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Actualités - CHRONOLOGIE

Pour les juifs, les temps messianiques ne sont plus pour demain

Huit ans après avoir annoncé avec fracas l’imminence de la venue du Messie, le puissant mouvement juif ultra-orthodoxe des Loubavitch a changé son fusil d’épaule et lancé une campagne mondiale glorifiant «l’unité du peuple juif». «Ce principe est à la base de l’enseignement du rabbin Israël Baal Chem Tov, le fondateur révolutionnaire du hassidisme, dont nous entendons célébrer spectaculairement la naissance, il y a trois siècles», explique M. Jay Litvin, porte-parole des Loubavitch en Israël. Porté par des courants mystiques, le hassiddisme, fondé sur la joie et l’espérance, est apparu en Europe orientale en réaction aux pogromes et à la misère. Il a suscité un genre de vie, qui s’est regroupé et répandu autour de dynasties de rabbins. A Kfar Habad, 4.500 habitants, près de Tel-Aviv, le mouvement Habad (initiales de termes cabalistiques signifiant sagesse, connaissance et compréhension) continue d’exalter avec ferveur son dernier chef charismatique. «Le monde survit grâce aux Justes qui apparaissent à chaque génération. La nôtre est marquée au sceau du rabbin Menathem Mendel Schneerson de Loubavitch», explique l’hebdomadaire de la localité. Au milieu des champs, une vaste demeure de briques rouges se dresse, incongrue. C’est la réplique exacte de celle où le rabbin s’est éteint, au 770 Eastern Parkway de Brooklyn à New York, le 12 juin 1994. Disparu à 92 ans, le chef du Habad n’a jamais honoré les lieux de sa présence ni même mis les pieds en Israël. Avec dévotion, ses adeptes chantent pourtant toujours ses louanges, ses dons de divination et son savoir immense. Faux messie Diplômé de l’université de Berlin et de la Sorbonne, le rabbin collectionnait les doctorats et avait rédigé 200 ouvrages. Certains ont cru voir en lui le Messie. Il en avait, selon eux, toutes les potentialités. Le rabbin a créé 1.700 centres du Habad dans le monde, qui continuent de s’auto-gérer car aucun héritier n’a été désigné pour chapeauter l’empire regroupant plus de 120.000 adeptes. Sauf à se dévoyer dans une sorte de pathétique paganisme voué au culte du défunt rabbin, le Habad devait se ressourcer spirituellement car l’histoire juive fourmille de faux Messies — naifs illuminés, orgueilleux charlatans ou imposteurs cyniques. «Nous n’avons pas renoncé au message messianique mais le Messie ne viendra que si le peuple juif accomplit les commandements de la Torah. Pour cela, il faut revenir aux principes énoncés par le Baal Chem Tov», indique M. Litvin. A Kfar Habad, près d’un millier d’écoliers venus de tous les horizons se pressent tous les jours pour découvrir la reconstitution du «Shtetl» aujourd’hui disparu, localité typique et pauvre des juifs d’Europe orientale, où a surgi le fondateur du hassidisme. On y voit les personnages classiques de la littérature yiddish chers à Marc Chagall — ferblantier, cordonnier, laitier, tailleur, etc — s’agiter sur fond de musique rythmée dans un décor de carton-pâte. «Nous voulons montrer dans quelles conditions le Baal Chem Tov est apparu, car son message est toujours d’actualité: tous les juifs appartiennent à un peuple, qu’ils soient riches ou pauvres, ignares ou cultivés, religieux, laïcs, ou même agnostiques», indique Mme Yéhudit Feigin qui est à l’origine de l’initiative. Selon elle, le mouvement Habad n’est affilié à aucun parti. Il milite cependant activement contre les accords d’Oslo avec les Palestiniens et a massivement soutenu le premier ministre Benjamin Netanyahu lors des élections de 1996. «Nous ne sacralisons pas Eretz Israël (la Terre d’Israël) mais nous refusons d’en abandonner des parcelles car il y a va de la sécurité des juifs», reconnaît M. Litvin. (AFP)
Huit ans après avoir annoncé avec fracas l’imminence de la venue du Messie, le puissant mouvement juif ultra-orthodoxe des Loubavitch a changé son fusil d’épaule et lancé une campagne mondiale glorifiant «l’unité du peuple juif». «Ce principe est à la base de l’enseignement du rabbin Israël Baal Chem Tov, le fondateur révolutionnaire du hassidisme, dont nous...