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Actualités - ANALYSE

Criminalité : une recrudescence accomodée à la sauce politicienne

Bien entendu, chacun voit les choses sous l’angle auquel il est familiarisé: les hommes d’affaires pensent que la criminalité montante est essentiellement une menace dirigée contre leur prospérité… Et les politiciens, brodant des variations sur la partition Murr, rapportent cette alarmante recrudescence aux tiraillements enregistrés sur le triple plan localo-régionalo-international au sujet de l’échéance présidentielle! «Une extrapolation amusante, ricane un ancien ministre, car les brillants camarades qui font ces extrapolations sont mieux placés que personne pour savoir que la question est tranchée d’avance. La décision appartient en effet, comme de juste, aux seuls décideurs et aucune sorte de gesticulation ou de provocation ne peut les influencer». Et d’expliquer que, «si certains supposent qu’on a manigancé la vague d’agressions à main armée pour favoriser la candidature potentielle d’un homme à poigne, ils se trompent. D’ailleurs, s’il en était ainsi, le contre-effet serait quasiment garanti: les décideurs n’aiment pas les «messages» qui visent à leur imposer des choix et ils auraient plutôt tendance à éliminer une candidature ainsi servie…» Abondant en privé dans le même sens, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, trouve absurde qu’on lie les secousses sécuritaires à la présidentielle. Pour lui, «ceux qui font une telle association ressemblent à ces danseurs qui évoluent dans le noir en s’imaginant que tout le monde les admire; ou encore à quelqu’un qui, toujours dans le noir, dépose un objet quelque part et se met à le chercher ailleurs…» Cette image que répète le président du Conseil, «dans-le-noir», veut sans doute dire qu’à l’heure actuelle personne n’a encore percé les intentions des décideurs concernant la présidentielle. l Ces sarcasmes étonnent un peu un député pour qui «les vues des grands électeurs ne sont pas si occultes que cela, à preuve que M. Hariri lui-même a pu nous prédire avec certitude, il y a quelques mois déjà, que le mandat de M. Hraoui ne sera pas cette fois reconduit. Un fait prévisionnel que le chef du gouvernement, dont les indications ont été corroborées récemment par un autre héraut des décideurs, n’a certainement pas inventé». Puis, jouant les Hercule Poirot, ce parlementaire se demande si «la coïncidence de la dégradation avec l’ouverture de la campagne des présidentielles est purement fortuite… A-t-on voulu torpiller la saison touristique, tout en tentant d’imposer telle candidature…» Allant encore plus loin dans l’exploration d’un labyrinthe que nul en réalité ne s’aventure à nommer de son vrai nom, cette personnalité se demande encore «si, avec la flambée de criminalité, on n’a pas voulu faire comprendre à certaines parties, qui auraient des velléités d’intervention au niveau des présidentielles pour proposer un candidat non admis, qu’elles se risquent sur un terrain miné et que ce qui se passe actuellement n’est qu’un avant-goût de ce qu’elles auraient à subir si elles insistaient trop…» Comme on voit, ces spéculations sont quelque peu amphigouriques, manquent de clarté mais visent par leur tonalité à rappeler que le Liban reste chasse gardée, malgré les tentatives de déstabilisation. Le même député poursuit d’ailleurs ses interrogations de la sorte: «N’essaie-t-on pas, comme l’estime M. Murr, de détourner par des crimes crapuleux provoquant psychose l’attention des réseaux de subversion et d’espionnage au profit d’Israël… Ne cherche-t-on pas à porter atteinte au rôle de la Syrie concernant la stabilité… Comment peut-on croire que la dégradation aurait au contraire pour but de montrer que les Libanais ne pourront jamais assumer l’ordre tout seuls, puisqu’elle survient à l’ombre même de la présence militaire syrienne…» Un autre député suggère que «l’on procède à une élection anticipée, comme l’a naguère proposé M. Hraoui lui-même, pour court-circuiter la dégradation sécuritaire si elle est en relation avec la présidentielle». Comme on voit, une infinité de supputations politico-policières entourent le dossier. Qui n’en est pas pour autant traité…
Bien entendu, chacun voit les choses sous l’angle auquel il est familiarisé: les hommes d’affaires pensent que la criminalité montante est essentiellement une menace dirigée contre leur prospérité… Et les politiciens, brodant des variations sur la partition Murr, rapportent cette alarmante recrudescence aux tiraillements enregistrés sur le triple plan...