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Actualités - CHRONOLOGIE

Une question de nuances ...

La politique, c’est l’art de changer d’avis. Côté célérité, la palme peut être attribuée à l’unanimité au numéro deux de la république — et des plaques minéralogiques —, M. Nabih Berry. La semaine dernière, suite au renouvellement par la Chambre du contrat du gouverneur de la Banque centrale, on lui demandait ce qu’il pensait d’une éventuelle nouvelle prorogation du mandat de M. Elias. Et il répondait par un retentissant «Pourquoi pas», qui donnait des ailes aux reconductionnistes. Qui n’ont dont pas tardé à déchanter, le même M. Berry proclamant dimanche, tout à fait solennellement cette fois, que la prorogation est hors de propos, d’une part parce que le principal intéressé ne veut pas en entendre parler et d’autre part parce que la Chambre n’est pas en mesure, en session extraordinaire, d’amender l’article 49 de la Constitution… Le président de la Chambre a donc rectifié le tir, pour couper court à de fébriles spéculations.Un bien drôle de cadeau à faire à M. Hraoui à la veille de la St-Elie, fête de son saint patron.De bonnes âmes se hâtent d’en conclure que les relations entre les deux présidents traversent derechef une période de crise. «Il est en effet probable, estime avec une pointe de cynisme un ministre, que M. Hraoui aurait passé outre à ses préventions et accepté de se laisser faire douce violence, s’il s’était trouvé quelqu’un pour proposer son maintien, comme M. Hariri l’avait fait en 1995. Le président du Conseil n’étant pas cette fois volontaire pour une telle mission, il restait l’espoir que M. Berry s’en chargerait. Il vient de préciser qu’il n’en ferait rien. Ce n’est sans doute pas pour plaire aux hraouistes. D’autant que le prétexte de procédure invoqué par M. Berry est techniquement imprécis: la Chambre se retrouvera en effet en session ordinaire à la rentrée pendant trois jours, avant de se transformer en collège électoral. Autrement dit, si elle le voulait, elle aurait devant elle 78 heures, ce qui est largement suffisant, pour amender l’article 49 C., avant de se voir interdire par la loi toute autre activité que l’élection d’un président de la République». Embarras Et d’observer, toujours avec le même réalisme pointu, que «les hraouistes doivent être dans leurs petits souliers.Parce que tout prête à croire qu’après son réconfortant «pourquoi pas» initial, M. Berry a reçu des signaux d’en haut, le prévenant qu’il faisait fausse route. On peut en déduire que les décideurs sont résolument contre la prorogation. Dès lors, sauf à prendre le risque d’un crime de lèse-majesté contre la volonté du tuteur, ce n’est pas sur ce point précis que les hraouistes peuvent s’en prendre à Msayleh. Il faut attendre pour voir sur quel autre thème leur agacement va porter, ce qu’ils vont bien pouvoir reprocher au leader du mouvement Amal…». Si un nouveau bras de fer devait s’engager effectivement entre les deux camps comme le prévoit ce responsable, cela prouverait tout simplement que la troïka,mère de toutes les querelles, aura été fidèle à elle-même jusqu’au bout… A moins de se ressaisir dans un dernier réflexe, ce qui est fort possible car en cette fin de parcours, et surtout en ce début de compétition, aucun des trois protagonistes n’a intérêt à faire de vagues, s’il veut garder son influence intacte. Car maintenant que le coup d’envoi est donné, plus rien ne compte politiquement que la course à la présidentielle et chacun des présidents, plutôt que de chercher noise à autrui, voudra maximaliser les chances de son ( ou de ses) candidats(s). Cela sur base des critères qu’évoquent des prosyriens retour de Damas; le futur président devra être populaire chez les chrétiens qu’il faudra tous convaincre de revenir dans le soyeux giron du système, proche de la Syrie et admis par les musulmans. Un diplomate occidental rajoute, mais tout à fait de chez lui, qu’il faudra que cela soit aussi un homme d’expérience sur le plan économique… On ne sait pas ce qu’en pensent vraiment «les grands électeurs».Ou M. Rafic Hariri. Et à dire vrai, il n’est pas impossible qu’à peine démarrée, la course ralentisse ou s’arrête même brusquement. On indique en effet de source proche de Damas qu’il est encore trop tôt pour lancer vraiment la bataille et pour prendre des décisions,même en ce qui concerne la prorogation. Mais une autre source de l’Ouest estime que ces réserves, cette retenue, ne sont plus de mise: à l’en croire, «M. Berry n’aurait pas parlé, n’aurait pas commis le même impair que naguère M. Hariri, si on ne le lui avait pas demandé expressément»… Il n’y a en tout cas pas à se gratter la tête: tout se décantera très vite. Si cette semaine les paris sont lancés dans les salons politiques, c’est qu’effectivement M. Berry était chargé de mission. Et sinon, il aura voulu simplement préciser sa pensée sur un point au sujet duquel on l’avait interrogé…
La politique, c’est l’art de changer d’avis. Côté célérité, la palme peut être attribuée à l’unanimité au numéro deux de la république — et des plaques minéralogiques —, M. Nabih Berry. La semaine dernière, suite au renouvellement par la Chambre du contrat du gouverneur de la Banque centrale, on lui demandait ce qu’il pensait d’une éventuelle nouvelle...