Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

La guerre des factions s'amplifie en Iran

Après la carotte, représentée par l’investiture d’un nouveau ministre de l’Intérieur proche du président de la République, le bâton qu’auront constitué au cours des dernières heures en Iran trois événements: le verdict sévère à l’encontre du maire de Téhéran, la confirmation de la fermeture du journal pro-Khatami «Jaméh», enfin le rappel à l’ordre d’un groupe de hauts dignitaires religieux, qui ont pressé le chef de l’Etat de mieux contrôler sa politique d’ouverture. Ces trois éléments ont fait l’effet d’une véritable douche froide pour le courant réformateur et s’inscrivent dans le cadre de la lutte âpre — et à l’issue encore incertaine — entre les conservateurs, puissants au sein des institutions du régime, et les réformateurs dopés par l’élection l’an dernier de M. Khatami. La guerre des factions s’est traduite par la confirmation en appel de la fermeture du quotidien modéré «Jaméh» (Société), dont la licence avait été retirée le 10 juin dernier, le journal n’en continuant pas moins à paraître en attendant le jugement en appel. Le directeur de la publication Hamid-Reza Jalaï-Pour a indiqué qu’il avait l’intention de poursuivre la publication du journal à partir de dimanche avec un autre nom. «Jaméh» avait commencé de paraître en février et les derniers chiffres annoncés faisaient état d’une distribution de 300.000 exemplaires par jour. Le journal était devenu au fil des mois un véritable symbole de l’ouverture en matière de presse prônée par le président Khatami en publiant de nombreux articles mettant en question le système politique et social iranien. Il lui était reproché d’avoir déformé des propos attribués au chef du corps militaire des gardiens de la révolution, le général Yayia Rahim Savafi, et d’avoir publié une photo sur laquelle apparaissait un portrait de l’ancien président Abolhassan Bani-Sadr, aujourd’hui en exil. «Jaméh» a fait l’objet depuis sa création d’innombrables attaques de la part des milieux conservateurs. Selon la justice iranienne, le journal s’est rendu coupable de «publier des mensonges et de perturber l’opinion publique». La bataille politique a également gagné la ville sainte de Qom, au sud de Téhéran, avec une réunion, mercredi soir, au cours de laquelle le président Khatami a plaidé pour l’ouverture sociale et culturelle devant un parterre de dignitaires religieux pour le moins réservés. Le président Khatami, lui-même membre du clergé chiite, s’est dit déterminé à «répondre aux attentes légitimes de la jeunesse» iranienne. «Si notre peuple, en particulier les jeunes, ne pose pas de questions, cela ne veut pas dire qu’il n’en a pas. J’estime par conséquent qu’il faut mettre l’accent sur les libertés légitimes», a affirmé M. Khatami. «Il est important de croire en la jeunesse et de lui parler un langage qu’elle comprenne», a-t-il ajouté. Il a appelé les écoles de théologie à adopter «une nouvelle manière de penser afin de mieux répondre aux ambitions de la nouvelle génération». Selon lui, «l’islam, le clergé et le guide doivent être au-dessus des intérêts factionnels». Ses interlocuteurs ont, à l’inverse, exprimé leurs inquiétudes concernant la «situation dans les universités» et appelé à une «plus grande supervision de la presse et de la législation sur les libertés dans le pays». Ils ont également demandé au président de «suivre» le guide de la République islamique et numéro un du régime, Ali Khamenei, dépositaire de la légitimité théocratique et dont les pouvoirs dépassent ceux du gouvernement et des autres institutions. L’élection du nouveau ministre de l’Intérieur réformateur à une majorité inattendue de 177 voix contre 67 au Parlement faisait, quant à elle, l’objet d’analyses divergentes dans la presse iranienne, reflétant l’extrême complexité et l’opacité du jeu des factions. Selon le journal «Iran News», un nombre important de députés «indépendants» auraient décidé de se détacher des conservateurs pour ce vote, faisant basculer la majorité parlementaire en faveur du ministre réformateur. De nombreux autres journaux faisaient, par contre, état d’un compromis de dernière heure entre le gouvernement et la faction conservatrice afin «d’apaiser les tensions» au sein du système et adopter l’investiture.
Après la carotte, représentée par l’investiture d’un nouveau ministre de l’Intérieur proche du président de la République, le bâton qu’auront constitué au cours des dernières heures en Iran trois événements: le verdict sévère à l’encontre du maire de Téhéran, la confirmation de la fermeture du journal pro-Khatami «Jaméh», enfin le rappel à l’ordre d’un...