux questions que nous lui posons à ce sujet des circonstances de son élection, auxquelles certains milieux ont voulu...